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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Attention, un monstre peut en cacher bien d'autres... C'est ainsi que dans cette capitale (non nommée) une créature non identifiée sévit, provoquant dommages matériels et pertes humaines. Quelle est donc cette créature venue de nulle part ? Nul ne le sait, et on s'apercevra qu'elle possède un rôle certain : celui d'alimenter les conversations, de faire couler de l'encre et de motiver le milieu des journalistes, elle hantera les esprits tout au long de ce lourd pavé.

Et elle cachera bien d'autres démons : les démons que tous, nous renfermons : tes démons David, le commercial, le winner, le dragueur, l'instable, tu les caches bien, tes doutes, et tu sauras les exprimer.

Tes démons Alice, tes angoisses, tes craintes, tes principes, tes certitudes qui peut-être, ne demandent qu'à être brisées.

ses démons, ceux de Dominique, sa recherche d'identité, sa quête de vérité, lui le grand catalyseur, le maître des philtres qui mettra en présence deux éléments d'un couple improbable à l'avenir incertain.

Les monstres, les monstres et encore les monstres, prouesse littéraire à l'écriture fluide certes, toutefois long, long, si long.… tellement longuet que je me félicite d'être allée jusqu'au bout de ce roman, poétique souvent, bien écrit toujours, bien mystérieux quant à l'ambiance générée par ce texte aux passages volontairement sibyllins.

Certains adoreront, d'autre apprécieront, je n'en doute pas, question de choix littéraires. Aussi n'hésitez pas à vous plonger dans cette lecture sans pour autant tenir compte des idées personnelles que j'ai couchées sur le papier.
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Les monstres sont parmi nous

Charles Roux se lance dans le roman avec un pavé de 600 pages qui, sous couvert d'une rencontre entre un cadre commercial et une prof, va explorer tout ce que notre société compte de monstres.

David s'apprête à rejoindre sa femme et ses enfants partis pour des vacances en bord de mer. Mais avant de prendre la route, il lui faudra passer encore une journée au sein de son entreprise. En attendant, il parcourt la ville qui est au coeur de l'actualité, «excité, amusé par l'odeur du sang dans l'air».
De son côté, Alice a laissé les copies de ses élèves pour l'argile de sa sculpture. Des «humanoïdes argileux» inertes, mais qui enflamment l'imagination.
Dominique s'est habillée et maquillée pour sortir, pour aller dans ce bar où elle ne devrait pas tarder à trouver un homme. En fin de compte, elle rentrera se coucher seule. Alors Dominique se dépouille de ses oripeaux et se roule dans ses draps. Elle est redevenue lui. Au réveil, ses poils ont poussé et ce qu'il incarnait la veille s'est évaporé.
Avant de commencer sa journée, Alice enfile un informe jogging, des baskets usées et part courir. L'occasion aussi de réfléchir à ce monstre invisible qui hante la ville. Lui vient alors à l'esprit l'image du golem, cet homme fait de terre, comme ses sculptures.
Dominique penche plutôt pour une mécanique savamment orchestrée. Comme des automates capables de ne jamais se fatiguer et de répandre la peur sur la ville.
David pencherait plutôt pour les zombies, ces monstres revenus de la mort et qui semblent être totalement décérébrés. Un peu comme tous ces travailleurs prisonniers d'un système auquel ils se soumettent aveuglement.
On l'aura compris, Dominique, Alice et David vont finir par se rencontrer. Cela va se passer «Chez Dominique» où se déroule une soirée très particulière dans un endroit qui ne l'est pas moins.
Charles Roux explore tous les aspects du monstre, de la pulsion individuelle au dessein collectif. Il creuse aussi la perception que chacun peut en avoir, entre fascination et répulsion. Comme ses personnages, le lecteur est appelé à se poser des questions dérangeantes. Jusqu'à quel point ne sommes-nous pas nous-mêmes monstrueux? Lorsque l'on joue avec le genre? Avec la fidélité d'un mariage? Avec la manière dont on traite ses élèves? Des questions que le roman met en scène dans une logique implacable, faisant entrer le surnaturel comme une évidence.
Sous l'oeil de Dominique la sorcière, il va happer Alice et David et modifier leurs repères. La tension, introduite dès les premières pages avec ce danger qui plane sur la ville, tient tout au long des 600 pages. Et ce n'est pas la moindre des qualités de ce premier roman audacieux.


