J'enrage.
Le texte laborieusement écrit sur ce livre remarquable a disparu au moment où j'ai voulu le poster. Je n'ai pas la patience, ni le courage de recommencer un tel travail, que j'avais voulu bien charpenté à l'image de l'enquête méticuleuse des deux frères philosophes.
Je redis seulement y avoir touché ce qui motive l'intérêt constant du public pour les affaires criminelles, même si je n'ai aucun penchant pour celles-ci.
L'ouvrage convoque plusieurs disciplines à la barre; il évoque des affaires célèbres, du 17ième siècle à aujourd'hui. Les faits exposés donnent l'occasion d'illustrer les multiples versants d'un dossier (généalogie du crime, psychologie criminelle, apparences trompeuses, évolution de ce qui relève de la vérité ou non selon l'époque, législation en vigueur, moyens d'investigation, médiatisation outrancière, passage à l'acte, moment de bascule en cour d'assises).
Au passage, les auteurs envisagent notre rapport au temps en parlant des délais de prescription et aussi notre rapport aux lieux du crime. Bruay-en-Artois résonne dans les mémoires, un terrain vague, cimetière d'une enfant d'ouvrier, trouvée à la lisière d'un coron et d'un quartier cossu où vivait la maîtresse du suspect vite désigné, notaire du coin, symbole de la bourgeoisie piétinant les pauvres. Suspect disculpé ensuite.
Le ressort principal de l'attrait des affaires réside dans l'étonnement face à une rupture du réel, une histoire singulière à laquelle on essaie de donner un sens ou du moins de la comprendre. Témoin, cette mère qui tue ses huit bébés entre 1989 et 2008, après avoir accouché seule. Pourtant, ses deux premières grossesses étaient normales.
Je rends justice à
Emmanuel Roux et
Mathias Roux en jugeant leur ouvrage exceptionnel, qui se mérite au terme d'une lecture attentive et lente. Je tenais à le lire, puisque volontairement à l'écart des prétoires et des commissariats, j'ai néanmoins vu de nombreux films consacrés aux récits fabuleux.
Au fond, une affaire nous tend un miroir de la société à un moment donné, soulignant la complexité et l'énigme de la nature humaine. Autant que l'acte commis, un procès se doit de juger son auteur. La plupart des accusés ont eu des enfances fracassées, ce qui a amené en 1832, l'introduction des "circonstances atténuantes" dans le Code pénal.
P.S. Tiens, vous n'avez pas vu
Xavier Dupont de Ligonnès ces jours-ci ?
La presse l'avait formellement reconnu en 2019 avant de démentir le lendemain. Et voilà qu'il vient de réapparaître... Preuve si l'en est qu'une affaire peut réveiller instantanément des passions sur plusieurs décennies. J'en cite une autre : l'Affaire Grégory.