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Citations sur Entrevoir - Le front contre la vitre - La halte obscure (62)

APOCALYPSE DANS LES FEUILLES

Un jour on s'est dit que l'aventure
était peut-être plus belle ainsi :
tout disparaîtra
- les choucas aussi et la falaise
où ils rentrent le soir avec de petits cris
et l'eau vive et les guerres
intestines où s'use la vie
- cela c'est le vent qui l'inspire
en jouant dans les feuilles
à la fin d'un beau jour
lumineux sur la terre.
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Terre et ciel

Les amants du ciel
ceux qui dévalent de bon matin
dans les prés trempés de rosée
et boivent du regard, dans leur lente dérive
les glaciers célestes
leurs grands manteaux de haute neige
et les roses de leurs flancs
c'est à eux qu'il est donné
la nuit, les yeux fermés
de descendre dans les carrières profondes de la Terre
de palper les lourds métaux et les fines agates
et les opales doucement lumineuses, sœurs des étoiles
qui à cette heure scintillent, légères, sur les toits.
Ceux-là mêmes, inaperçus
sur les mains desquels, longtemps
se pose un papillon dans les jours chauds.
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Doucement, comme une feuille se replie
le jardin entre en torpeur avec le haut soleil
- à peine si dodelinent les lourdes fleurs, les frêles
hampes.
Le plus aérien, le plus léger
le papillon blanc seul gambade
pris dans des souffles qui ne sont pas pour nous.
Ainsi s'évertue l'été
avec le halètement lointain des tourterelles
au fond des bois.
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Songer aux nuages

Aimerez vous jamais les grands collecteurs d’ombre?
- Plus soucieux du profil d’une femme, de sa chaussure
qui effleure le sable de l’allée ou encore
(et c’est détestable, ô combien) ne voyant rien, tout
à quelque idée de la vie qui devrait l’ordonner,
quand elle ne propose en cet après-midi
que la lente pesée d’un monde
d’eau aérienne et vagabonde, à denses
grisailles et vallées diversement lumineuses
et fjords lacérés par des souffles inconnus
à flancs de continents qui transitent au-dessus
des jardins
dans un lointain où nous n’aborderons
jamais que par l’attention qui nous détache un moment
de la terre
pour la mieux réunir aux nuées qu’elle exhale,
noircissant plus encore cèdres et séquoias.
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A la fin des fins

Nous avons chanté, les fleurs ont fleuri,
les amis passé, un peu de chemin
reste encore à faire, et tout est confus
(messages brouillés des désirs contraires).
La vie a passé, on ne sait pas plus
pourquoi on est là, sous le ciel d’été
(encore un été—est-ce le dernier?).
De ces années que restera-t-il
au dernier hoquet—-une autre enveloppe
qui prend le relais ou rien simplement
—-encore des humains sous le ciel qui font
mêmes rêves et passent?—-Tu ne sais rien
que le tremblement parfois de la main.
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Sueur d’agonie, sueur de l’étreinte
une cloison les sépare
ou une année dans la vie d’un homme
à un autre étage de la maison
la moiteur d’un enfant qui dort
avec un souffle égal contre l’oreiller
et voilà trois états physiologiques
analysables et bien répertoriés
et trois fragments du « réel »
qui ne cessent de m’étonner.
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LE VOYAGEUR


La nuit penche, bleue et noire
un feu brûle quelque part
et met une braise dans ce rideau
un attelage passe dont chaque détail est distinct
mais les sabots des chevaux ne font aucun bruit
les yeux des chevaux tournés vers l'intérieur
un songe peut-être les éclaire ou du moins les captive
et celui qui voit passer les chevaux sait qu'il rêve
quand il se demande, au même instant
s'il ne dort pas dans la voiture, chrysalide.

26 XI 82

p.159
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Le silence

Il vient dans la neige.
Il précède le jour.
De lui on ne dit rien
car on ne garde rien.
Il écoute peut-être
un peuple de voix tues.
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LE FRONT CONTRE LA VITRE

Le front contre la vitre
cherchant à rafraîchir, quoi?
Peut-être pas seulement son front
mais le monde en soi comme un lac
qui a été troublé et ne reflète plus
que des images disloquées, embouées
quand plus profond, est-ce illusion?
on entrevoit une image nette et pure
comme en gage d'une promesse
à laquelle on craint d'être infidèle avec le temps.
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A l'orée du bois
tout au fond de la verte pâture
un petit monument votif
tout blanc
- mais voilà que ça se lève lentement
que ça s'ébranle
que c'est une vache
et que c'est inexplicablement satisfaisant.

(p.107)
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