Maison d'enfance
Sur la pointe des pieds, je rentre dans ma maison d'enfance.
Tout est à sa place : les chaussures rangées par taille, le meuble
en bois avec son petit napperon brodé, les photos de communion
sur les étagères... Je pénètre dans mon ancienne chambre et
découvre, assis à mon pupitre, l'enfant que j'étais à huit ans.
Doucement je m'approche, regarde par-dessus son épaule :
il griffonne des mots blancs. A gauche sur son cahier, il a dessiné
son avenir : un homme-oiseau s'échappant d'une cage aux
barreaux invisibles.
Lydia Padellec, p.283
Tout est histoire de passages
Tout est histoire de passages d’un réceptacle à un autre, et cela sans fin.
Même la mort glisse de pourriture en particules…
et la course continue dans le vent.
// Jean-Louis Giovannoni
Tout visage
Tout visage
est un arrêt,
un bord.
// Jean-Louis Giovannoni
Marcher
Marcher demande
une certaine inconscience.
// Jean-Louis Giovannoni
Qui ?
qui
de la mer
du sable
ou de la lumière
trace des lignes sur la plage ?
qui de toi
ou de moi les lit ?
ou alors nous
qui les lisons
les écrivons
avec la mer
le sable
la lumière
// Mélanie Leblanc
L’air l’eau la pierre le feu
l’air
l’eau
la pierre
le feu
je me rassemble
//Mélanie Leblanc
La plante s’est fanée
La plante s’est fanée pour rien et pour personne,
Mais quelques heures avant il y avait quelqu’un.
// Jean-Luc Steinmetz
Le courage juste à temps
Touche pour voir
d’un seul coup
la poitrine, les joues
ton humanité
avec ou sans visa sans visage
touche voir
si le courage troue les monstres
si ça fonce drette dans l’âme d’autrui
si ça accélère tou’le temps partout
la fièvre les pensées
si l’infini se déverse
dans le sang
juste à temps
// Nicole Brossard (27/11/1943 – )
Peut-être que le poème n'est pas une réponse
et qu'il n'est pas non plus une question
ou bien il est une question
à l'absence de réponse
et une réponse à l'absence de question
peut-être que le pourquoi
le poème le pose comme une certitude
et le parce que, le poème le pose
comme un désarroi
(Laurent Albarracin), (p. 32)
Au clair de lune
Rien, rien que des livres
des papiers administratifs et des histoires d'amour
qui finissent dans un silence sans issue
voix suave, yeux doux, je me lamente
avec le jour qui dépérit et s'apprête à devenir passé
à quoi bon chercher à comprendre qui m'a mené jusqu'ici,
le soir arrive, inéluctable et je suis déjà épris du crépuscule
sous peu la nuit sera entièrement née,
au clair de lune de juillet
nous luirons, moi, la terrasse et le chagrin
(Saleh Diab), (p. 140)