Chaque faction conditionne ses membres à penser et agir d'une manière déterminée. Et la plupart des gens y arrivent. En règle générale, ils n'ont pas de mal à assimiler un modèle de pensée du moment qu'il est cohérent, ni à s'y tenir ensuite.
Je crois qu'on a commis une erreur. On s'est tous mis à dénigrer les valeurs des autres factions sous prétexte de mettre en valeur les nôtres avant.
Tu n'as jamais autant de courage que quand tu agis pour les autres. [...] Je ne vois pas une grande différence entre l'altruisme et le courage. Quand on t'apprend depuis toujours à t'oublier toi-même, ça devient un réflexe.
Je n'ai pas dit que tu te sentirais « bien » mais « mieux ».
« - Tu sens cette odeur, Pète-sec ? me demande Peter d’une voix forte, qui s’élève au-dessus des ricanements.
- Non, dis-je.
Le feu monte de plus en plus haut.
Il renifle.
- C’est l’odeur de ta chair qui rôtit.
Quand je rouvre les yeux, ma vision est brouillée par les larmes.
- Tu sais ce que je sens, moi ? rétorqué-je.
J’ai dû forcer ma voix pour couvrir les rires, ces rires qui m’oppressent autant que la chaleur. Mon bras tressaille et je résiste à l’instinct qui me pousse à me débattre. Je ne vais pas gaspiller mon énergie pour rien ; je ne vais pas paniquer.
Je fixe Peter à travers les flammes. La chaleur fait monter le sang à la surface de ma peau, coule partout en moi, fait fondre le bout de mes chaussures.
- Je sens la pluie, dis-je. »
« Pendant quelques minutes, on s’embrasse, tout en bas du gouffre, cernés par le grondement de l’eau. Et quand on se relève, main dans la main, je songe que si on avait tous les deux fait un autre choix, on aurait peut-être vécu la même chose dans un environnement plus paisible, vécus de gris et non de noir. »
« - La peur ne te fait pas reculer, poursuit-il ; elle t’aiguillonne. Ça se voit. C’est fascinant. »
« Ses mains me hissent au-dessus de la rambarde. Il m’appuie contre lui, glisse un bras autour de mes épaules et l’autre sous mes genoux. Je laisse aller ma tête sur sa poitrine, et c’est le silence. »
« Les yeux de Quatre sont rivés sur les miens, et a mesure que les secondes passent, il perd son air sévère. J’entends mon coeur qui bat. Je le fixe depuis trop longtemps ; mais bon, lui aussi, et je sens qu’on essaie tous les deux d’exprimer quelque chose que l’autre ne peut pas entendre. Mon coeur bat de plus en plus fort, et ses yeux tranquilles m’engloutissent. »
« - Ça se voit que j’ai pleuré ? demandé-je.
- Voyons…
Il se penche en plissant les yeux, comme pour m’examiner. Un petit sourire soulève les coins de sa bouche. Il s’approche encore, au point qu’on respirerait le même air si je n’avais pas oublié comment on respire.
- Non, Tris, tranche-t-il.
Et il ajoute, redevenu sérieux :
- Tu as l’air d’une dure à cuire. »