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Les monstres
CharlesRoux
RD : Rivages


Trois voix , trois personnages qui vont se rencontrer, cette rencontre pourrait changer leurs vies.
Tu, David, jeune cadre dynamique marié , père de famille, à qui tout réussit, enfin, apparemment.
Vous, Alice , vieille fille complexée, professeur par dépit, que tout terrorise.
Dominique, homme, bientôt femme ?
Dans une ville terrorisée par un monstre, David va inviter Alice rencontrée sur un site de rencontres dans le restaurant très particuliers de Dominique, sorcier en mal d'identité dont c'est le dernier diner.
Au fil de ce roman de 600 pages, on suit l'évolution de ces personnages et de leur personnalité.
Seraient ils comme beaucoup d'autres des monstres? Quelle est leur face cachée ?
Si ce récit ne manque pas d'originalité, il m'a paru vraiment trop long, un peu tordu et alambiqué et ceci n'est pas un mensonge….

Lu pour les 68 premières fois
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Ce roman est ambitieux, de surcroit pour un premier ! Innovant, admirablement écrit, l'auteur décortique, dissèque les mécaniques psychiques, dénis, défenses, troubles et complexes, avec une intelligence analytique sans faille, sans omettre la peinture sociale ! Notre monde actuel est passé au crible sous un regard sans concession, direct et franc, et indéniablement honnête et réel. Mais de quoi parlons-nous et quelle est la visée de l'ouvrage si tant qu'il faille lui trouver un objectif ?
Un polar, une énigme, une romance, un conte philosophique relayant des interrogations existentielles sur l'identité, l'ego et le Je, le soi à connaître et à libérer, le soi au milieu des autres ?
C'est sous la houlette de monstres, énoncés dès le titre, et plus précisément d'un monstre, un invisible qui sème la terreur en ville, que l'auteur nous embarque dans une histoire, une valse à trois temps, entre trois personnages Alice, David et Dominique, lesquels ne se connaissent pas au début du récit. Mais peut-être serait-il plus juste de parler d'une valse à quatre temps car la voix narrative figure selon moi en tête d'affiche du casting des premiers rôles.
La voix m'a happée d'emblée. Narration classiquement omnisciente et de façon plus étrange interne et très impliquée puisqu'elle s'adresse directement à deux de nos héros, avec un tu familier ou un Vous plus policé et de façon plus classique se retire en décrivant le troisième. Judicieux stratagème pour tenir le rythme et la chorégraphie entre les trois sans qu'on s'y perde. A la façon d'un oeil, d'un Big Brother qui observe, oriente, elle est cette voix qui interpelle, reconnaissable entre mille. Elle procède comme une conscience, un gendarme réprobateur ou un miroir parlant et sans filtres, écho de l'intime muette qui défile en pensées. Prophète en sa demeure, elle est partout, tout le temps, instantanément liant les trois dans un temps d'éternité, se jouant du suspens qu'elle met en scène pour les heures à suivre et l'issue qu'elle sait déjà. Elle n'est pas franchement amicale, plutôt directive, elle accompagne avec fermeté nos trois héros, passant au chinois toutes leurs failles, révélant les secrets, traquant les lâchetés, les mauvaises fois usées pour fuir ses responsabilités. Elle les passe au tamis de la réalité, de leur vérité subjective, et démonte un à un tous leurs petits arrangements quotidiens.
Ensuite seulement j'ai lu le décor, l'ambiance de terreur qui règne dans cette métropole : un dédale d'immeubles, de rues bétonnées et de tours de verre où se massent sans se connaître des gens par millions. Un monstre y sévit les nuits et agresse, lacère et tue. Effroi et excitation montent en puissance devant un danger inexpliqué qui éveille les basses pulsions et agite les fantasmes. Alice, David et Dominique comme tant d'autres évoluent dans ces murs, pris dans leurs existences respectives. On observe dès lors comment la Bête impacte, résonne, indiffère ou exacerbe leurs mouvements, leurs réactions ; comment l'ignoble électrise leur quotidiens, braque un projecteur puissant sur leurs névroses respectives, aiguisant vivement leurs interrogations, provoquant plus loin leurs dilemmes, épuisant leurs dernières ressources. La voix sait leur prochaine rencontre et nous y amène avec eux par palliers, attisant notre curiosité jusqu'à la soirée annoncée, cadre extraordinaire pour une expérience inédite.
