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Critique de Bernardbre


On sait le rapport passionné et attentif entretenu par l'écrivain Paul Louis Rossi avec les arts plastiques, les peintres, les dessinateurs, les photographes. Déjà, en 1994 au Temps qu'il fait, il avait publié avec François Dilasser Inscapes, ouvrage composé par correspondances, échanges, voyages et rencontres successifs entre la peinture, le dessin et l'écriture, aventure commune d'un peintre et d'un poète amis, de Roscoff à la rade de Brest, dans un paysage rude, sauvage, saisissant et somptueux.
Ainsi rappellerons-nous d'abord, dans l'ordre des parutions, les autres compagnonnages plastiques de Paul Louis Rossi : Gaston Planet (1) l'ami vendéen, Fra Angelico (2), William Turner (3), Gérard Titus-Carmel (4), Marie-Claude Bugeaud (5), Jean-Paul Colin (6), Pablo Volta (7), Jean-Michel Meurice (8), Hans Arp (9)...
Voici donc aujourd'hui, au même Temps qu'il fait, une forme de suite venant en contrepoint «continuer et compléter» ce livre dont le titre renvoyait aux «paysages intérieurs».
Paul Louis Rossi promène son lecteur — car oui, ce livre inclassable tient de la promenade — de Paris à Venise en passant par Padoue, Berlin, l'Île d'Yeu, Noirmoutier, l'anse de Goulven, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu et son lac, la Loire, Nantes, où l'on croise, sans ordre ni logique établis puisqu'il s'agit bien ici de littérature (l'écrivain se doublant d'un infatigable recopieur»), les mots et les images de Duns Scot, Gerard Manley Hopkins, Alfred Jarry, Benjamin Péret, Federico García Lorca, Max Jacob, Julien Gracq (on comprend Rossi lecteur, admirateur des Eaux étroites, de Lettrines...), William Turner, Henri Michaux, André Breton, Vittore Carpaccio, Giotto...
Proses en fragments, poèmes serrés dans une forme rigoureuse, pages de journal riches d'aphorismes (l'auteur, vigilant et prudent, se méfiant toutefois de leur prétention) et correspondances s'intriquent dans ce livre illustré des dessins compagnons de François Dilasser («dont le nom peut signifier en langue bretonne, le Libérateur. Celui qui délace — qui brise les liens — qui délivre» et dont la peinture, «cryptographie», «a maille à partir avec le vent»), ces formes variables reprenant et déclinant au fil des pages des noms, des phrases, des idées, des thèmes.
Nourrie de musique, de peinture, de poésie, de littérature, s'interrogeant sur l'art («Ne pas transformer l'art en ressentiment») et les artistes, la curiosité gourmande du polygraphe Paul Louis Rossi apparaît sans limites, attentive à chaque élément, à chaque sens, au végétal, au minéral, à l'animal qu'il évoque avec la précision d'un entomologiste, amoureux du mot juste, voire rare ou savant, sauvé par l'écriture d'une érudition qui, chez un autre, pourrait étouffer.

1.- "Élévation Enclume", le Temps qu'il fait, 1997.
2.- "La Vie secrète de Fra Angelico", roman, Bayard-Centurion, 1997.
3.- "William Turner, le Voyage sur la Loire", film, 1997.
4.- "L'Arbre rouge", dans "Feuillées & Memento mori", 2002.
5.-" La Rivière des Cassis", récit, joca seria, 2003.
6.- "Les Nuits de Romainville", récit, le Temps qu'il fait, 1998
7.- "Regards croisés", Fata Morgana, 2005.
8.- le Temps qu'il fait, 2006.
9.-" Hans Arp", essai, Virgile, 2006.


Critique parue dans "Encres de Loire" n° 44 page 35, juin 2008
Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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