Citations sur Le goût du crime : Enquête sur l'attraction des affaire.. (7)
De mystérieuse, l'affaire devient énigmatique, car la réalité renvoie systématiquement à une autre réalité, à laquelle on n'arrive pas à accéder malgré les indices qui s' accumulent.
Chaque grande affaire, à sa manière, renferme en puissance un questionnement sur la possibilité même d'accéder à une quelconque vérité.
Rarement les journalistes ne laissèrent autant paraître en cette nuit l'ambiguïté de leur rôle. En théorie diffuseurs de l'information, ils leur arrivent aussi de devenir malgré eux acteurs du spectacle qu'ils contribuent à créer. À commenter ad libitum les effets de leurs propres commentaires, pris eux-mêmes dans la "circulation circulaire de l'information", les journalistes finissent par prendre leurs désirs pour la réalité. Et nous avec.
Les avancées technologiques, l'évolution des mentalités, les conséquences des changements de mœurs sur la sensibilité collective, ... tout cela, l'affaire criminelle en est à la fois le réceptacle et l'initiatrice.
Aussi faut-il toujours être conscient d'une contradiction possible entre un intérêt pour la vérité (savoir pour savoir) et un intérêt à la vérité (satisfaire la demande de la justice et l'attente du châtiment).
Par l'autorité de la chose jugée, Omar Raddad,est officiellement et définitivement le meurtrier de Ghislaine Marchal. C'est un fait. C'est aussi un fait qu'il y a de sérieuses raisons d'en douter.
L'adage "Les faits son têtus" n'est donc jamais aussi pertinent qu'on veut bien le croire.
Le procès est ainsi propice aux coups de théâtre que nous attendons, guettons, parfois anticipons en retenant notre souffle. La mise en scène n'est pas étrangère à ce type de de dénouement - ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la chronique judiciaire, qui s'attache à décrire l'atmosphère du procès, à en restituer les moments et à en interpréter tous les signes, a toujours assumé une dimension littéraire qui la distingue des autres exercices journalistiques.