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Critique de 4bis


« Si cette machine à écrire n'y arrive pas, eh bien je déclare que c'est foutrement infaisable. » Ça commence comme ça et si ça peut surprendre, c'est tout de même tout à fait alléchant de supposer la création romanesque comme un attelage dans lequel l'outil compte peut-être plus que le romancier… Après ce prologue nous présentant donc la machine à écrire qui composera ce roman, on se retrouve dans un grenier aux fenêtres noircies en compagnie d'une princesse déchue qui meurt d'amour pour un terroriste à la dynamite. Diable !
Les circonstances de leur rencontre et la manière dont leur amour résonne dans la fin du XXe siècle feront le coeur du roman et, à force de conférence sur le climat, de multimillionnaires dans le pays de l'or noir, de pyramide et de paquet de clopes (Camel, s'il vous plait), on remonte petit à petit le fil causal qui explique ce premier chapitre aux circonstances très rocambolesques.
Sidérée par l'inventivité romanesque, par le caractère apparemment absurde des situations, ou en tout cas déconnecté des circonstances habituelles de vie du péquin lambda, je me suis embarquée avec plaisir dans cet univers acidulo-azimuté. Tom Robbins tient son histoire et déroule avec une logique interne parfaitement cohérente l'ensemble des ingrédients : le pivert, la nature morte, l'hégémonie américaine sur les autres nations, la place des roux dans l'histoire universelle, la peopolisation des monarques et les mérites de la cocaïne sur les amateurs de crapaud, tout se tient !
Mais, au fil de l'intrigue, tandis que s'accumulaient les longues analyses sociocritiques dont je ne suis pas parvenue à déterminer la part d'ironie corrosive de celle d'authentique discours sur notre monde détraqué, j'ai commencé à m'ennuyer un peu. Et, sans rien gâcher de l'intrigue, je vous dirai aussi que, si on enlève toutes les fioritures explosives, les péripéties extravagantes XXL, la trame de fond reste d'un classicisme qu'on pourrait croire éternel et qui remonte au moins aux débuts de notre modernité. Une histoire d'amants maudits mais éternels revue à la sauce technicolor un rien grinçante.
Alors un fond de snobisme a refait surface en moi : agacée par les proportions abracadabrantes que prenait cette histoire (une pyramide comme Taj Mahal du vivant de la princesse tout de même), lassée de ne trouver aucune poésie dans ces fantaisies débridées et comme seulement agressivement posées, aucune profondeur dans les motivations des personnages, j'ai finalement conclu qu'il s'agissait là d'un tableau tout à fait convaincant d'une Amérique superficielle et shootée aux histoires trop sucrées. La rencontre textuelle entre Walt Disney, Andy Warhol et un dealer d'amphétamines.
Que c'ait été là l'intention de son auteur ne rachète pas complètement l'oeuvre à mes yeux mais justifie sans doute que d'autres l'aient adorée.
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