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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1936. En Galice, dans les geôles franquistes, le garde civil Herbal ramasse le crayon d'un peintre, exécuté ce soir là avec ses camarades prisonniers politiques. Il installe nonchalamment le crayon de bois sur son oreille, comme le faisait son oncle charpentier. Seulement, il ne se doute pas que la voix du peintre, sa victime, chuchotera désormais à son oreille chaque fois qu'il y posera le crayon… Et celui-ci lui ordonne de tout faire pour garder en vie un autre prisonnier, le docteur Da Barca.
Grâce au crayon de charpentier (qui est peut-être en fait la voix de sa conscience), Herbal se fera l'instigateur d'une histoire d'amour passionnée entre le docteur et la belle Marisa Mallo.

Cette histoire, qui est aussi celle de ma famille, m'a particulièrement touchée. Car on connaît peu finalement le climat de terreur qui régnait sous Franco; On assassinait en place publique les artistes et les poètes républicains mais également les notables, (et notamment les médecins qui soignaient sans discrimination) pour l'exemple.
On connaît peu également les ravages de la tuberculose que les prisonniers contractaient en prison, et les « sanatoriums de la mort », où l'ont envoyait les mourrants.
Comme on connaît assez mal le sentiment de déchirement de ceux qui se sont battus contre leur propre patrie.

La construction est assez décousue et déconcertante au début du livre. Pourtant, j'ai été assez vite happé par la très belle plume de Manuel Rivas.
Dans cette Galice rurale noyée de brume, la beauté est omniprésente, dans ses paysages, dans sa littérature, dans son art.
Un roman très fort et d'une infinie poésie qui m'a pas mal remué.
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J'ai beaucoup de mal à rédiger la critique de ce roman tellement qu'il est dense, complexe et simple à la fois, il y a aussi de la poésie, de l'humour, des personnages attachants, de l'amour, de la haine, c'est un beau roman, une belle histoire.
Ce roman se passe en Galice pendant la guerre d'Espagne, déchirement entre les républicains et les franquistes. L'auteur nous permet d'avoir une vision de chacun des camps, celle du docteur Da Barca qui est interviewé par le journaliste Carlos Da Sousa alors qu'il est mourant, il lui raconte sa captivité mais aussi son amour pour la belle Marisa Mallo, personnage très attachant par son charisme et son humour. Puis la vision du narrateur, Herbal ancien garde franquiste, il a entre autre tué le peintre anarchiste qui dessinait avec le crayon le Porche de la Gloire de Saint-Jacques de Compostelle, dont il prêtait aux divinités le visage de ses compagnons de captivité, et enfin un personnage particulier le crayon qu'Herbal a ramassé et pendant tout le récit ce crayon lui parlera à l'oreille et lui fera prendre certaines décisions.
Belle découverte littéraire
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La guerre d'Espagne est finie depuis bien longtemps, Sousa, le journaliste rencontre le Docteur Da Barca afin de recueillir les mémoire du vieil homme. Il était un rouge indomptable, il a été condamné à mort , puis gracié mais est resté longtemps emprisonné : « Avec tout le temps qu'il avait passé comme dirigeant républicain et avec tout le temps qu'il avait croupi en prison, Da Barca était devenu une véritable archive vivante. Il avait tout dans la tête. Ses textes contenaient des témoignages décrivant la répression en prison… »

Une guerre, bien moins présente dans la littérature que les deux guerres mondiales. Et pourtant également à notre porte.
Trois personnages principaux mêlent leurs voix, le docteur, prisonnier politique, puis Herbal, jeune phalangiste gardien de prison. Il sera l'un de ces « Paseadores » : ces « promeneurs » franquistes qui organisent pour les prisonniers des promenades sinistres une fois la nuit tombée, promenades dont ces derniers ne reviennent pas, promenades qui cachent des exécutions sommaires souvent précédées de tortures. Au cours de l'une d'elle, Herbal tire une balle dans la tête d'un peintre, et conserve sur lui le gros crayon rouge qu'il utilisait, ancienne propriété d'un autre prisonnier également exécuté, un charpentier.
Ce peintre dessinait de tête le porche d'une église, la Gloire de Saint-Jacques de Compostelle, et remplaçait les visages des saints par ceux de ses compagnons de captivité.
Et enfin un troisième personnage, qui parle par l'intermédiaire de son crayon: le peintre. Chaque fois qu'Herbal porte le crayon sur l'oreille, il entend les remarques venues d'outre-tombe du peintre qui lui tire l'oreille : « Fais attention à ce qui est en train de se passer ! « . Une forme de conscience qui le hante, qui le rend fou, et qui lui fait remarquer les turpitudes de ses actes.
Une construction poétique pour décrire le coté sordide de cette guerre, mais aussi des mots durs pour décrire les ignominies des phalangistes, les exécutions de masse, ces prisons dans lesquelles on pouvait croupir des années, souffrir de maladies respiratoires, être torturé pendant des jours et des jours, parce qu'on avait blasphémé l'Église, plaisanté sur Franco, ou simplement parce qu'on avait été dénoncé par un voisin, ou parce qu'on était seulement un humaniste. Une Espagne de charniers et de suspicion.
Sur fond de grande Histoire, une petite histoire d'amour et de jalousie : le docteur homme de paix, instruit, aidant les autres prisonniers, résistant au grand coeur, aime et est aimé par Marisa, le bourreau vainqueur qui incarne cette nouvelle Espagne de mort et de haine hait, quant à lui le docteur, et aimerait tant être aimé par Marisa !
En faisant dialoguer morts et vivants, en passant d'une prison noire et humide au soleil de l'Espagne, de la turpitude du bourreau, à l'humanisme du médecin fin d'esprit et disponible pour les autres et au regard du peintre, Manuel Rivas m'a fait encore mieux découvrir cette période noire de l'Histoire de l'Espagne
Une belle découverte littéraire, et une période historique à mieux connaître grâce aux livres pour la comprendre
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La structure du récit n'est pas très porteuse, on ne sent pas "une" histoire qui guiderait la lecture. Mais à l'intérieur se cachent des courts tableaux qui sont de vrais bijoux de pudeur et d'humanité. Une vision de la guerre civile faite des détails vus de la prison, il s'en dégage de la poésie.
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très beau livre sur la capacité de résistance à l'oppression
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