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EAN : 9782379790409
120 pages
StoryLab (01/06/2019)
3.7/5   32 notes
Résumé :
Préface de Belinda Cannone.

Écrivaine et sculptrice, Valérie Rossignol révèle le processus de création de la femme artiste quand l’homme en est le sujet, par l’écriture et par la sculpture.
Le livre se présente en diptyque.

Dans « Homme de Terre », l’auteure éclaire ce qui se joue entre la sculptrice et son modèle. L’homme nu, se dévoile : « on ne peut pas tricher. » L’artiste catalyse la fusion des êtres et transmet à la terre s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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De terre et de chair,
Taire ce qui est cher.

Valérie Rossignol a sculpté son livre, ligne après ligne, pour lui donner corps.
Ce corps, elle nous l'offre dans un style particulier, fait d'émotions et de ressentis, de spiritualité même.

La première partie : l'artiste s'offre à nous, dans le silence de son atelier, en tête-à-tête avec l'homme dénudé de son plein gré, qui pose sans arrière-pensée, juste pour la beauté du geste qu'il engendre. Elle, elle observe, mesure, scrute, ressent, devine, puis se saisit de la glaise, la malaxe, façonne, engendre, et donne vie au-delà des émotions ressenties, de l'essence de l'être face à elle. La communion est possible dans cet espace-temps particulier, c'est un partenariat poétique, mystique presque, tant l'un et l'autre perçoivent l'ineffable.
Selon le modèle, inconnu ou ami, les émotions et les tensions diffèrent, mais la passion reste intacte pour celle qui module les caresses à la terre.
J'ai eu l'impression qu'elle vibrait au-delà de ce qu'elle nous a transcrit.

Dans le dessin de modèle vivant, que j'ai eu l'occasion de pratiquer, l'impression n'est pas la même, nous sommes plusieurs, et tous ces regards sur l'homme nu ne permettent pas un tel échange. Ni sur la femme d'ailleurs.

La deuxième partie : lettre à l'aimé, qui reste son secret. La sensualité est décuplée, l'artiste est simplement une femme amoureuse, qui s'offre et qui offre. Au début, elle magnifie cette relation par des mots bien agencés, qui nous font ressentir le feu qui les anime. L'écriture transcende l'amour, pour qu'il dure toujours. Puis ensuite, viennent des allusions à la violence, de son passé, au pouvoir des hommes qui imposent, qui s'imposent. Et à la femme soumise, sans doute contre sa volonté, pas toujours. Tout n'est pas clair, l'allusion au viol des femmes est là.

Alors, est-ce à cause des hommes qui s'imposent qu'elle préfère aujourd'hui ceux qui posent ?

Contactée pour une Masse critique privilégiée, je remercie Babelio et l'Arbre Hominescent Édition pour ce bel exemplaire de Valérie Rossignol, posté avec de jolis timbres fleuris, ce qui majore le plaisir. Quant à la couverture, elle est juste sublime !

