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Citations sur L'Écrivain-militant (4)

Notre stratégie ne doit pas se limiter à résister à l’Empire, mais bien à en faire le siège. À le priver d’oxygène. À lui faire honte. À le ridiculiser. Avec notre art, notre musique, notre littérature, notre opiniâtreté, notre joie de vivre, notre éclat, notre implacable détermination – et notre aptitude à raconter nos histoires à nous. Et pas celles dont on nous matraque quotidiennement.
La révolution de la mondialisation échouera si nous refusons d’acheter ce qu’elle a à nous vendre – ses idées, Sa version de l’Histoire, ses guerres, ses armes, sa notion de l’inéluctable.
Et souvenez-vous d’une chose : nous sommes nombreux, et ils ne sont qu’une poignée. Et ils ont besoin de nous plus que nous n’avons besoin d’eux.
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Nous avons la liberté de parole. Sans doute. Mais est-ce une liberté authentique? Si ce que nous avons à dire ne "se vend" pas, le dirons-nous quand même? Le pouvons-nous? Ou bien tout le monde ne cherche-t-il à dire que ce qui "se vend"? Se pourrait-il que les écrivains finissent en amuseurs de cour? Ou bien, plus subtilement, en eunuques royaux version XXIe siècle, pourvoyant aux plaisirs de nos P-DG en exercice? Vous voyez ce que je veux dire... des garçons plutôt lestes, mais gentils. Au comportement osé peut-être, mais sans risque.

La parution de mon premier roman, et, à ce jour [2001], unique roman, Le Dieu des Petits Riens [Booker Prize 1997], remonte à plusieurs années. Dans les premiers temps, on me décrivait - on me présentait - comme l'auteur d'un premier roman dont le "succès" (passez-moi l'expression) était une bizarrerie de l'édition. Aujourd'hui, c'est moi qui suis bizarre. Je suis, apparemment, ce que le jargon du XXIe siècle appelle communément un "écrivain-militant". (Sur le modèle de banquette-lit.)
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Dans les circonstances actuelles, je dirai que la seule chose qui vaille la peine d'être mondialisée, c'est la contestation. Et c'est là ce que l'Inde peut exporter de mieux.
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Dans de telles circonstances, l'étiquette d'"écrivain-militant" censée rendre compte de mes activités professionnelles me fait doublement sourciller. D'abord, parce qu'elle vise à diminuer à la fois les écrivains et les militants. Elle cherche à réduire les potentialités de l'écrivain, son ampleur, son envergure. Elle suggère, d'une certaine façon, qu'il est par définition trop veule pour faire preuve de la clarté d'esprit, de la rigueur, du raisonnement, de la passion, du courage, de l'audace et, si besoin est, de la vulgarité que suppose une prise de position publique sur des questions politiques. Inversement, l'étiquette suggère, que les militants se situent à l'extrémité la plus grossière, la moins raffinée du spectre intellectuel. Qu'ils sont des "preneurs de position" professionnels, et que, par conséquent, ils sont incapables de complexité et de subtilité intellectuelle, ne manifestent qu'une compréhension des choses primaire, simpliste et partisane. Mais ce que je reproche le plus à ce terme, c'est qu'en s'efforçant de "professionnaliser" le militantisme, il a pour effet de restreindre le problème et de suggérer qu'il appartient aux seuls professionnels, autrement dit aux militants et aux écrivains engagés, d'y faire face.

Le fait est que ce qui se produit aujourd'hui n'est pas un "problème", et que les questions que certains d'entre nous soulèvent ne sont pas des "causes". Il s'agit de véritables cataclysmes politiques et sociaux qui ébranlent le monde. On ne se sent pas engagé parce qu'est écrivain ou militant, mais parce qu'on est homme. Militer par le biais de l'écriture est ce qu'un écrivain peut faire de mieux. Il est vital de déprofessionnaliser le débat public sur des sujets qui affectent directement la vie des gens ordinnaires. Il est grand temps d'arracher notre avenir aux "spécialistes". Grand temps de poser, dans le langage de tous les jours, la question publique et d'exiger, dans le même langage, une réponse publique.
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