Citations sur Le menteur (15)
– Comme de l’eau de roche. Puis-je à mon tour vous poser une question ?
– Je vous écoute.
– Comment votre sœur a-t-elle pu partager la vie de Matherson pendant des années sans savoir qui il était ?
– Votre client est un individu intelligent ?
– Oui…
– Alors comment se fait-il qu’il se soit laissé escroquer ? Maintenant, circulez, et que je ne vous revoie plus dans les parages.
La fourchette, c’est pour manger. Quand la route fait une fourche, c’est qu’elle se sépare en deux, pour aller d’un côté ou de l’autre. Si on avait pris à droite – du côté de ta main qui tient le crayon –, on aurait abouti au village. Par la gauche, on va à la maison.
Ils filaient alors le parfait amour. Oui, il fallait s’en souvenir, chérir la mémoire de ces bons moments. Les souvenirs étaient précieux lorsqu’on se retrouvait veuve à vingt-quatre ans. Et, de surcroît, criblée de dettes. Elle avait été victime d’une terrible tromperie.
Les notaires, les avocats, les comptables et les agents du fisc lui avaient tout expliqué : fonds spéculatifs, hypothèques, emprunts toxiques. Ils s’exprimaient dans un jargon qu’elle ne comprenait pas davantage que le chinois.
L’argent ne faisait pas le bonheur, se rappela-t-elle en feuilletant une liasse de factures : costumes, chaussures, restaurants, chambres d’hôtel… jets privés. Le luxe n’était qu’un plaisir factice.
Elle compléta sa tenure - legging noir et tunique verte printanière- par des boucles d’oreilles et un soupçon d’eau de toilette, car selon Ada Mae Pomeroy, une femme non parfumée n’était pas entièrement habillée.
– Richard n’a manifestement jamais compris que l’argent ne fait pas le bonheur. Le seul point positif, dans ma relation avec lui, c’est que j’ai pris conscience, au plus profond de moi, qu’il y a des tas de choses beaucoup plus précieuses que l’argent et les bijoux. Je ne m’en rendais pas vraiment compte, avant.
Shelby comprenait désormais combien étaient précieux les éclats de rire dans le salon de coiffure, les soupirs de bien-être dans la salle de relaxation.
Les soucis ne servent à rien non plus, qu’à vous creuser des rides. N’y pense plus.
Elle avait eu des ambitions, des aspirations, des rêves. Elle voulait devenir chanteuse, une star. La nature l’avait dotée d’une belle voix, qu’elle avait travaillée et exploitée avec succès.
L’expérience lui avait appris à aller droit au but, au lieu de tourner maladroitement autour du pot : elle avait trouvé une clé, ignorait ce qu’elle ouvrait – il n’y avait aucune honte à dire la vérité.
L’homme rencontré cinq ans plus tôt par une belle soirée d’été l’avait arrachée à son monde et transportée dans un univers de rêve. Il l’avait traitée comme une princesse, emmenée dans des lieux qu’elle pensait ne jamais connaître autrement que par les romans ou le cinéma. Et il l’avait aimée. S’en souvenir était important. Il l’avait aimée, désirée, et lui avait offert tout ce qu’une femme pouvait souhaiter.