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Critique de Nastie92


Maurice Herzog, vainqueur de l'Annapurna en 1950, premier homme à plus de huit mille mètres, est devenu un héros, une légende vivante. Son livre "Annapurna, premier 8000", vendu à plus de dix milllions d'exemplaires dans le monde, est en tête des ventes des livres de montagne.
Cependant, au fil des années, des critiques sont apparues, de petites phrases ont été lâchées ça et là, des doutes sur la véracité de son témoignage ont émergé : la légende a commencé à se fissurer.
David Roberts, alpiniste et écrivain américain fasciné depuis toujours par cette épopée, a voulu en savoir plus. Pendant trois ans, il a mené une véritable enquête dont il nous donne ici les résultats. Et son livre, qui se lit comme un véritable roman policier, est passionnant. Son éditeur a dit de lui : "J'ai travaillé avec Colombo, il portait un anorak...". L'auteur ne cherche pas à polémiquer, il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu, il veut simplement comprendre et donner une version la plus proche possible de la vérité, arguments à l'appui.

Le titre est déjà révélateur ; "une affaire de cordée" montre d'emblée que l'exploit n'est pas à mettre au crédit d'un seul homme, mais bien d'une cordée de quatre hommes, dont les photos sont sur la couverture : Maurice Herzog, Louis Lachenal, Lionel Terray et Gaston Rébuffat. Ces quatre alpinistes ont joué un rôle indispensable dans la conquête du sommet et le retour au camp de base.
David Roberts dans ses recherches et dans ses discussions avec de nombreux proches de membres de l'expédition, notamment les veuves de Lionel Terray et Gaston Rébuffat, a réuni un très grand nombre d'informations et de documents écrits qui permettent de mieux comprendre toute l'histoire, car chacun des alpinistes avait pris des notes ou tenu un journal de bord. Et ces écrits se révèlent être une mine d'informations, que David Roberts analyse, recoupe méticuleusement, tel un enquêteur scrupuleux.
Dès le départ la communication autour de l'expédition avait été verrouillée, tous les membres avaient signé un accord leur interdisant de publier quoi que ce soit pendant cinq ans : voilà qui laissait au chef, Maurice Herzog, le champ libre, étant le seul à pouvoir s'exprimer.
Les "Carnets du vertige" de Louis Lachenal, édités initialement en 1956, soit après la mort de l'auteur, ont été mis en forme d'après les notes de l'alpiniste, par Gérard Herzog, le frère de..., et ont été expurgés de tout ce qui pouvait gêner : rien ne devait ternir la belle légende de l'Annapurna et de son vainqueur. En 1996, Jean-Claude Lachenal, fils de Louis, viendra trouver l'éditeur Michel Guérin, spécialiste de montagne, avec l'ensemble des notes de son père, et une nouvelle version, bien différente de la première, sera éditée.
Tout ceci ternit l'image d'un alpinisme glorieux et désintéressé, le héros n'est plus si beau. Gaston Rébuffat, écoeuré, dira d'ailleurs au retour de l'expédition : "Je ne crois plus en l'amitié".

Je ne vais pas vous lister toutes les révélations, toutes les anecdotes, toutes les petites phrases écrites par les uns et les autres et mises au jour par David Roberts. Lisez vous-mêmes ce livre passionnant dans lequel on découvre des héros humains, avec leurs faiblesses d'hommes. L'exploit sportif ne s'en trouve pas diminué, mais vu sous un jour plus réaliste, moins idéalisé. Pour moi, "Annapurna, une affaire de cordée" est un complètement de lecture indispensable au livre de Maurice Herzog "Annapurna premier 8000" si l'on veut avoir une vision plus juste de ce que fut cette extraordinaire aventure.
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