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En quoi est-ce que ces gens-là te seront reconnaissants ? Tu ne parles pas leur langue, tu ne partages pas leur culture. Ils n’ont même pas la même religion que nous ! Pourquoi veux-tu aller te perdre dans un conflit qui ne nous concerne pas ?
Il faut une certaine témérité pour se reconnaitre à chaque étape de sa vie, mettre un nom sur ses victoires et admettre ses échecs. La vie vous façonne à grands coups de glaive.
Impossible n'est pas français ni russe.
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Si les hommes autour d’elle menaient des vies de devoir dévouées au Tsar et au maintien de la Russie éternelle, les épouses se devaient d’être l’armature d’une lignée, transmettant non seulement la vie, mais aussi l’âme d’une famille.
Petrograd, fevrier 1917.
La chance n'aime pas les tièdes. Elle se provoque, elle se conquiert en un mot elle se mérite, telle la croix de saint George sur le champs de bataille, Xénia Féodorovna Ossoline ne s'imaginait pas autrement qu'en conquérante.
Il aimait croire en cette ardeur du premier regard, lorsqu'il est dépouillé de tout artifice et de tout calcul, empreint de curiosité et parfois d'inquiétude, cet instant où le regard du timide ressemble à celui de l'aventurier et s'approprie la personne ou le paysage qui s'offre à lui.
L'amour d'un homme est quelque chose de magnifique et d'effroyable à la fois, parce qu'il porte en lui toute l'âpreté de l'espérance, les blessures de l'enfance, le fardeau d'un passé, les trahisons et les rêves inassouvis, et tous les mirages, les aubes des lendemains, les certitudes. Ce n'est plus le corps qui se dénude, mais l'âme qui se dépouille. C'est un acte de foi que de donner un amour, un geste de bravoure que de l'accepter, car il faut renoncer à une part de soi et consentir à baisser la garde afin de laisser venir à nous ce qui nous est étranger, même si l'on croit s'y reconnaître.
La vie vous abandonne de temps à autre au carrefour de tous les possibles. Xénia était une fataliste. Elle pensait que la Providence vous laissait libre de vos choix, tout en vous conduisant inéluctablement vers votre destinée.
Elle ne pleurait pas. Ce serait pour plus tard, dans quelques mois, quelques années. Peut-être jamais.
P457" Chaque histoire d'amour porte en elle sa durée naturelle. Quelques jours, quelques mois, parfois une vie entière."