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Critique de jmb33320


« En Charles-Joseph se réveillaient les vieux rêves puérils et héroïques, qui, aux vacances, sur le balcon paternel, l'envahissaient et le comblaient de bonheur, aux accents de la Marche de Radetzky. Le vieil empire défilait sous ses yeux, dans toute sa puissante majesté. Le sous-lieutenant pensait à son grand-père, le héros de Solferino, à son père, dont l'inébranlable patriotisme était comparable à un petit mais solide rocher parmi les hautes montagnes de l'omnipotence habsbourgeoise. »

Les Trotta doivent tout à l'empereur d'Autriche, François-Joseph : un coup d'éclat du grand-père à la bataille de Solferino aura pour conséquence l'anoblissement de cette famille d'origine paysanne. le fils du héros sera préfet et le petit-fils, Charles-Joseph, sous-lieutenant dans la cavalerie puis dans l'infanterie, aura un destin certes moins brillant, mais tout aussi contraint par cette loyauté attendue et voulue, dont il ne s'échappera pas, malgré ses désirs.

Toute la société austro-hongroise du règne finissant de François-Joseph est terriblement figée dans un passé qui se veut glorieux. Mais même les empires ne durent pas. Et c'est bien à un effondrement attendu qu'il nous est donné d'assister à la lecture de ce roman profond et pourtant accessible.

L'écriture de Joseph Roth m'a semblé exemplaire pour évoquer ces personnages corsetés et malheureux. Autant dire qu'il n'y sera pas beaucoup question de sentiments et encore moins d'amour. Les personnages féminins y sont rares, mais les deux plus importants m'ont marqué par leur liberté de vie. le ton hésite entre nostalgie d'une époque révolue et description foisonnante d'une mécanique mortifère : sens des convenances et de l'honneur avant tout, esprit de caste poussé à l'extrême, antisémitisme des élites. Et pourtant l'auteur donne le sentiment de regretter cette époque.

Ce roman je pense le relire dans quelques années : il est du genre dont ont ne découvre jamais toutes les beautés à la première lecture.
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