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Critique de BazaR


J'aime beaucoup cette période de l'Histoire qui va de la fin de l'empire Romain à la constitution des royaumes « barbares », car elle présente quelque chose de rare : une profonde discontinuité, comme si l'univers avait été anéanti et reconstruit sous une forme différente.
C'est comme ça que je la ressens quand je l'évoque dans ma tête le temps d'une pensée. Pourtant, chaque livre que je lis sur cette période insiste sur les éléments de continuité. Après tout, des hommes l'ont vécue, et ont survécu. Mais cela ne change pas la première image qui me vient à l'esprit.

Le livre de Michel Rouche ne déroge pas à cette « règle de continuité ». Même si le titre laisse penser que l'on a affaire à une biographie de Clovis, c'est toute la période du IVème au VIème siècle européen qui est raconté. Clovis intervient comme un acteur important, mais loin d'être unique. L'histoire nous est avant tout racontée à travers les hommes et femmes célèbres qui y ont participé, même si des éléments sociaux sont ajoutés quand ils aident à la compréhension.

On peut ainsi voir se déployer les aventures de Galla Placidia (héroïne d'un récent roman de Max Gallo), la conversion de Saint Martin de Tours et les désillusions de Sidoine Apollinaire, la géopolitique de Théodoric le Grand et les hésitations de Clovis devant le catholicisme.
C'est surtout l'action de deux femmes qui m'a impressionné, sans qui Clovis n'aurait pas pu réaliser celui qu'il a réalisé : Sainte Geneviève et Clotilde, son épouse. le rôle des femmes dans les sociétés germaniques est particulièrement mis en avant dans ce livre. Je le découvre pour ma part.

La description de la « lutte pour les âmes » prend également une grande place. La puissance de l'arianisme chez les Germains à l'époque fait vraiment impression, au point que l'on peut considérer comme très casse-gueule le choix de Clovis de soutenir le catholicisme. de mon point de vue les différences entre arianisme et catholicisme paraissent mineures, et chacun dans le fond de sa conscience peut croire que le Christ est au même niveau que le Père ou plus humain et un peu « inférieur ». Ce livre les montrent comme inconciliables car définissant qui aura le pouvoir. Michel Rouche a même tendance à soutenir le catholicisme ; pour lui l'arianisme ne pouvait mener qu'au despotisme. J'ai des doutes.

Malgré ce petit détail, j'ai trouvé le livre excellent, accrocheur, riche et pas daté du tout dans la mesure où il m'apparaît cohérent avec des livres récents tels que « le jour des barbares » d'Alessandro Barbero ou « La naissance de la France » de Patrick J. Geary. Il offre même des documents du temps, de Saint Rémi, Cassiodore ou Procope, avec texte en latin, traduction en français et analyse serrée, pour ceux qui veulent aller plus loin.
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