Lien : https://motsdiresanshaine.bl..
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De terre et de chair de Valérie Rossignol se présente comme un diptyque où le premier volet est consacré à l'homme de terre et le deuxième à l'homme de chair et comme dans tout diptyque, les deux volets se complètent l'un l'autre.
Elle nous révèle le processus de création de la femme artiste quand l'homme nu en est le sujet, d'une part par la sculpture et d'autre part, par l'écriture. Précisons que Valérie Rossignol est à la fois écrivaine et sculptrice !
Dans le premier volet, "homme de terre", l'auteure nous parle de l'acte créateur. Elle nous montre que la terre qu'elle modèle représente à la fois l'artiste qui sculpte l'oeuvre, et l'homme, son modèle. Une véritable osmose existe entre les deux. Son écriture qu'on pourrait qualifier de charnelle est également pleine de sensualité. C'est vraiment une magnifique réponse aux nombreuses questions que nous nous posons sur la création artistique.
Dans le deuxième, "homme de chair", c'est une lettre d'amour qu'elle adresse à l'homme qu'elle aime, et pour elle, l'amour ne peut être que l'union du charnel et du spirituel. Cette lettre prend valeur universelle, quand elle dit : "J'écris cette lettre pour tous les hommes que j'aurais pu aimer ". Elle écarte la violence et écrit à propos des hommes qui l'emploient : "pour qu'ils se sentent exister, il leur faut le rapport de force, l'appui sur lequel ils vont faire pression. Sans cette résistance, ils sont immanquablement seuls face à eux-mêmes. Ça leur est insupportable. Alors, ils cherchent à prendre le pouvoir, à me soumettre et, identifiant l'engrenage infernal, je disparais."
J'ai été subjuguée par l'écriture de Valérie Rossignol, la poésie qui se dégage de son texte et le véritable tour de force accompli pour arriver à nous faire part de son ressenti lorsqu'elle fait acte de création.
Je terminerai en citant une phrase de la belle préface écrite par Belinda Cannone qui, à mon avis résume bien ce bel ouvrage : "Double expérience donc, de terre et de chair, chacune liée au plus intime car elles sont, toutes deux, et peut-être avant tout, expérience de la pudeur et de la grandeur "qu'induit toute mise à nu. Approcher, sans crainte, ce qui fait la vulnérabilité et la fragilité de tout humain. La beauté est là".
J'ai également bien apprécié la très belle couverture.
Je remercie Babelio et les éditions L'Arbre Hominescent qui m'ont permis de découvrir cette artiste et écrivaine talentueuse, lors d'une Masse Critique privilégiée.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Dans un style lyrique, Valérie Rossignol nous invite à participer à son aventure de la création partagée. Dans ce mot « partagé », Valérie Rossignol entend tout ce qui se joue entre son modèle et l'artiste.

Dans une première partie, elle relate la création en sa qualité de sculptrice, inspirée par un modèle masculin dénudé et, dans une seconde partie, elle adresse une lettre à un homme de chair dont elle est amoureuse. Les mots qui sont choisis s'épousent dans un récit nés de la plume d'une femme, de son regard, de sa sensualité, de son toucher, de ses émotions, de sa conscience.

Pour l'avoir vécu, le travail de la terre, de l'argile, à sculpter procure une sensation qui vaut toutes les séances de relaxation, de méditation mais participer ainsi à une séance où Valérie Rossignol donne vie à un homme de terre, a été une lecture jubilatoire. Elle nous confie les sensations intimes qui se mettent à l'oeuvre au cours de la réalisation de sa sculpture.

J'ai été subjuguée par sa capacité à nous impliquer dans cette expérience. Elle explique très bien cette subtile alchimie qui se passe en elle. Comment elle perçoit cette ouverture en son for intérieur qui sans celle-ci ne pourrait accueillir l'ébauche du projet. Elle ne peut ni ne doit séparer le corps de l'esprit au risque de dénaturer sa réalisation. C'est très beau ces passages où elle décrit l'étude du corps de son modèle, de ses muscles, de sa cambrure.

La force de son observation et l'abandon de son modèle créent une totale disponibilité pour recevoir l'émanation de l'être qui se dessine à travers la vision des signes imprimés sur la peau. Elle lit le corps. « le corps donne à sentir les perceptions tactiles du modelage comme s'il n'était plus objet mais source » - (page «30) – Elle voit au-delà des apparences, les échanges de regard, les attitudes du corps, la beauté du corps, décuplent ses sens, c'est presque une expérience mystique ! Mais c'est de cette intimité partagée que naît la sculpture.

C'est un retour aux origines, l'homme de terre s'incarne dans ses mains, l'homme de terre est en mutation, sa vie est fragile, le moindre coup et son corps éclate en morceaux

L'amour du beau geste comme de l'être humain est essentiel, il faut une compréhension aimante pour mieux ressentir les perceptions que suscitent l'immobilité de la pose, le silence, la clarté de la pièce, la circulation d'une énergie qui rend l'instant fécond. le modèle est examiné et ne peut se dérober. Ce n'est plus que le corps qui se dévoile mais l'âme. C'est un véritable lâcher prise.

Il y a des passages extrêmement émouvants voire poignants lorsqu'elle décrit les séances avec cet ami gravement malade et où elle écrit « J'ai sculpté son aura, ce qu'il restera de lui quand il sera mort : son éternité. » (page 36)

« L'art permet de créer une réalité. le modelage me permet d'appréhender un homme que personne n'a connu et ne connaitra jamais, un être de chair dans un instant vécu ». (page 40).

