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Citations sur Tout ce dont on rêvait (49)

À ce stade de son existence, l'unique certitude de Justine quant à la nature humaine résidait dans le fait que l'immense majorité des hommes, à commencer par son propre père, étaient à ranger sous l'index sombres abrutis de son petit répertoire psychosociologique personnel. Elle avait alors vingt-cinq ans, et son expérience intime — onze années de galères sexuelles, d'abus de confiance, de faux départs, d'humiliations tous azimuts — l'encourageait à cette catégorisation un rien abusive. Son aigreur envers les représentants de l'autre sexe ne constituait en réalité qu'une toute petite fraction de sa hargne, sa colère composait un diamant brut, facetté de milliers d'autres rancœurs contre les abus de tout poil, les injustices, les passe-droits et, d'une manière générale, contre un état du monde de plus en plus bancal : Justine était à cran.

Page 11, Livre de Poche, 2019.
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- Est-ce que tu connais une seule personne de plus de quarante ans qui est ne serait-ce qu'un peu heureuse et équilibrée ? On fait tous avec, crois moi.
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En réalité, si l’on voulait vraiment creuser ce qui, dans l’échelle des humiliations domestiques, était désormais le plus atroce, la palme était sans conteste remportée par les instants où sa femme de ménage occupait les lieux. C’était pour lui insupportable d’être en situation de devoir payer quelqu’un pour un boulot alors que lui n’en avait plus.
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Comme vous n'êtes jamais arrivé à rien, ça vous ennuie que les autres arrivent à quelque chose. C'est même ce que vous détestez le plus chez eux, il me semble. Et pire encore chez vos enfants. Vous êtes maladivement jaloux de tout.
En fait, je crois que vous n'êtes pas méchant, Joseph, vous êtes juste un raté malheureux et aussi un raté très seul.
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Et puis arriva la fin du mois de juillet, et, avec elle, le temps des vacances. Ce mot révulsait Nicolas, il le renvoyait à son étymologie : vacance, à l'origine, ne signifiait pas autre chose qu'être sans. Sans, Nicolas l'était depuis trop longtemps. Sans travail, sans joie, sans désir. Inutile d'adjoindre le moindre vide à un vide déjà considérable.
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Comme il était souvent très difficile d’accompagner un grand malade au jour le jour, il était tout aussi pénible de vivre quotidiennement aux côtés d’un mari sans emploi. Il fallait sans cesse cacher ses joies comme ses désespoirs, terrer une partie de soi, se renier en somme.
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Mieux vaut une famille bancale que pas de famille du tout.
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Le monde appartient aux optimistes, les pessimistes ne sont que des spectateurs.
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Justine, tu sais combien de personnes sont nées dans les dernières vingt-quatre heures ? Deux cent quarante-quatre mille. Notre planète héberge exactement deux cent quarante-quatre mille personnes supplémentaires par jour. Deux cent quarante-quatre mille personnes qu'il va falloir nourrir, habiller, divertir, équiper assez rapidement de smartphones, de laptops et de tablettes, et donc pour lesquelles il va falloir abattre toujours plus de forêts, mettre en culture toujours plus de nouvelle terres, déséquilibrer toujours plus sauvagement l'économie et le sous-sol de pays déjà pas mal amochés par le démantèlement de leur ressources minières. C'est ça la grande théorie du capitalisme. Toujours plus.
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Le plus pénible maintenant, c'était d'être seul chez soi, tout le temps, à ne rien faire ou presque. L'appartement était devenu son ennemi, sans cesse il semblait désigner Nicolas et le convier à admettre qu'il n'aurait jamais dû se trouver là, en cet endroit, à cette heure, sur cette chaise, dans ce fauteuil, sur ce lit, affalé devant cet ordinateur ou télévision. Les déjeuners par exemple, qui constituaient une transition naturelle, un sas légitime dans la journée bien remplie de n'importe quel travailleur, stigmatisaient pour lui l'infinie lenteur d'heures passées sans aucun projet, sans aucune perspective, la répétition ininterrompue d'une même vacuité, un mitan douloureux où la moitié de la journée était encore à affronter alors que l'autre moitié venait à peine de péniblement se conclure.
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