La figure, multiple, du monstre dans la différence qu'il oppose provoque la mise en lumière des zones d'ombre qu'on ne peut plus se cacher. L'altérité dans ce qu'elle a aussi de terrifiant convoque l'étrange en soi, ce qui fait honte souvent, ce qu'il est préférable de voiler pour rester inscrit dans le groupe, le semblable. Ainsi qu'est-ce qui fait monstre et aux yeux de qui ? Ne sommes-nous pas tous à même de nous conduire avec monstruosité ? Ne sommes-nous pas déjà aliénés, pris dans un système qui nous dépasse, nous enferme et nous baillonne ? Des zombies enchaînés dans la répétition d'une productivité, d'un schème à respecter comme modèle unique ? Des bêtes assoiffées de sensations fortes et aux désirs inavoués, inavouables donc potentiellement bombes à retardement ?
Les Monstres, c'est nos contemporains, donc un peu de chacun, et leurs réponses, leurs aménagements face à la cruauté du monde dans lequel ils sont plongés : monde dont on connaît la beauté et les richesses autant que les affres, les risques et les violences. Face à la monstruosité, au gigantisme de cet univers, que sommes-nous à même de répondre seuls et entourés ?
L'auteur a l'audace d'adopter un ton singulier, et le fait brillamment. Il flirte avec les limites, la frontière entre le tangible et le fantastique sans jamais pour autant quitter la pugnacité du réel.
Alors pourquoi je ne suis ni émue, ni bousculée ni franchement emportée. Ma lecture, même à quelques jours de distance, reste objective et distancée. J'y ai lu un énième constat sur notre condition. Déprimant ? Peut-être, pourtant il est aussi question de liberté à conquérir, de coeurs imparfaits mais valeureux dans ce long et dense roman. Parfois la pertinence est trop disséquée, et par conséquent alourdit le propos, enlise la trame, laquelle a perdu de son mystère, le suspens glaçant est retombé….La voix si elle percute au début, s'efface de plus en plus sur la deuxième moitié de l'ouvrage et dès que nos trois personnages se rencontrent dans le restaurant des mensonges le lecteur n'est plus tenu par la résolution d'une énigme. On a compris et le constat est…ce qu'il est.
Alors si je suis épatée par la rédaction d'un tel roman, soutenue par un style parfait et une réflexion solide, pointue, je dois avouer mon ennui par moments, ma déception sans doute face à un fantastique qui n'est pas assumé ou choisi pleinement, un onirique trop peu exploité, comme des tentatives avortées face à l'analyse exigeante -trop chirurgicale ?- de notre société et de nos rapports humains. Sans doute mon inconscient, par définition tapi dans l'ombre de ma conscience réflexive, aurait eu besoin d'être emporté, secoué, détourné par la force de l'imaginaire plutôt que d'être conforté par une résonance intellectuelle aussi pertinente soit-elle.


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« Ne sommes-nous pas, comme le fond des mers, peuplés de monstres insolites ? » - Henri Bosco, le récif

« Il [Dominique] sait aussi que derrière beaucoup de mystères se cachent souvent des réalités palpables, des phénomènes explicables qui apparaissent incroyables pour qui ne sait pas ce qui se trame en coulisse. Parfois, la sagesse commande d'ailleurs de ne pas chercher à creuser, de se contenter de l'émerveillement de surface, d'apprécier le geste habile d'un magicien, l'histoire improbable d'un conteur. »

Les Monstres, 1er roman de Charles Roux publié en ce début d'année aux Éditions Rivages, est de prime abord exactement cela :

« le geste habile d'un magicien, l'histoire improbable d'un conteur. »

