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Critique de motspourmots


"Je me rappelle comme si c'était hier le moment où j'ai refermé la porte. le souvenir de Baba et mon sac étaient mes seuls bagages. Je n'avais aucun endroit où aller. Je me souviens m'être demandé s'il était possible qu'une route ne finisse jamais. Alors j'ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu'où la route irait. Cela me semblait un bon début."

Un bon début, oui. Pour cette histoire et pour la carrière d'écrivain de Laurine Roux qui signe ici un premier roman singulier, à l'écriture charnelle, à la fois forte et poétique. Un texte à travers lequel on retrouve la magie du conte qui nous transporte dans un autre univers, proche et lointain en même temps. Il suffit de se laisser porter, de se laisser aller à la suite de cet incipit prometteur : "A présent il faut que je raconte comment Igor est entré dans ma vie"...

Ce roman, c'est d'abord un décor. Une grande étendue glacée et sauvage, qui évoque fortement les territoires sibériens peu accessibles et désertiques. La nature est omniprésente, forte, majestueuse, cruelle parfois. Une nature qui a survécu au pire de ce que les hommes sont capables de produire et qui nourrit désormais les générations d'après le "Grand-oubli" tout en leur rappelant à chaque minute sa puissance. Igor est une force de la nature, comme s'il puisait en elle toutes ses ressources et il produit sur la narratrice un tel effet qu'elle décide de le suivre à la minute même où elle le voit. Mais l'histoire d'Igor est notre histoire à tous, une histoire d'amour et de fureur, de bruit et de douceur. Dans laquelle il est question de transmission, des traces que nous laissons et de ce qui nous dépasse.

"En relevant la tête, le spectacle de la forêt tout autour me saisit. Tout me revient. L'immensité du ciel. La traînée laiteuse d'un nuage juvénile. La fulgurance des trouées de lumière à travers les frondaisons. Un bourdon volette au-dessus de ma tête, plein d'une grâce pataude. Tout entre dans mes poumons. Je lampe l'air à grandes goulées, et ma langue reconnaît dans ce baiser un goût de terre et de ciel. Vert et bleu. Les couleurs des baisers d'Igor."

Laurine Roux crée peu à peu un climat intemporel où domine la nature dans sa toute-puissance, témoin éternel de l'agitation des hommes et parfois de la beauté éphémère d'une histoire d'amour. On songe à de nombreuses références, on pense à l'influence de la littérature post-apocalyptique mais surtout, on reste subjugué par la force des images qui se déploient devant nos yeux redevenus ceux de l'enfant captivé par l'histoire du soir.

Une immense sensation de calme est un roman court mais intense, qui convoque les sens autant que les neurones pour leur offrir une expérience de lecture totale. Une jolie curiosité que je vous invite à découvrir sans plus tarder pour quelques heures de plaisir ouatiné.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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