La création jaillit des mains, elles prennent, elles donnent, elles touchent, elles accomplissent, elles possèdent, elles transmettent, elles dominent, elles maîtrisent, elles guident. J'ai pensé à la très belle chanson de Goldmann « Sur une arme les doigts noués, pour agresser, serrer les poings, mais nos paumes sont faites pour aimer, y a pas de caresses en fermant les mains …… » mais dans ce récit, elles donnent naissance !

Et puis, il y a la nudité qui provoque en chacun de nous des sentiments différents selon notre histoire. Je n'oublierai jamais la réflexion d'Erri de Luca dans « La nature exposée » devant la statue du Christ nu page 42.


En revanche, la deuxième partie, la lettre qu'elle écrit à l'homme aimé, m'a moins captivée. C'est un hymne dithyrambique, ce n'est pas le fond qui m'a dérangée mais la forme, ce lyrisme m'est apparu surfait. Bien que j'aie compris le parallèle que faisait Valérie Rossignol entre l'homme de terre et l'homme de chair, l'acte d'amour est création, il me semble que la forme ne se prête plus aux lettres d'amour d'aujourd'hui. Cette missive aurait gagné en plus de simplicité et en plus de chaleur, aucune émotion ne s'en dégage.

Néanmoins, rien que pour savourer la première partie et la très belle préface de Belinda Cannone, je conseille de lire ce petit ouvrage qui m'a été offert par Babelio et les Editions « L'arbre Hominescent » que je remercie vivement et qui publie des ouvrages consacrés aux travaux artistiques de la représentation de l'humain. Henri-Paul Badet qui a initié Valérie Rossignol au modelage d'après un modèle vivant, clôture ce livre.
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.
Un très beau texte tout frémissant de l'extrême sensibilité de l'artiste .
Valérie Rossignol dans ce court essai va associer le lecteur à son ressenti le plus intime face à la création .
Les mots vont parfois jusqu'à l'extase , quand ses mains font naître l'osmose entre les âmes , les corps et la matière .
Elle nous donne sa définition de l'art , s'étend longuement sur le rapport au corps , sur l'effet miroir , sur le lien qui se crée entre l'artiste et son modèle :

" La sculpture traduit le moment où une épiphanie très éphémère a lieu .
L'observateur saisit en un regard la traduction de ce mystère . " p. 42

La première partie , " Homme de terre " , est celle que je préfère .
Une réflexion aboutie sur l'art et sur l'homme . On se sent interpellé .
Pour appréhender les mystères de la création et du relationnel , les propos oscillent souvent entre poésie et introspection , quand ils ne s'échappent pas du domaine psychanalytique .
Ici , les mots vont dévoiler l'intimité suggérée par les mains .

En revanche , la seconde partie , " Homme de chair " m'a moins intéressée .
Peut-être trop lyrique pour moi , trop grandiloquent mais , cette lettre d'amour à son homme reste un très bel épanchement .

" L'amour n'est pas qu'affaire de désir .
Il naît dans ce moment de retranchement qui dénude l'âme . " ( p.65 )

Ce petit traité , très dense , par le biais de l'art , dévoile un aspect du rapport humain , des ressentis intimes parfois si exacerbés qu'ils frôlent le divin , l'intemporel , une quête d'absolu .
Etude d'une fusion , de la fusion originelle peut-être . Chacun y puise ce qui lui convient .

Belle découverte que je dois à l'équipe de Masse Critique et aux éditions " L'Arbre Hominescent ". Je les en remercie vivement .



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Ce 25 juillet 2019, ma boite aux lettres m'a livré un fort joli paquet, coloré entre timbres fleuris et la vignette illustrée de l'éditeur, offrant un buste d'homme sculpté… Et nous voilà dans le vif du sujet : Ce texte, hommage premier à la sculpture !! mais pas que !...

Je m'empresse de remercier la gentillesse de Babelio et des éditions de L'Arbre hominescent pour l'envoi de ce texte de Valérie Rossignol, auteure et sculptrice…que je découvre, en même temps que l'édition. Cerise sur le gâteau, L'heureuse surprise de lire le nom de Belinda Cannone, qui a rédigé un avant-propos… Auteure et essayiste que j'ai appris à connaître à travers deux très beaux textes : « S'émerveiller » et « le Don du passeur »…

Ouvrage dense, construit en diptyque ; la première partie: « Homme de terre », où Valérie Rossignol décrit avec lyrisme ainsi qu'avec une grande subtilité les mystères de l'acte créateur, et particulièrement les liens uniques, de symbiose silencieuse, entre le sculpteur, et le modèle ; ici l'Homme-muse… car l'originalité de ces lignes proviennent que la sculptrice-auteure choisisse un modèle masculin… Une idée peu courante… et même à contre-courant !...

