La langue de convention n'appartient qu'à l'homme.
Les premiers hommes furent chasseurs et non pas laboureurs.
Les premiers biens furent des troupeaux et non pas des champs.
D'abord on ne parla qu'en poésie ;on ne s'avisa de raisonner que longtemps après.
Mais bien que l'alphabet grec vienne de l'alphabet phénicien ,il ne s'en suit pas que la langue grecque vienne de la phénicienne.
L'homme en société cherche à s'étendre, l'homme isolé se resserre.
J'ai dit ailleurs pourquoi les malheurs feints nous touchent bien plus que les véritables. Tel sanglote à la tragédie qui n'eût de ses jours pitié d'aucun malheureux. L'invention du Théâtre est admirable pour énorgueillir notre amour-propre de toutes les vertus que nous n'avons point.]
Comme les premiers motifs qui firent parler l’homme furent des passions, ses premières expressions furent des tropes. Le langage figuré fut le premier à naître, le sens propre fut trouvé le dernier.
Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi ; mais pour étudier l’homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin ; il faut d’abord observer les différences pour découvrir les propriétés.
Le grand défaut des Européens est de philosopher toujours sur les origines des choses d’après ce qui se passe autour d’eux. Ils ne manquent point de nous montrer les premiers hommes, habitant une terre ingrate & rude, mourant de froid & de faim, empressés à se faire un couvert & des habits ; ils ne voient partout que la neige & les glaces de l’Europe ; sans songer que l’espèce humaine, ainsi que toutes les autres, a pris naissance dans les pays chauds, & que sur les deux tiers du globe l’hiver est à peine connu.
Ces poëmes resterent long-tems écrits seulement dans la mémoire des hommes ; ils furent rassemblés par écrit assez tard & avec beaucoup de peine. Ce fut quand la Grèce commença d’abonder en livres & en poésie écrite, que tout le charme de celle d’Homère se fit sentir par comparaison. Les autres poëtes écrivoient, Homère seul avoit chanté.