Ce rêve que je suis en train de faire est le plus déjanté qui soit! Moi qui suis une dormeuse invétérée, je n’ai jamais eu aussi hâte de me réveiller.
À mon avis, deux choses définissent vraiment quelqu’un : sa résilience quand il perd tout et son attitude quand il possède tout.
─ On va me retirer mon permis de conduire, à la fin du mois, mais j’ai décidé de garder ma voiture quand même. C’est trop dur pour moi de m’en débarrasser, me confie-t-il, tête baissée. C’est un deuil que je suis pas encore prêt à faire. Je sais que c’est juste une auto. Que c’est du matériel. De la ferraille, même. Mais pour moi, ça représente une grande partie de mon indépendance.
Une citation refait surface, alors : « Je rêve d’un monde où les femmes qui se promènent seules ne tremblent que de froid et jamais de peur. »
─ Quand tu traverses des épreuves, de réelles épreuves qui changent complétement la perspective que t’avais de ton avenir, soit tu plonges plus profond dans l’insoumission, soit ça te recadre la rébellion.
J’ai (…) mes papiers d’identité, mais je me sens nue comme un ver sans mon cellulaire. J’ai l’habitude de le traîner partout, à la manière d’un sac de soluté lié à mon corps par intraveineuse. Notre vie entière est stockée dans ces bidules.
-Voyons, crisse, est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer où sont mes affaires et dans quelle putain de dimension parallèle je viens d’atterrir?
-Tu sais quoi, Élie? Je pense que j’aurais préféré que tu me dises que tu veux plus rien savoir de moi à cause de mon handicap. Ç’aurait été plus facile à avaler que toute ton ostie d’histoire de science-fiction!
-Chaque fois que t’es là, Élie, je revis, me dit-il d’une élocution traînante et émotive. C’est comme une puissance dose de bonheur à l’état pur.
C’est incontournable. Je dois absolument préparer ces hommes de valeur, et me préparer moi-même, à ma disparition imminente, mon éclipse, mon au revoir sans revoir…