Ce roman, qu'il m'est impossible de qualifier autrement que de chorégraphique, fait se mouvoir, en une alternance de chapitres savamment orchestrée, trois personnages - Alice, David et Dominique. Alors qu'une voix, omnisciente, scrutatrice et disons-le carrément dérangeante, s'adresse aux deux premiers en usant du « vous » avec Alice, du « tu » avec David sans se montrer plus familière pour autant, cette même voix se contente de raconter Dominique, prénom épicène pour un personnage qui n'est vu qu'en surplomb, insaisissable entre « il » et « elle ».
Ce travail d'écriture, ciselé, met en mouvement le récit. Son rythme languissant rappelle celui, baroque, d'une passacaille à trois temps, telle celle du Persée de Jean-Baptiste Lully, où les danseurs tournoient et se frôlent avec lenteur (LWV 60, pour les curieux). Chacun des personnages occupe de courts chapitres, sans jamais interférer avec les autres, avant que la scène centrale du dîner ne les fasse enfin se rencontrer. Pourtant, qui sait prendre son temps - et comment ne pas le prendre avec ce roman ! - ne manquera pas de noter :

• l'écho des rimes à l'intérieur des paragraphes ;
« Poubelles renversées, traces de griffures. Pierres descellées, menaçantes écritures. Voitures vandalisées, sang sur les murs. Pour sûr, il n'est pas loin. »
• ou encore les liens, presque invisibles tant ils sont ténus, que l'auteur a pris soin de tisser entre chaque chapitre et, partant, entre chacun des personnages. Ainsi, il n'est pas rare qu'il y ait un glissement d'une fin de chapitre à l'ouverture du suivant : « une vulgaire paire de seins » (page 52) et « les deux excroissances modelées au niveau de la poitrine » (page 53). Un peu plus loin, Alice retire ses fripes pleines de sueur avant de filer sous la douche (page 117) quand David se remet d'aplomb sous le jet d'eau froide (page 118). Plus loin encore, « [l'] inédite concentration [qui] tire les traits [du] visage » des élèves d'Alice (page 144) se lit sur les visages des auditeurs d'un David convaincu que « pour obtenir l'attention des autres, rien de tel que de faire forte impression » (page 145).

Par ailleurs, Charles Roux n'hésite pas à recourir à l'anaphore :

« Peu importe ce qui compte ce soir, c'est que la vérité éclate, car c'est la véritable raison d'être de ce restaurant de mensonges. »
« Peu importe que cela amène certains à se déchirer, l'essentiel est que la vérité, même monstrueuse, triomphe. »

J'arrête là mais, faites-moi confiance, les exemples sont légion. Autant d'artifices d'écriture qui aident l'auteur à installer le rythme dans la durée, à confectionner une trame solide, propice aux rapprochements entre ses personnages, presque à l'insu du lecteur qui pressent tout de même qu'Alice, David et Dominique vont se rejoindre alors que rien ne les y prédispose. J'en suis encore à me demander comment Alice, la timide et timorée Alice, se retrouve à accepter l'invitation à dîner d'un inconnu sur un site de rencontres...

Oui, Les Monstres est un roman à la construction audacieuse, parfaitement maîtrisée, qui me laisse d'autant plus admirative que c'est un premier. Mais une construction, aussi inventive soit-elle, est-ce suffisant ?

Voilà trois personnages qui vont vivre leur dernière journée en ville.
Alice, la quarantaine célibataire, sculptrice autodidacte et professeur d'histoire, sera en vacances le soir même. David, cadre de moins en moins dynamique, dont le couple est usé par la routine, ira retrouver Stéphanie partie avec leurs deux enfants au bord de la mer. Le/la Chef(fe) Dominique, jamais remis(e) du décès de son compagnon, ouvrira son restaurant éphémère et confidentiel à de rares invités triés sur le volet. À moins que…
Voilà trois personnages parvenus à ce moment de la vie où il est besoin de faire le point, trois personnages qui se savent arrivés à l'orée d'un renouveau possible à condition qu'ils s'en saisissent sans tarder, trois personnages enfin livrés à eux-mêmes dans une ville elle-même livrée à un « monstre invisible » qui agit durant ces heures propices à la résurgence de nos pires craintes. le monstre, autant que la nuit, aiguisent la peur des uns, la curiosité des autres et, comme il se doit, la voracité loquace des médias.

