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Critique de Zephirine


Le roman débute sur la balade, le long d'Océan Beach, d'Abby et de la petite Emma, six ans, la fille de Jack. Jack, l'homme qu'elle aime et va bientôt épouser.
Alors qu'Emma ramasse des coquillages, Abby, qui est photographe, s'arrête quelques secondes pour emprisonner sur la pellicule un bébé phoque mort. Et c'est le drame : dans le brouillard épais, la fillette disparait.
le récit s'ouvre alors sur la quête éperdue d'Abby pour retrouver cette enfant qu'elle a appris à aimer et considère comme sienne. Elle revit jusqu'à l'obsession le drame de la disparition et fouille jusqu'à ses limites extrêmes les souvenirs enfermés dans son cerveau.
L'histoire de cette recherche insensée, douloureuse, le long des rues de San Francisco, de ses plages et dans ses quartiers défavorisés, par une femme meurtrie et culpabilisée alterne avec les récits d'Abby sur son passé, ses réminiscences d'enfance, et la rencontre avec Jack dont elle est profondément amoureuse. Mais le lien amoureux peut-il survivre quand l'enfant n'est plus là, mort noyé ou kidnappé, et qu'il faut faire face aux reproches muets ? Comment garder l'espoir quand les recherches ne donnent rien et que la mère biologique d'Emma refait surface avec la ferme intention de reprendre la place qu'elle a désertée après la naissance de la fillette ?
Quand, après la découverte d'une des chaussures de l'enfant, la police clôt le dossier, Jack organise un simulacre d'enterrement tout en stoppant les activités de l'association de soutien. Seule Abby, persuadée qu'Emma est toujours vivante, veut poursuivre les recherches au risque de voir sa raison vaciller.


Dès la première page, le lecteur est saisi par la force de ce récit captivant de bout en bout. le thème, la disparition brutale d'un enfant, est grave, voire terrifiant, et l'auteur l'aborde avec une sensibilité à fleur de peau au travers d'Abby, ce personnage dont elle nous livre l'introspection intime et les émotions enfouies. L'héroïne se découvre peu à peu, si résolue et fragile à la fois. Cette façon de raconter l'histoire par le truchement d'Abby nous met immédiatement dans la confidence et nous plonge en apnée dans un climat émotionnel intense. Quelques plages de répit, grâce aux digressions de son personnage, émaillent le récit, fort heureusement, pour nous permettre de reprendre pied.
Chaque paragraphe concernant la recherche obsessionnelle et le leitmotiv de la disparition est rythmé par le décompte des jours depuis le jour fatal. En alternance, on trouve des réflexions sur le temps et la mémoire qui côtoient les explications sur le travail photographique et des commentaires techniques sur le surf. Cette rigueur documentaire contraste étonnamment avec le flottement d'Abby dans son brouillard intime et les méticuleuses descriptions de son univers.
La longueur du récit (plus de 500 pages), loin d'être un handicap, permet au lecteur d'entrer progressivement dans le monde intime d'Abby et d'appréhender sa psychologie, de croiser les nombreux personnages qui côtoient Abby et de découvrir un San Francisco loin des clichés touristiques. On suit, captivé, l'intrigue qui déroule son suspense au rythme des marées, le long de l'Océan.
Avec un sens aigu de l'analyse psychologique, Michelle Richmond crée d'emblée la complicité avec son lecteur.
Sobre, harmonieuse et subtile, l'écriture participe au plaisir de lecture.
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