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Critique de Levant


Je ne comprends pas le titre français de cet ouvrage. Il a été publié en anglais sous "A woman of war". Comme nous l'apprend la quatrième de couverture, Anke Hoff, l'héroïne de L'infirmière d'Hitler, est sage-femme. Elle est recrutée dans un camp de concentration pour ses compétences reconnues. Elle devra mettre au monde l'enfant d'Eva Braun. A aucun moment elle n'a à faire avec le monstre. Comme a dû le faire Félix Kersten sur le corps d'un autre prodige de cruauté, Heinrich Himmler. Mais ça c'est une autre histoire, vraie celle-là, que nous relate Joseph Kessel dans Les mains du miracle. D'Hitler, il n'est quasiment question dans cet ouvrage que comme l'ombre terrifiante qu'il a répandu sur l'Europe dans la première moitié du 20ème siècle. Et accessoirement, dans cette fiction, le responsable de la grossesse de sa maîtresse.

Les amours d'Eva Braun et de celui qu'on n'envisage pas d'appeler par son prénom tant il incarne le mal absolu, ces amours-là, on n'ose les imaginer. Comment juxtaposer dans une même phrase ces deux mots antinomiques : Hitler et amour. Mandy Robotham a franchi le pas. En forme d'uchronie, elle prémédite un enfant à naître au sein de ce couple improbable : le bourreau de l'Europe et Eva Braun sa maîtresse, de 23 ans sa cadette. Comme preuve d'amour entre ces deux là, on ne voulait connaître que leur union civile quelques heures avant de se donner la mort ensemble. Si tant est qu'Eva Braun ait eu le choix.

Et si le Reich avait eu un héritier, nous suggère Mandy Robotham. le sort de la guerre en eut-il été tout autre ? Hitler qui posait bien parfois sa main sur une tête d'enfant devant les photographes, pourvu toutefois qu'elle soit blonde, ne montrait en public de témoignage d'affection que pour son chien Blondie, berger allemand cela va sans dire. Aurait-il pu avoir des réactions de père, autres que celle dont il se glorifiait d'être : le père de l'Allemagne, à grand à grand renfort de vociférations devant les foules subjuguées.

Sous la plume de Mandy Robotham, l'atmosphère glaciale du nid d'aigle d'Hitler est le cadre d'une aventure humaine que ne suggérait en rien le contexte. Eva Braun est enceinte. Elle est cloîtrée au Berghof et l'objet de toutes les attentions de la part de la meilleure sage-femme du pays. Sous l'étroite surveillance, il convient de préciser, du couple Goebbels lequel s'interroge et spécule sur les conséquences que pourrait avoir cette naissance pour l'avenir du Reich.

Cet huis clos montagnard dans l'antre du loup est rehaussé d'une autre aventure. Amoureuse celle-là, que l'auteure a fort astucieusement tissée entre la sage femme et l'officier nazi chargé d'organiser son séjour. Séjour dont on s'interroge quant à son issue tout au long de l'ouvrage tant le secret de la naissance d'un héritier d'Hitler est jalousement gardé.

Cette hypothèse d'une descendance du pire monstre qu'ait connue l'humanité est une idée saisissante mais fort bien conduite par Mandy Robotham. Elle glisse habilement cette pure oeuvre d'imagination dans une page noire de l'histoire de l'humanité trop bien connue mais à la fois bien mystérieuse quant à la véritable nature de la vie de couple d'Eva Braun avec Hitler. Mystérieuse au point que les plus folles rumeurs ont couru sur l'étonnant attachement de cette jeune femme pour le bourreau de l'Europe. Que savait Eva Braun du génocide organisé par son amant diabolique ?

Avec une écriture qui ne sombre ni dans le pathétique ni dans le factice, Mandy Borotham traite ce sujet délicat avec une grande lucidité et lui confère la seule épilogue envisageable à pareille hypothèse, même si elle a dû avoir recours à un artifice pour rattraper l'histoire. C'est un bien bel ouvrage, fort bien construit et écrit avec mille précautions pour que l'intrigue conserve sa crédibilité.

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