Mon amour je t'écris ces mots depuis un train à grande vitesse, le 24 octobre 2019, on vient de passer Arras, écouter-moi (Laurence Vielle), (p355)
Cheval aveugle
L'éternité existe
entre deux mots vertigineux
que le poète ne peut écrire
qui tout à tour l'assaillent
le ravagent le fuient
et qui sans fin le portent
comme un cheval aveugle
dans l'embrasement des étoiles
Guy Goffette, p.201
Est-ce que c'est une montagne
plutôt un bord de falaise, tu as raison
la dernière fois que j'ai couru aussi vite
c'était pour disparaître
cheveux défaits, plantée
au beau milieu d'un champ de pierre,
l'aube est revenue
mes arrière-grand-mères ont enlevé elles aussi
leurs épingles à chignon
et cela a fait un bruit très doux,
un murmure de coccinelle
Albane Gellé, p.194
Vieux pays
J'étais près de lui.
Près du grand lit.
Il perdait les eaux de ses montagnes.
Géographiquement, il s'affaiblissait.
A un moment donné,
il a commencé à entonner l'Ave Maria
en allemand.
Histoire ancienne.
Il avait été fait prisonnier pendant la guerre.
Je n'avais pas la moindre envie de prier.
Peu à peu,
il perdit de ses reliefs.
Ce n'était pas triste.
Presque beau.
Ce pays était très vieux.
Et fort malade.
Il devait mourir.
Jean-Marc Flahaut, p.180
Un corps
Un corps est avant tout
un contenant.
// Jean-Louis Giovannoni
Le seul poème
1
Silence tant de silence
Pour que germe cette parole autre
Sans la foi donnée aux mots
Les mots il faut les taire les torturer
Et risquer le taire jusqu’à terre
Il faut cette parole qui ne croit plus en la
parole Pour parler enfin
Comme il faut peut-être ne plus croire en l’amour pour aimer
Pour croire à cette vie qui ne croyait plus
Car c’est là au bout du doute
Que le mot jaillit dans une autre ferveur
2
Et tu te couches dans les draps blancs du
poème Ces draps qui t’appellent de leurs bras
Et te somment de dire
Le dedans qui n’a pas de mots
Le seul poème
//Guy Allix (04/06/1953 – )
La mort la vie
1
La mort toujours à l’affut
Et cela qui bat
Fragile
Vertigineux
Tout au-dessus du vide
Le cri remonte avec la terre
Te convoque à l’urgence
Tu replies tes mains
Au-dedans de l’amour
2
Cela vient de si loin
Cela fuse au-dedans
Du non-sens
Tu pars en quête
De ce que tu ne sauras pas
3
Seul ce sens-là
Au dépourvu
C’est si peu
Si terrible pourtant
Le nom de vivre
//Guy Allix (04/06/1953 – )