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Citations sur Aller en paix (13)

... mais qui peut prendre la mesure de nos failles secrètes, je veux dire de la profondeur réelle de ces angoisses que nous traînons comme des casseroles et dont autrui ne perçoit jamais que la partie émergée.
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Mon instinct se détache parfaitement de cette hallucination sur laquelle tant d'années ont passé, il est ce qui restera quand tous les mots seront morts, toutes les images épuisées et tombées dans l'oubli.
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« Notre âge d’or était là, dans ces soirs où un peu moins voûté que la veille je passais sans entraves au travers des forêts, m’en allant retrouver ma reine le visage plein de sueur et de gratitude, ma reine qui avait jeté ses études aux orties et m’attendait nue dans notre chambre austère, avec un petit sourire en coin. La nudité de Lily était en soi un spectacle extraordinaire, dont je ne me suis jamais lassé et dont j’ai pris conscience très tôt. Son corps blanc sous la lune, un jour loin, l’autre près, comme un voilier que le remous tantôt éloigne tantôt rapproche de la rive… Quel spectacle grisant! »
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» Souvent les gens me parlent, mais moi je suis ailleurs. (…) Leurs mots défilent pendant que je visualise des moments clés du passé. Plusieurs fois par jour au moins, j’imagine Lily nue au centre de formation. Ou bien je vois la neige. Je revois les Plastres, et mon premier gamin ivre de joie au matin de Noël. Je n’y peux rien, c’est comme une vie parallèle qui me berce pendant que les gens me causent. Un genre de goutte-à-goutte. Quand mon esprit bat trop longtemps la campagne, mon interlocuteur prend congé en me tapant sur l’épaule, et je m’aperçois que j’ai la gorge sèche et la mâchoire ankylosée. Ma main droite est dure, serrée comme un écrou. (…) Je me suis installé dans l’abîme. Je cherche mon poids de forme. Au-dessus et au-dessous, la montagne est molle et silencieuse. »
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J’avais conscience de devenir pompeux tout à coup en employant la formule « figure de notre enfance », car la maison du Juge, ainsi qu’on l’appelait dans le secteur, était une figure pour tout le monde. Un notable de Paris l’avait construite de ses mains à la fin du dix-neuvième siècle, ornant sa façade de couleurs vives et de balcons sereins. C’était la plus riche bâtisse des Plastres, la plus ouvragée en même temps que la plus vaste. Posée sur ce promontoire herbeux qui la rendait visible de chaque point de la commune, elle brillait d’un feu spécial et dépassait le hameau d’une tête. Elle était là.
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Il me semble aujourd’hui que c’est même cet extraordinaire regain de liberté, à notre arrivée aux Plastres, ce brusque afflux de sang pourvoyeur de bonheur et de confiance qui avait provoqué chez moi, sitôt que l’adjointe du maire nous eut remis les clés de la maison, le besoin de faire le malin devant mes géniteurs. Lesquels, visiblement passés à autre chose, avaient répondu très mollement à mon unique coup de fil. Tant mieux !
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Comme dans tous les récits, il y avait du vrai et du faux dans celui de mon père. Je m’étais d’abord tellement roulé par terre et avais tant pleuré qu’une sanction méritée avait fini par tomber : cul nu, devant les petites sœurs. Il me faut reconnaître que mes parents nous ont très rarement battus.
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J’avais compris depuis belle lurette que la vraie solitude est engendrée par les gens que l’on n’a pas choisis. Les gens quels qu’ils soient. Chez moi ce savoir dominait les autres et en ce sens-là, oui, j’étais un couillu, mais un couillu parmi d’autres couillus encombrés de problèmes à résoudre, problèmes qui parfois les tracassaient au plus haut point. Il arrive que la façon de résoudre nos problèmes nous rende parfaitement imbuvables aux yeux du monde, mais voilà, ce sont nos problèmes et nous ne disposons que d’une courte vie pour les résoudre.
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Je bouillais, pour être exact ; je fulminais intérieurement. Mais voilà, d’une part je ne voulais pas l’accabler avec mes propres soucis, d’autre part mes doutes, à coup sûr, étaient moins crochus que les siens. Car de longue date j’avais pris les devants, moi, je m’étais préparé à l’ennui de la vie. C’était d’abord ça, ma vocation : le refus de dire des mots que je n’avais pas envie de dire, le refus de subir des gens que je n’avais pas envie de subir, parents, camarades de classe, clients, voisins, chacun sa clique.
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J'avais beau savoir que j'étais blessé et que ma blessure parlait à ma place, il y avait désormais ce soupçon logé en moi qui heure après heure devenait plus lourd, plus ramifié : à savoir que sevrée du Nembutal, la vraie Lily était fade, inconsistante ; que ces récits n'étaient que du vent et que je m'étais trompé...que des années durant j'avais aimé un leurre, un mirage...
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