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Citations sur La Guerre du feu (70)

Ainsi se retrouvèrent-ils face à face, sans blessure, comme s’ils n’avaient pas combattu. Mais, en eux, tout avait lutté ! Chacun connaissait mieux la créature formidable qu’était l’autre, chacun savait que, s’il faiblissait le temps de faire un geste, il entrerait dans la mort, une mort plus honteuse que celle donnée par le tigre, l’ours ou le lion ; car ils combattaient obscurément pour faire triompher, à travers les temps innombrables, une race qui naîtrait de Gammla.
[p267].
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Comme le Feu, l’Eau semblait à l’Oulhamr un être innombrable ; comme le Feu, elle décroît, augmente, surgit de l’invisible, se rue à travers l’espace, dévore les bêtes et les hommes ; elle tombe du ciel et remplit la terre ; inlassable, elle use les rocs, elle traîne les pierres, le sable et l’argile ; aucune plante ni aucun animal ne peut vivre sans elle ; elle siffle, elle clame, elle rugit ; elle chante, rit et sanglote ; elle passe où ne passerait pas le plus chétif insecte ; on l’entend sous la terre ; elle est toute petite dans la source ; elle grandit dans le ruisseau ; la rivière est plus forte que les mammouths, le fleuve aussi vaste que la forêt. L’Eau dort dans le marécage, repose dans le lac et marche à grands pas dans le fleuve ; elle se rue dans le torrent ; elle fait des bonds de tigre ou de mouflon dans le rapide.
[p121].
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La vie du feu avait toujours fasciné Naoh. Comme aux bêtes, il lui faut une proie : il se nourrit de branches, d’herbes sèches, de graisse ; il s’accroît ; chaque Feu naît d’autres Feux ; chaque Feu peut mourir. Mais la stature d’un Feu est illimitée, et, d’autre part, il se laisse découper sans fin ; chaque morceau peut vivre. Il décroît lorsqu’on le prive de nourriture : il se fait petit comme une abeille, comme une mouche, et, cependant, il pourra renaître le long d’un brin d’herbe, redevenir vaste comme un marécage. C’est une bête et ce n’est pas une bête. Il n’a pas de pattes ni de corps rampant, et il devance les antilopes ; pas d’ailes, et il vole dans les nuages ; pas de gueule, et il souffle, il gronde, il rugit ; pas de mains ni de griffes, et il s’empare de toute l’étendue… Naoh l’aimait, le détestait et le redoutait. Enfant, il avait parfois subi sa morsure ; il savait qu’il n’a de préférence pour personne - prêt à dévorer ceux qui l’entretiennent -, plus sournois, plus féroce que la panthère. Mais sa présence est délicieuse ; elle dissipe la cruauté des nuits froides, repose des fatigues et rend redoutable la faiblesse des hommes.
[p68/69].
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Les guerriers se nourrissent de chair crue. Ce fut un repas chagrin ; ils aimaient le parfum des viandes roties. Ensuite, Naoh prit la première veille. Tout son être aspirait la nuit. Il était une forme merveilleuse, où pénétraient les choses subtiles de l’Univers : par sa vue, il captait les phosphorescences, les formes pâles, les déplacements de l’ombre et il montait parmi les astres ; par son ouïe, il démêlait les voix de la brise, le craquement des végétaux, le vol des insectes et des rapaces, les pas et le rampement des bêtes ; il distinguait au loin le glapissement du chacal, le rire de l’hyène, la hurlée des loups, le cri de l’orfraie, le grincement des locustes ; par sa narine pénétraient le souffle de la fleur amoureuse, la senteur gaie des herbes, la puanteur des fauves, l’odeur fade ou musquée des reptiles. Sa peau tressaillait à mille variations ténues du froid et du chaud, de l’humidité et de la sécheresse, à toutes les nuances de la brise. Ainsi vivait-il de ce qui remplissait l’Espace et la Durée.
[p30/31].