Ce que Belinda Cannone formule avec justesse dans l'avant-propos » La création partagée » : « Je n'avais jamais entendu évoquer, ou jamais si bien, ce qui se joue entre l'artiste et son modèle dans l'atelier du sculpteur. (...) Dans l'atelier de Valérie Rossignol, le modèle n'est pas un corps qui s'abandonne, c'est une "âme", pour reprendre le vocabulaire de l'auteur, que la sculptrice cherche à saisir et à restituer. le corps nu de l'homme est devant elle, il a consenti à poser, ce qui n'est pas confortable, souvent fatigant, consenti à être regardé- étonnant renversement d'une situation traditionnelle où des hommes peignaient et sculptaient des femmes nues. « (p. 8)

La première partie m'a emportée…vraiment , alors que la lettre à l'Homme aimé, j'ai eu du mal à m'y sentir à l'aise… le style déborde quelque peu d' « emphase »…mais que ce n'est que mon avis, restant des plus subjectifs !!
Une lecture enthousiaste d'un côté… et perplexe, de l'autre, comme si en tant que lecteur, j'étais restée très extérieure, même si…même si… il y a des analyses , des interrogations très fines sur l'Amour humain, la sexualité..!

« le désir est fragile et crée la dépendance à l'autre. Nous sommes vulnérables face à l'incertitude de ce qu'il en fera. Je me suis rendue inaccessible aux hommes pour ne pas leur accorder ce pouvoir sur moi. Je ne voulais pas dissocier la chair et l'esprit. Contrairement à ceux qui ont voulu me faire admettre que cette dissociation était ordinaire. « (p.77)

Ce 2 août … Plus de temps à lire ce texte que je ne l'avais prévu. Je l'ai lu par fragments… Guère possible de le lire d'une seule traite… car son contenu est très compact, dense à souhait ,en questionnements, approfondissements artistiques et , humains, … le noyau central est cette dichotomie « Corps-Esprit » si majoritairement véhiculée…

Cette dichotomie est analysée dans l'acte de l'Artiste…puis dans l'Acte d'amour et l'Amour humain…dans sa globalité rêvée et vécue avec émerveillement par la narratrice-sculptrice…

J'ai été captivée par la première partie « Homme de terre » qui fouille avec subtilité et profondeur l'acte créateur, et plus spécifiquement les étapes du travail de la sculptrice… des rapports avec la terre, la matière à pétrir, la lumière, et le modèle , l'Homme-Muse,… situation atypique ou peu commune… où nécessairement , se faufilent les attirances ambivalentes face à la nudité de l'autre sexe…La seconde partie, Lettre adressée à l'homme aimé… est aussi plein de qualités ; c'est entre autres un hommage absolu à l'Homme aimé, au miracle de cet amour fusionnel accompli, entre l'amour charnel et l'amour spirituel, vécu comme un « miracle » aussi merveilleux que l'acte créateur de l'artiste…

La contradiction totale absolue entre la chair et l'esprit, cet acte créateur très physique dans le modelage, le pétrissage de la terre, la nudité du modèle…et en même temps tout cette sensualité… qui est sublimée par l'oeuvre entrain de se faire !

« J'aime l'histoire que le corps me raconte par la façon dont il se déplace, se détourne, me fait face ou m'esquive. C'est la mémoire de la chair, de ce qu'elle a enduré, des coups qu'elle a reçus, des caresses qu'elle a attendues ou données, des oublis dont elle a été victime, comme si l'on pouvait négliger le corps sans porter atteinte à l'être. C'est parce qu'il est nu, que je suis une femme et qu'il est un homme que la vibration a lieu, au-delà ou en-deçà des mots. Nous sommes dans un espace que ni l'art ni la littérature n'a exploré à défaut d'avoir accordé une attention suffisante au corps masculin et à la façon dont une femme pouvait le voir. » (p. 24)

j'achève cet ouvrage que je suis enchantée d'avoir lu… même si mon sentiment final est ambivalent, partagé, tiraillé comme le questionnement de Valérie Rossignol entre la Chair et le Spirituel, entre la « Terre de la sculptrice et la Chair du modèle –masculin, et l'homme aimé»…Des tiraillements… et puis ces deux textes bien distincts brassent des thèmes fondateurs des plus intimes : L'Art, L'Amour, l'appréhension de son corps, de celui de l'autre, La sexualité, la complexité des comportements et sensibilités des Hommes vis-à-vis des Femmes, et vice-versa , etc. !....