« Plutôt que de vendre un peu de mystère aux auditeurs, cette petite imbécile s'escrime à démonter ces mythes, à expliquer qu'aucune source écrite sérieuse n'atteste de la véracité de ces faits, que cela tient de la superstition moyenâgeuse… encore une qui n'a rien compris à ce qu'on attend d'elle. »

L'auteur vend du mystère à son lecteur qui sent la tension monter. Lentement. En ce sens, Les Monstres est un roman d'atmosphère dans lequel rien ne se précipite et, je le reconnais, il m'est arrivé d'y trouver le temps long au point de vouloir accélérer la rotation des aiguilles de la coûteuse montre de David ! Si les premières pages m'ont aussitôt mise en appétit, j'avoue avoir eu bien du mal à conserver aiguisé cet appétit, une fois passée à table. Les quelque - interminables - 200 pages de ce repas pris Chez Dominique m'ont paru indigestes en ce qu'elles n'évitent pas les redites, avec cette impression prégnante que l'auteur me repassait les plats. En effet, les révélations qu'elles sont censées apporter ne nous apprennent rien que l'on n'ait déjà deviné puisque la voix omnisciente nous a révélé les personnages d'Alice et de David, leur présent, leur passé, leurs craintes comme leurs aspirations. Ces révélations nous permettent toutefois de découvrir d'autres facettes de Dominique que l'on voit enfin à l'oeuvre, maître de cérémonie entre ombres et lumières dans son restaurant qui tient du cabinet de curiosités.

« Chez Dominique, le restaurant de mensonges est bien plus qu'une simple idée. C'est un révélateur de ce qui se cache à l'intérieur. de la vérité pure débarrassée des habits sociaux de la tromperie permanente. Vous ne savez pas si vous trouvez cela bien ou pas. »

Comme l'écrit Madeleine Ferron « Chacun a en lui son petit monstre à nourrir » et le roman de Charles Roux, avec ses 600 pages, sa pincée de fantastique et son zeste de magie, est pour le moins roboratif. À la recherche d'eux-mêmes dans le dédale des rues de cette ville-capitale qu'un monstre, insaisissable, arpente chaque nuit, Alice, David, Dominique doivent se résoudre à affronter leur monstre intérieur nourri de leurs peurs, leurs manques, leurs masques et leurs fantasmes.

Si « ce soir, derrière le masque, il n'y aura qu'une seule et unique personne […] », laquelle réfléchira le miroir du cabinet de curiosités que Dominique fait visiter à ses invités ? Que verront David et Alice, through the looking-glass ?

« Savoir qu'il existe une autre possibilité, l'impensable mais pourtant réelle éventualité que ce monstre invisible ne soit personne d'autre que lui-même. »

Comment avancer quand le passé leste l'avenir ?
Comment éviter la routine et l'usure ?
Comment se défaire des faux-semblants et émerger, neuf, du marasme urbain et social ?
Est-ce indispensable de courir après la réussite ? et, accessoirement, qu'est-ce que réussir ?
etc.

Autant de questions essentielles - à défaut d'être originales - que pose Charles Roux. Elles vont, viennent, se perdent, ressurgissent dans la forme labyrinthique de ce roman ambitieux qui scrute avec une brillante acuité notre époque et notre société.
Et la lectrice que je suis de s'être à son tour perdue :
• dans le dédale des réflexions de personnages en proie à leur altérité monstrueuse ;
• dans le dédale de ce roman, monstre en manque de silences et au suspens assez vite émoussé en dépit de ses 600 pages.
En ce qui me concerne, il est flagrant que, comme tout monstre qui se respecte, ce roman a joué à merveille sa duelle partition fascination/répulsion.

« Pour saisir certaines choses, il faut être capable de dépasser ses horizons de pensée habituels, reconnaître son ignorance et croire, tout simplement.
Croire à l'improbable. Croire à la magie. Croire aux légendes et aux contes de fées, aux magiciens et aux sorcières. »

Alors, pourquoi cette pointe de déception ?
Peut-être ai-je perdu mon âme d'enfant et n'y ai-je pas assez cru ?
Peut-être aurais-je dû avoir « la sagesse [qui] commande [...] de ne pas chercher à creuser, de se contenter de l'émerveillement de surface » pour me laisser emporter ?

1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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