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Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde. Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui soutiraient une douceur pleine de force ;il rassurait la horde dans les forêts tremblantes, sur la savane interminable, au fond des cavernes. C’était le Père, le Gardien, le Sauveur, plus farouche cependant, plus terrible que les mammouths, lorsqu’il fuyait de la cage et dévorait les arbres.
Il était mort ! L’ennemi avait détruit deux cages ; dans la troisième, pendant la fuite, on l’avait vu défaillir, pâlir et décroître. Si faible, il ne pouvait mordre aux herbes du marécage ; il palpitait comme une bête malade. A la fin, ce fut un insecte rougeâtre, que le vent meurtrissait à chaque souffle… Il s’était évanoui… Et les Oulhamr fuyaient, dépouillés, dans la nuit d’automne.
[p13/14].
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Lorsque le premier coup de mort retentit sur son crâne, il ne poussa pas une plainte ; il n’en poussa que lorsque la pensée eut disparu, qu’il ne resta qu’une chair chaude dont la massue de Naoh éteignait les derniers tressaillements.
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Tout son être aspirait la nuit. Il était une forme merveilleuse, où pénétraient les choses subtiles de l’Univers : par sa vue, il captait les phosphorescentes, les formes pâles, les déplacements de l’ombre et il montait parmi les astres ; par son ouïe, il démêlait les voix de la brise, le craquement des végétaux, le vol des insectes et des rapaces, les pas et les rampements des bêtes ; il distinguait au loin le glapissement du chacal, le rire de l’hyène, la hurlée des loups, le cri de l’orfraie, le grincement des locustes ; par sa narine pénétraient le souffle de la fleur amoureuse, la senteur gaie des herbes, la puanteur des fauves, l’odeur fade ou musquée des reptiles. Sa peau tressaillait à mille variations ténues du froid et du chaud, de l’humidité et dela sécheresse, à toutes les nuances de la brise. Ainsi vivait-il de ce qui remplissait l’Espace et la Durée.
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De toutes parts, les mammouths accoururent. On voyait leurs grosses têtes s'avancer et leurs yeux luire d'inquiétude. Les nerveux barrissaient. Car ils connaissaient le Feu ! Ils l'avaient rencontré sur la savane et dans la forêt, quand la foudre s'était abattue ; il les avait poursuivis, avec des craquements épouvantables ; son haleine leur cuisait la chair, ses dents perçaient leur peau invulnérable ; les vieux se souvenaient des compagnons saisis par cette chose terrible et qui n'étaient plus revenus. Aussi considéraient-ils avec crainte et menace cette flamme autour de laquelle se tenaient les petites bêtes verticales.
Naoh, sentant leur déplaisir, se rendit auprès du grand mammouth et lui dit :
- le feu des Oulhamr ne peut pas fuir ; il ne peut pas croître à travers les plantes; il ne peut pas se jeter sur les mammouths. Naoh l'a emprisonné dans un sol où il ne trouverait aucune nourriture.
Le colosse, emmené à dix pas de la flamme, la contemplait, et, plus curieux que ses semblables, pénétré aussi d'une confiance obscure en voyant ses faibles amis si tranquilles, il se rassura. Comme son agitation ou son calme réglaient, depuis de longues années, l'agitation et le calme du troupeau, tous, peu à peu, ne redoutèrent plus le feu immobile des Oulhamr, comme ils redoutaient le Feu formidable qui galope sur la steppe.
Ainsi Naoh put nourrir la flamme et refouler les ténèbres. Ce soir-là, il goûta la viande, les racines, les champignons rôtis , et il s'en délecta.
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Le fils du Léopard hait la puissance de sa race. Il la sent implacable, plus venimeuse, plus destructrice que la puissance des félins, des serpents et des loups. Et, se souvenant de la bonté des mammouths, sa poitrine se soulève, un soupir caverneux la déchire, il tourne vers eux cette adoration qui germe au fond de l'âme et qui, aussi forte que l'adoration du Feu, est plus tendre et plus douce...
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L'ourse grondait, moins instruite par l'évènement, car aucune blessure n'avait accru sa sagesse.
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