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Critique de ATOS


L'homme de terre, l'homme de chair, diptyque indissociable. Deux textes qui correspondent, se répondent. Une capillarité. Une mise en réseau. Cette double expérience révèle le Vivant. C'est « un choc vital ».
L'intelligence de cet écrit repose sur ce dialogue entre terre et chair.
L'Art ne peut être hors le Vivant, hors d'une intériorité, hors d'une transcendance, hors d'un partage.
C'est une démarche, un sens. La structure du geste. Diptyque...dans le je-miroir d'un livre.
«  on ne peut pas tricher, ni détourner le regard.Je prends sur moi tout ce qu'on voit et qu'on taira, tout ce qui vibre à l'insu de la parole et qui existe d'autant plus fort que c'est réel, mais tu. »
Je d'un regard. Geste et vision. Un face-à face à l'épreuve de la chair. Une communion. « La création se joue entre sacrifice et résurrection ». L'atelier devient chapelle, abri, refuge, lieu de recueillement. L'artiste et le modèle. Ils sont en ce lieu « recueillis ».
« J'ai crée un homme alors que les attentats venaient d'être commis à Paris. (...) J'ai crée un homme de terre pendant qu'un homme de chair mourrait. J'ai pris sa nudité, puisqu'il me l'offrait, et je l'ai donnée à tous ceux qui craignaient de se déshumaniser. Je leur ai demandé de m'accorder un délai. le désespoir peut attendre. La terre a bu mes larmes.Le tissu de l'esprit s'est ajouré, laissant apparaître le corps lisse, imberbe, palpitant. »... Indemne….Vivant.
Voir, pétrir, saisir. Saisir d'un regard, par un geste de chair... faire renaître de la terre l'essence de l'Homme. Celle du modèle se met en correspondance avec celle de l'artiste. Entre l'artiste et le modèle, ici point de soumission, mais révélation. le regard dévoile autant le regardant que celui qui
est regardé. Pour que l'acte de sculpter, pour que le geste prenne Vie, il ne faut ni pouvoir, ni possession, ni violence. Mais une confiance, où les mots s'absentent. Là où l'intelligence des matières dialogue avec la chorégraphie des sens.
Matière de terre, de chair, d'eau, de lumière. Altérite, entre l'artiste et le modèle. «  J'enfante le premier homme. Je suis le point à partir duquel toute humanité commence. Je suis un homme de chair donnant vie à son frère. Mon esprit visite son corps et je ressens chacune de ses sensations, en surface et en profondeur. ». « corps siamois », « âme soeur » en « chair séparé ». le livre s'ouvre.. » Est beau le corps par lequel l'âme s'ouvre ».Dès lors que la perception est éveillée, le d ésir d'explorer et de traduire s'impose ». Pas de reproduction, ici s'agit de traduction.
« La mise à nu est un compte à rebours., la dernière chance de saisir et de transmettre ce qu'on ne doit pas oublier ». Elle est ce qui résiste à la technicité et aux idéologies étouffantes de nos sociétés qui persévèrent dans leurs erreurs pendant des décebbies, insensibles qu'elle snt à la voix du sage. L'homme de terre est en rupture. Il nous indique une voie intérieure, nous encourage à nous découvrir en toute conscience et sans préjugés ». Il ouvre une période inédite. Il invente de nouveaux rapport à l'autre, grâce à une intimité particulière, chaleureuse ,féconde ».
La femme sculpte le corps de l'homme. Et c'est par la terre qu'avec lui elle communie, que tous deux communiquent. Failles, aspérités, porosités opèrent la lecture et l'écriture de l'une en l'autre, de l'un par l'autre. Par « l'intuition du corps » émettre une « intention d'amour ».
Oui, deux textes qui se répondent, et qui s'imbriquent. A tel point qu'il eut été inimaginable de ne pas provoquer cette mise en relation de ces deux textes. « Solitaires en chair » mais « unis par la terre ». Oui comme le souligne si justement Belinda Cannone dans sa préface , se livre interroge, « interroge le féminin à l'oeuvre » et quand bien même, comme elle, nous n'aimons pas « réduire les êtres à leur genre », force est de constater que cet écrit est rare, et qui'il nous a peut était donné l'occasion d'entendre ce « ce qui ne va pas de soi » dans la tradition d'une mise en oeuvre d'art. « attention extrême à la situation de l'autre », « respect profond du modèle ». L'emploi de ce Nous ( sculptrice/modèle) omniprésent durant le récit nous fait réaliser qu'il ne peut y avoir d'oeuvre d'art sans une rencontre, une exploration commune, « une superposition parfaite ou presque de nos deux cercles », tel un alignement de deux planètes durant un espace qui tendrait vers l'infini et non vers un absolu.
« ton corps de même »...image qui illumine les phrases de Valérie Rossignol. « L'espace intérieur ne s'agrandit que s'il est porté par l'amour ». Envolée, déploiement, vertige...Le geste, le regard, les mots de Valérie Rossignol nous augmentent. Ils combattent « l'horizontalité des échanges versatiles »... « Nous existons depuis ce lieu sans jugement, où la conscience a renoncé à formuler, à limiter le vivant ».
« Mon rapport à la création est à a mesure de mon rapport à la vie.Le goût de l'aventure et de la connaissance, la volonté de se remettre en cause et de réorienter sa trajectoire personnelle priment sur toute réalisation achevée ».
Ce livre exprime le plus magnifiquement possible ce qu'est le geste d'une artiste. le geste d'un Vivant.

Editions « l'Arbre Hominescent », Babelio, 07.2019, Masse Critique
Astrid Shriqui Garain






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