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Critique de Bunee



Site des éditions Phebus
Site de l'auteur et micro revue de presse et Article très complet du LA Weekly (en anglais)

Le titre me faisait un peu peur (d'ailleurs je pense que je préfère le titre original, plus révélateur), de même que les divergences des multiples avis de blogueurs francophones (on a ainsi reproché au livre une certaine lourdeur, un style touffu et technique, ainsi que la difficulté à entrer dans l'histoire) mais j'ai néanmoins été ravie de lire cet ouvrage arrivé dans ma boite la semaine dernière.

Les thèmes sont variés et, certains, assez inhabituels: la naissance d'Hollywood avec le cinéma muet qui compensait un handicap technique (pas de son) par une démarche artistique plus aboutie (compensation sur le travail de la lumière, l'utilisation du hors champs, le jeu des acteurs ...), interaction entre le film et les spectateurs, la carrière fulgurante d'un acteur japonais dans des temps difficiles pour les immigrés en Californie (sentiment anti japonais, ségrégation, etc ... la bibliographie indiquée par l'auteur à la fin de son ouvrage est d'ailleurs assez fournie sur ce thème), la nostalgie de la célébrité lorsqu'on est tombé dans l'oubli, la vieillesse solitaire bourrée de remords et d'actes manqués ( en un bref instant j'ai pensé au héros de "Un homme" de P. Roth), l'engagement politique de l'artiste.

Californie, années soixante. Jun est un homme déroulant sa vieillesse solitaire de façon confortable, anonyme et tranquille. Rien, sous cette façade si lisse, ne laisserait deviner que cet homme était une immense vedette du cinéma muet, dont la carrière s'est brutalement arrêtée en 1922.

Et ce, jusqu'au jour ou un jeune homme le contacte afin d'écrire un papier sur lui, à l'occasion de l'inauguration d'un temple du cinéma muet. Il décline au départ cette demande d'interview mais, par orgueil, finit par l'accepter. Mais se faisant, il met le doigt dans un engrenage qui le contraindra à explorer son passé, contacter les quelques anciens collègues toujours vivants, et revivre le drame qui l'a abattu en plein vol, en 1922, et dont il s'est toujours senti en partie responsable. En effet, de crainte que son histoire ne soit révélée, il contacte les protagonistes de l'époque afin de leur demander de rester discrets dans l'hypothèse où quelqu'un viendrait les interroger sur un épisode trouble de l'époque: le meurtre irrésolu d'un réalisateur à succès, meurtre auquel il est indirectement lié.

Je suis vite entrée dans l'intrigue, sans que le style touffu, très richement documenté et illustré ne soit un obstacle. Certes, on ne connaît pas forcément toutes les (nombreuses) références au préalable, mais j'ai eu le sentiment grisant qu'un monde inconnu s'ouvrait à moi au travers des souvenirs de notre personnage, et j'ai beaucoup apprécié cela.

En outre, le style narratif est très vivant, la traduction fluide, les personnages sont étoffés et touchants, et les allers et retours Présent (l'interview, la proposition de film, les déjeuners avec Mme Bradford) - Passé (début de sa carrière, portraits des artistes, relations avec certaines actrices comme Hanako ou E. Banks, ambiance hostile à l'encontre des japonais, le fameux scandale qui mit fin à sa carrière, etc.) ne perdent pas le lecteur.

Le mystérieux événement se dévoile au fur et à mesure, et la "chute" n'est pas trop prévisible (bien que quelques révélations soient de trop, comme celles du policier, qui orientent très fortement le lecteur) , ce qui donne l'impression d'une intrigue bien ficelée.

Le personnage principal, celui de Jun, est souvent irrité ... et parfois irritant. Il est vrai qu'il pêche souvent par orgueil (mais comme l'a dit ailleurs une blogueuse, ce métier en nécessite), mais ce que personnellement je lui reprocherais serait une espèce de veulerie, une tendance au compromis, et surtout une "courte vue" agaçante, en contraste avec le personnage flamboyant et intransigeant incarné par Hanako. Mais son attitude à la fin du livre le rend plus attachant et gomme en partie cette impression.

C'est donc un roman que je recommanderais chaleureusement, à condition de le lire avec enthousiasme, sans quoi la richesse des renseignements et détails techniques / historiques risquent de décourager.

On en parle quasiment partout (c'est un envoi de chez les filles que je remercie à mon tour ainsi que les éditions Phebus), notamment chez (par ordre d'apparition sur google - ce qui vous évitera accessoirement de vous fader les paroles lénifiantes d'une chanson au titre similaire) :
Sylire, Amanda, Leiloona, Lael, Praline, Papillon, Alfie, Cathulu, Clarabel, Vero, Sassenach
Lien : http://lelabo.blogspot.com/2..
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