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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le premier roman de Marie Rouzin est une longue mélopée, poétique autant que douloureuse, d'une mère violentée à la recherche du père de ses jumeaux.

Une longue errance, des endroits mystérieux, une violence latente et au milieu de ce chaos, des hommes et des femmes qui tentent de résister. Un combat qui semble pourtant perdu d'avance tant ils semblent broyés par un système qui a fait de la répression la première des règles.
Dans les premières pages de ce court roman, Marie Rouzin nous parle d'une vieille femme dont on va retrouver le cadavre. Une vieille qui s'était enfuie de la pension où elle séjournait pour tenter d'atteindre l'entrée des Enfers «pour y trouver son homme, mort l'année précédente». Elle nous parle aussi d'un homme qui voulait s'immoler par le feu. La poignée d'hommes et de femmes qui sont témoin de ces drames plient leurs tentes et prennent la route pour µéviter les emmerdes».
Parmi eux, une femme avec un ventre énorme. Andronica est sur le point d'accoucher. Elle parviendra à atteindre la roulotte de la vieille Sybille pour y mettre au monde deux garçons, Achille et Ido. Deux enfants nés d'un viol qu'elle prend avec elle pour les présenter à leur père : «Nous allons le trouver, ce fils de chien, qu'il approuve le nom de mes enfants et qu'il reconnaisse son acte. Ensuite je partirai et jamais plus il ne me verra, ni les enfants, qui ne seront jamais siens, parce que c'est avec violence qu'il les a mis dans mon ventre et cette violence lui enlève à jamais le droit à la douceur d'avoir des enfants.»
Accompagnée dans son périple périlleux et hasardeux par la narratrice, Andronica va croiser des hommes résignés et harassés, mais aussi des hommes en colère. Sur le chantier où elle espère trouver le père de ses enfants les cadences infernales, l'organisation du travail, la hiérarchie et les risques permanents ne sont plus acceptés sans rechigner. le vent de la révolte se lève…
Avec des phrases courtes qui résonnent comme des incantations, Marie Rouzin fait se rejoindre le combat d'Andronica et celui des ouvriers dans un creuset incandescent. Parviendront-ils chacun à leurs fins? C'est ce suspense qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'à la fin du livre.


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Circulus commence et finit par une scène étrange où la narratrice, une femme solitaire privée de parole échoue comme attirée par son destin.
Avec elle, on entre silencieusement dans un bois à la périphérie d'une grande ville. Là, elle rencontre Andronica, une femme enceinte de jumeaux, pétrie de colère, des hommes désespérés et une vieille, morte et recroquevillée dans une caisse en bois. Après avoir brûlé le cadavre, tous s'enfuient. La narratrice suit Andronica dans la roulotte de la vieille Sybille où elle accouchera dans la douleur. le premier enfant se nommera Achille. Alors qu'Andronica est évanouie, Sybille baptise le second Auguste. A son réveil, Andronica s'y oppose, préférant le prénom d'Ido. Seul le père, un compagnon de route qui l'a violée, peut valider le nom de ses fils. La muette accompagne Andronica dans sa recherche du père sur les chantiers de la ville.
« Elle sera le témoin de tout ce que je vais faire pour que mon enfant ait un nom digne, un nom d'homme. »
S'ensuit alors comme une comptine où chaque personne croisée se joint à Andronica, cette beauté en colère portant fièrement ses fils. Teli est la veuve d'un immigré mort sur un chantier. Tara, migrante qui a fui la guerre pour retrouver les combats d'un pays qui la rejette, déclame ses paroles violentes, maudissant le monde entier. On s'arrête un instant sous la tente des frères Odyn et Faustin, des SDF installés sur le bord du périphérique.
« Aucun d'entre nous ne devraient être dehors. »
Sans eux, les nombreux chantiers de la ville ne se feraient pas.
Ouvriers, gens du cirque, femmes, tous forment un cortège pour faire valoir leurs droits, celui de rester sur le sol de ceux qui les exploitent dans les chantiers. Cette réunion devient presque festive, matérialisation de quelque chose de beau. Enfin!
Andronica, femme majestueuse, itinérante depuis sa naissance, se veut en guerre pour avoir le droit de dire non. Elle entraîne dans sa fougue tous ces laissés pour compte qui n'ont parfois d'autre issue que l'immolation, la violence ou la fuite.
Ce voyage initiatique dans le monde des migrants, itinérants, en combat permanent pour leur survie est beau, porté par le personnage courageux d'Andronica. J'aurais toutefois aimé en savoir davantage sur le personnage de celle qui nous donne à voir, sans parole, ce monde à notre périphérie. Elle peut sans doute nous représenter, nous qui sommes souvent sans voix face à ces malheureux, incapable d'agir. Peut-être simplement leur donner une existence, une écoute le temps d'une ronde, d'un cercle, d'une figure acrobatique en attendant un nouveau soleil.
Un bon premier roman.
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En périphérie d'une grande ville, la narratrice, une jeune femme perdue dans un bois, dont nous ne serons rien, regarde un groupe de plusieurs personnes autour d'un feu dont une très vieille femme dans une caisse et une femme enceinte. Cette dernière lui propose de les rejoindre. Elle va la suivre, sans un mot, jusqu'à sa caravane où elle accouche de jumeaux, issus d'un viol. Andronica, tel et son prénom crie sa colère contre le père de ses enfants et la vieille femme qui l'a accouchée et s'est permis de donner un prénom au dernier né alors qu'elle était évanouie.
Il lui faut absolument, enfin c'est ce qu'elle veut, retrouver le père, qui l'a violentée, pour qu'il nomme les enfants, entérine les deux prénoms et ainsi, reconnaisse son acte et ainsi, efface l'affront de l'accoucheuse.
Les deux femmes et les jumeaux entrainent avec elles d'autres femmes en colère rencontrées au cours de leur périple.
J'ai traversé avec elles, un territoire fait d'abris précaires, de réfugiés, de sans-papiers exploités dans les grands travaux qui parsèment la périphérie ceci, bien entendu, sans aucun contrat de travail. Beaucoup de morts sans nom, sans sépulture décente jalonnent les constructions.
La colère d'Andronica qui la gueule à plein poumons va attirer un attroupement. Les ouvriers des chantiers arrivent, écoutent. Les langues se délient, les colères sortent, les larmes jaillissent.
« C'est comme nous, à dit un autre homme, nous avons déjà un travail, il faudrait donner un nom à ce travail, il faudrait que ce travail soit reconnu.
Entendus, il faudrait que nous soyons entendus, a dit un dernier. »
Ce road street trip, voyage initiatique, voyage de la reconnaissance, de l'autorisation à s'exprimer, de la demande de reconnaissance des autres. Peut-être permettra t-il à ces hommes et femmes d'être reconnus, de pouvoir être nommés, d'avoir un nom.
Une démarche singulière ? le silence de la narratrice renforce le cri d'Andronica et des autres. Ce voyage lui permettra peut-être de trouver sa voie et retrouver sa voix.
Un récit singulier, original qui crie ce besoin du nom qui nous différencie les uns des autres. J'ai apprécié que les coups de gueule d'Andronica amènent les gens à se regrouper, à leur permettre de parler, d'oser le faire.
Circulus, cercle qui entoure les femmes et qui grandit, s'exprime, crie ; cercle vicieux de la pauvreté, cercle de la piste de crique, cercle de la violence… Un premier roman court mais fort, avec une note d'espoir ou d'espérance.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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