Comme d'habitude… je ne lirai les chroniques des camarades qu' après avoir rédigé mon propre ressenti ; d'autant plus dans ce cas où je parviens pas à une appréciation tranchée…La preuve en est le désordre absolu de cette chronique qui va dans tous les sens, à l'image exacte de mon appréciation perplexe….J'essaye de comprendre mon attitude contradictoire de lectrice…Je crois deviner un début d'explication : J'ai , en débutant cet ouvrage, apprécié la poésie, le lyrisme certain de chaque phrase…et puis…et puis… trop, trop d'envolées, pourtant magnifiques ! C'est pour cette raison, entre autres, que j'ai éprouvé la nécessité de lire ces écrits , en discontinu…Toujours une perception très , très subjective. Ceci étant formulé bien maladroitement, je reste enthousiaste de cette découverte… qui m'a d'ailleurs aussitôt donné envie d'aller regarder le travail de cette artiste,!

Merci, donc, à Valérie Rossignol, ainsi qu'à la toute nouvelle maison d'édition, « L'Arbre hominescent » !
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
"Un ami gravement malade pose pour moi" - page 37

La pièce était bien chauffée et les reflets du soleil sur la peau ravivaient les couleurs du corps intérieurement supplicié. C'était une séance picturale. Les volumes étaient absorbés par la lumière. Le parquet réfléchissait les rayons du soleil et le corps, surexposé, recouvert de reflets d'or, se détachait sur les boiseries sombres. L'ami, assis en tailleur, détendu, s'accordait un temps de méditation sous mon regard complice et protecteur.
A moi de prendre dans la terre la chair atteinte. A moi d'opérer l'alchimie de la guérison, comme si l'acte de création était prière, secrète espérance. Les couleurs chaudes entraient en harmonie : le corps ensoleillé buvait la lumière et rayonnait, la chair se délitait pour donner à la peau un éclat surnaturel. Le corps incarné devenait vision. A ce moment précisément, son regard était tourné vers le ciel, l'implorant d'une muette ferveur. C'était un regard christique, le regard de celui qui vit une dernière fois et qui place dans cette dernière fois toute l'intensité qu'impose le face-à-face avec la mort. La maladie, invisible, était intégrée dans un grand processus de transfiguration.
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Une partie de mon être, rationnelle, prend les mesures et fixe les proportions. Il m'aura fallu des mois de travail pour que mon œil intègre les lois de l'anatomie humaine tant nous déformons ce que nous voyons. La prise en compte de la réalité est une condition préalable à tout acte créateur.
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Quand Parrhasios, peintre grec de l'Antiquité, achète un vieillard prisonnier de guerre pour en faire son modèle, qu'il choisit comme thème Prométhée cloué, faisant du supplice la condition à la réalisation de son tableau, il nous met face à un dilemme : choisir entre la compassion et l'œuvre d'art. Parrhasios décide de torturer son modèle afin de saisir la juste expression de l'agonie, puisqu'il ne le trouve pas assez 'triste', et l'entourage du peintre a beau avoir pitié, il rétorque à ceux qui tentent de l'en dissuader : 'Je l'ai acheté'. Cris déchirants du vieillard, protestations des témoins ne changeront rien à l'indifférence du peintre qui tire une jouissance particulière à traduire la douleur, non pas supposée mais réelle.
(p. 31)
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Heureux celui qui sait se déprendre de ce qu'on lui a fait admettre à force d'images, de slogans, de poncifs formulés et reformulés quotidiennement, comme si tout allait de soi et était la vérité.
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Homme de chair

Nous ne savions pas alors que, sans cet amour illimité qui s'incarne une fois dans la vie, rien d'essentiel n'est vécu. Je pense à toutes les formes d'amour. On peut aimer sans limites un frère, une soeur, un ami, un enfant. Mais l'amour entre nous permet de vivre l'unité des corps et le débordement de l'esprit. (p. 83)
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