Un grand roman.
On pourrait s'arrêter là, on ne dirait jamais combien ce roman est bon. Il y a assurément du
Faulkner chez
James Ross, on pense aussi beaucoup à
Jim Thompson et à
Charles Williams.
Faulkner est plus subtile, Thompson plus cynique, Williams plus délirant,
James Ross est juste
James Ross, un sacré bon écrivain.
Caroline du Nord, la fin des années 30, une campagne sinistrée, peu éduquée, voire même très peu civilisée, et une industrie de la bibine qui fonctionne à plein régime.
James Ross va décrire dans
Une poire pour la soif toute l'industrie d'un Roadhouse, un club monté en périphérie de Corinth, bled paumé de Caroline du Nord.
Dans un roadhouse, on s'arrête d'abord pour faire le plein d'essence, ensuite pour s'en jeter un petit en passant, après ça on peu déjeuner, danser, jouer de l'argent dans l'arrière-salle, et peut-être même finir la soirée en charmante compagnie si l'on est un brin chanceux et que les filles de l'industrie textile de Corinth ont decidé de s'encanailler un vendredi ou un samedi soir.
Une poire pour la soif raconte l'histoire de Smut et Jack, leurs ciboulots marchant à plein régime pour espérer s'extraire un peu du bourbier ambiant. de l'envie au crime il n'y a qu'un pas, et dans la clandestinité d'un roadhouse, qui irait chercher un ou deux meurtriers ?
Il faut lire
une poire pour la soif en s'imaginant machouiller une chique à tabac, le crachoir aux pieds, le bocal de gniole sur le comptoir. Il faut s'imaginer un livre où'qu' les gens, y parlent comme ça, l'air de pas y toucher, qui trainent ou pas, mais que le rendu, ben il est rudement bien, ouais.
James Ross est présenté abondamment dans la préface comme l'écrivain d'un seul livre, devenu presque mythique avec le temps, un rudement bon bouquin, ouais.