Citations sur Les chroniques des vampires, tome 1 : Entretien avec .. (92)
J'avais l'impression que je quitterais plus jamais La Nouvelle Orléans. Mais quelle portée a ce genre de pensées quand on vit éternellement ? Ne "plus jamais", cela semblait si humain.
[...] faire le mal est chose aisée, tandis que faire le bien sera toujours une entreprise ardue.
Ils étalent une complaisance complexe et idiote à parodier le miraculeux, vivent une décadence dont l'ultime refuge est l'autodérision et l'impuissance maniérée.
Anges noirs qui ne sommes pas limités aux limites puantes de l' enfer mais qui pouvons vagabonder de par toute la Terre et tous les royaumes....
« pas un instant je n’avais remis en question l’existence de Dieu. je m’en étais simplement égaré, dérivant, créature surnaturelle, à travers le monde naturel »
P24 Ainsi que je vous le disais, ce vampire Lestât voulait mes plantations.
La beauté des choses mortelles me fait souffrir; leur majesté peut me remplir de ce désir ardent que j'avais ressenti, si désespérément, tandis que nous naviguions sur la mer Méditerranée. Mais Paris, Paris m'attirait si près de lui, tout contre son coeur, que je m'en oubliais entièrement, que j'en oubliais cette créature surnaturelle anxieuse et damnée qui ne raffolait que de la peau des mortels, que du vêtement des mortels. Paris subjuguait, Paris illuminait et récompensait au-delà de toute promesse.
Mais comme j'avais envie de lui confier la profondeur de mon incompréhension ! De lui confier ma stupéfaction d'avoir découvert, après toutes ces années de quête, que les vampire avaient fait de l'immortalité un club de conformistes aux lubies misérables. Cependant, malgré ma tristesse et mon désarroi, un raisonnement plus clair se fit jour dans mon esprit : pourquoi en serait-il autrement ?
Je rêvais trop. Je rêvais trop longtemps, dans cette prison qu'était le navire, dans cette prison qu'était mon corps, ce corps asservi au cycle des jours et des nuis, comme aucun corps de mortel ne l'a jamais été. Finalement, les montagnes de l'Europe orientale accélèrent les battements de mon coeur, porteuses d'espoir, espoir unique que quelque part dans cette campagne primitive nous pourrions apprendre pourquoi, sous le regard de Dieu, cette souffrance avait le droit d'exister - pourquoi, sous le regard de Dieu, elle avait pu commencer et comment, sous le regard de Dieu, elle pourrait finir. Sans ces réponses, je le savais, je n'aurais pas le courage d'en finir moi-même.
Mais Paris, Paris était en soi tout un univers, creusé et façonné par l'Histoire. Un univers entier, en cette époque du Second Empire, avec ses hauts immeubles, ses églises massives, ses grands boulevards et ses vieilles rues médiévales tortueuses — un univers aussi vaste et indestructible que la nature elle-même. Rien n'échappait à son embrassement, à son peuple volage et enchanté, familier des galeries, des théâtres et des cafés, qui donnait sans cesse naissance au génie comme à la sainteté, à la philosophie comme à la guerre, à la frivolité comme aux arts les plus raffinés. Ainsi semblait-il que, si le reste du monde venait à sombrer dans les ténèbres, tout ce qu'il y avait de beau, tout ce qu'il y avait de pur, tout ce qu'il y avait d'essentiel pourrait là continuer de faire éclore les fleurs les plus merveilleuses. Même les arbres majestueux qui ornaient et abritaient ses rues participaient de l'harmonie — et de même les eaux de la Seine, qui serpentaient, splendides et contenues, en son cœur. C'est ainsi que la terre en ce lieu, modelée par le sang et la conscience, avait cessé d'être terre et était devenue Paris.