Mon infinie gratitude à Tomek Mackiewicz, et tout mon respect pour sa fascination mystique du Nanga Parbat (l’appel de Fairy !), difficile à comprendre pour les non-initiés, mais qui a inspiré chaque nouvelle tentative sur ce sommet en hiver.
Je ne ressens plus d'émotions particulières, plus de colère, plus d'incompréhension. J'ai un but et j'avance.
J'ai dépassé l'altitude symbolique des 8 000, parmi les plus hauts sommets de la Terre, le rêve de tout alpiniste…
Depuis, mon cœur reste aimanté par ces très hauts sommets où j'ai vécu des moments magiques, accédé à une joie et à un état de contemplation difficiles à décrire et à partager.
23h06. Ludo : "Tiens bon la nuit est longue mais finalement très courte par rapport à la vie qui t'attend."
Rarissimes sont les alpinistes qui tentent l'ascension d'un 8000 mètres, qui plus est en hiver, en style alpin, c'est-à-dire le plus dépouillé qui soit : sans oxygène, sans cordes fixes, sans assistance, sans porteurs. Sans aucun filet.
Aujourd'hui, ce qui me fait le plus mal lorsque je repense à cet instant, c'est que Tomek n'a pu voir ce sommet qu'il désirait tant. Comme si ce Graal lui était défendu...
Je viens ici pour prendre la pleine mesure de la vie, pour évaluer la distance, l'espace avec mes pas, ressentir avec mes seules ressources, mon énergie.
Cette journée difficile est toujours plus facile qu'une journée de travail en bas !
Effort, élévation, excitation, stress, questions, puis plénitude, le cocktail me comblait chaque fois un peu plus.
Je suis addict à la montagne.