L'Auberge du mystère

Ce qu'elle venait de dire sur son innocence et sa fierté était rigoureusement vrai. Mais son amour, loin d'être mort, la consumait, plus ardent que jamais.

Un auteur à succès, une actrice célèbre, un producteur étranger, un futur sénateur, un cardiologue réputé et sa digne épouse, plus une jeune femme professeur de dessin et habillée par Yves Saint-Laurent, c'était une assemblée bien mondaine pour une aussi modeste auberge.

Je ne supporte pas les femmes qui Se laissent aller et qui en veulent au monde entier parce que leur mari se retourne sur les jolies filles.

Excusez la diversion, mais j'adore parler chiffons. Chacun ses faiblesses ! Vous me demandiez ce que je fais ici ? Eh bien, à vrai dire, je mêle le travail au plaisir. Je suis sans mari, actuellement... Une situation que je trouve très agréable. Les hommes sont charmants, mais les maris...

J'ai l'habitude d'être considérée comme une bête curieuse. Dans mon métier, il est de bonne guerre de savoir attirer les regards. Pourquoi ne pas vous asseoir? Je suis trop heureuse d'avoir enfin trouvé une interlocutrice !

C'était vrai. Ses cheveux soyeux, aussi blonds que ceux de sa nièce, mais aujourd'hui mêlés de nombreux fils d'argent semblaient la couronner de lumière. Elle les portait courts, et des boucles capricieuses entouraient son visage enfantin. Tout en elle était petit. Son nez, sa bouche, ses oreilles... ses pieds et ses mains. Ses yeux bleus brillaient et, malgré ses soixante ans, elle n'avait pas une seule ride. Sa peau conservait le velouté d'une pêche mûrie au soleil. A côté de sa tante délicate et fragile comme une miniature de Saxe, Catleen se faisait l'effet d'un échalas sans grâce.