AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Mémoires d'un antisémite (11)

Comme atteint d'une douleur soudaine, je ressentis la profonde nostalgie de chez nous, de la Bucovine où j'aimais tant cette heure qui précède les ténèbres que je sortais en courant de la maison pour aller dans la campagne, dans cette lumière abstraite couleur lilas. Du côté de la vallée déjà pleine de la poussière de la nuit, il y avait le battement des ailes de chauves-souris qui grouillaient, tandis que le vent du soir m'inondait le visage de l'odeur du foin des pâturages lointains ; et devant cette immense source de la nuit, vers la Galicie, la terre plate s'étendait en éventail pour se fondre dans les cieux d'une manière cosmique. p 136
Commenter  J’apprécie          100
«Par exemple, il était bien connu que cela portait malheur de croiser un Juif quand on allait à la chasse. Or, il faut dire que mon père ne faisait guère autre chose qu’aller à la chasse et, vu le nombre de Juifs en Bucovine, il était impossible d’aller à la chasse sans tomber promptement sur plusieurs d’entre eux, et c’était presque chaque jour qu’une telle gêne lui était infligée. Cela le faisait souffrir, tel un ongle d’orteil incarné.» p 244
Commenter  J’apprécie          80
Mais il fut convenu que je ferais mes études en Autriche et cette décision m'inspira beaucoup de ressentiment car j'adorais la Bucovine. Il semblerait que ce soit le lot de toute enfance sans histoire que d'être solitaire. Là-bas comme ici j'étais solitaire. A Vienne, j'étais solitaire parce que j'étais un petit garçon venant d'un pays des Balkans si lointain maintenant et que je vivais au milieu de vieilles gens et d'imbéciles. Revenu en Bucovine, j'étais solitaire car j'étais le petit snob qui avait reçu une éducation étrangère et qui essayait d'éviter tout contact avec ceux de son âge. En fait, ce n'était pas du tout dans mes intentions. C'était la conséquence logique de l'isolement dans lequel la monomanie de mon père et la nostalgie de ma mère nous avaient enfermés.
Commenter  J’apprécie          70
«M.Garabetian était un Arménien au charme et à l’embonpoint extrêmes. Jour après jour, de l’aube au crépuscule, il restait assis, immobile, tel un bouddha, devant sa boutique. il faisait jouer entre ses doigts de couleur mate et aux ongles rosés un chapelet en noyaux d’abricots artistement sculptés. Ses lourdes paupières laissaient filtrer un regard brillant dans des yeux en amande dont on aurait dit que c’étaient des olives conservées dans l’huile ; et puis aussi, il avait sur la lippe inférieure une excroissance de la taille d’un pois et couleur d’aubergine en dessous d’une moustache à la Charlot.... M. Garabetian chassait les mouches de son nez en forme de courge, tout en fumant des cigarettes de Macédoine et en buvant d’innombrables tasses de café turc. » p 122-123
Commenter  J’apprécie          60
A la vérité, il faut dire que nous ne haissions point les juifs. C'était plutôt une façon de parler. Aprés tout la haine est aussi une forme de relation humaine. S'il y avait eu une haine véritable à l'encontre des juifs, ç'aurait été comme de les aimer. Non, les Juifs étaient tout simplement les habitants d'une autre galaxie-celle de David et Sion.
Commenter  J’apprécie          60
Tu as toujours raison quand tu parles, mais à peine as-tu quitté la pièce que plus rien n’est vrai!
Commenter  J’apprécie          50
.... j'entends encore, par les fenêtres ouvertes d'une école hébraïque, les voix intactes des garçons au visages d'oeuf, à la pâleur identique, encadrés de longues papillotes, ou le piétinement des danseurs lors d'un mariage paysan, la sueur dégoulinant du front d'un violoneux, les nattes s'échappant de leur fichu noué sur la tête ; les prairies enserrant l'argent d'un cours d'eau, les cigognes s'avançant avec majesté dans les marais qu'elles habitent et puis, accélérant leur marche, s'envolant dans l'azur du jour ; l'eau éclaboussée en stries au-dessus du lin vert battu par les filles cachées derrière les saules -- tout cela et beaucoup d'autres souvenirs sans prix. p 190
Commenter  J’apprécie          50
Alors, selon toute vraisemblance, elle sourirait et répéterait, comme elle l’avait craché autrefois : « tu as toujours raison quand tu parles, mais à peine as-tu quitté la pièce que plus rien n’est vrai ! »
Commenter  J’apprécie          40
C'était un regard à vous fendre l'âme, un regard désarmé, le regard que la douleur et le pardon ont éprouvé, le regard d'une biche blessée à mort, comme l'on dit si poétiquement. Instinctivement, on en prenait ses distances, pourtant il y avait dans ce regard de la gaieté et de l'humour, une intelligence éveillée et de la force, une énergie tendue vers la joie de vivre, et il m'avait atteint de plein fouet et me demandait des comptes... ô mon Dieu, que j'étais vil !
Commenter  J’apprécie          30
Mais où sont-elles passées les grappes de ménopausées au rictus accordéon, masquées de lunettes fumées aux montures en ailes de papillon, tels des masques de carnaval, leurs coiffes de patronne en résille comme autant de toiles d’araignées posées sur des cheveux couleur bleu lessive et des nids de fourmis entre les jambes ? Où sont donc leurs escortes et consorts aspergés de Mennen et toilettés comme des cadavres, eux et leurs pantalons couleur framboise et leur veston à carreaux aux teintes criardes, pareils à des clowns, des mocassins blancs comme neige habillant leurs énormes panards et, comme la porcelaine des lavabos, leurs dents plantées dans leur grande gueule ? Où était donc tout cela ?
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (76) Voir plus



    Quiz Voir plus

    auteurs allemands ou autrichiens

    D'abord un des phares de la littérature européenne : Johann Wolfgang von Goethe

    allemand
    autrichien

    12 questions
    59 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature allemande , littérature autrichienneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}