J'aime aussi avancer seule (...) c'est un temps que je m'accorde pour rêver, pour me projeter, m'émerveiller dans ce cirque de glace, dans cette délicieuse fraîcheur des immensités neigeuses.
"J'aime ces sections où je suis très concentrée, dans un calme parfait. Focalisée sur la précision de mes pas, la saisie de mes mains, je peux me projeter sur les prises suivantes. Le temps s'efface. L'air se fait plus pauvre. Mon cœur tape plus vite, je halète dans les ressauts. Tout ici est d'une ampleur renversante." (P26)
Rappelle-toi bien ceci, mon enfant : si jamais tu as du chagrin, va dans la forêt et marche en ouvrant grand les yeux pour regarder autour de toi. Car dans chaque arbre, dans chaque buisson, dans chaque animal, dans chaque fleur, tu trouveras la présence et la puissance divines. Ainsi tu seras consolée et tu oublieras tes tourments
Je fuis de plus en plus la société qui voudrait décider pour moi. Je sais que les réponses sont à l'intérieur de moi. Je pars là-haut pour vivre authentiquement. Quand on sait que les risques existent, quand on les affronte, on vit intensément et on redescend avec un amour encore plus grand de la vie. En expédition, ma vie est exacerbée, incandescente, tellement plus intense que n'importe quel moment en bas !
… je sais que le sommet, tu ne l'as atteint réellement qu'une fois en bas.
Serrer du bout des doigts des réglettes rocheuses avec les doigts.
"De petites particules scintillantes tapissent le ciel et esquissent un ballet lumineux. Le vent souffle et balaye des nuages de neige au loin. Je le vois, mais ne l'entends pas, emmitou- flée et isolée dans mes bonnets, cagoules et capuches multiples. L'espace d'un instant, je m'immerge dans cette beauté."(p23)
La saveur du sommet, tu la savoures de retour au camp de base, le risque écarté et l'adrénaline retombée. C'est toujours ainsi.
Pour lui aller à la conquête d'un sommet, c'est aller à la conquête de lui-même : dans le non attachement, le dépouillement de tout confort, vers un moment présent plus intense, séparé du passe inutile, n'envisageant pas le futur plus loin que le prochain pas. (p81-82)
Le nanga était à la fois son exutoire, sa liberté mais aussi sa prison. (p76)