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Critique de Saiwhisper


Voici un roman prometteur qui avait de bonnes bases pour débuter une intrigue SF très sympa : un Grand Nuage toxique et meurtrier a saccagé le monde que nous connaissons. Pour survivre, les Hommes ont investi une haute tour nommée "Babel" dont les parois sont bien scellées. Mais, lors de la répartition des rescapés, les riches se sont attribués le sommet de la tour, repoussant et condamnant les moins aisés plus bas, là où il y avait encore des risques... L'histoire se déroule dix siècles après cette apocalypse, au moment où, enfin, les autorités supposent qu'il est temps de sortir de Babel… Mais pour ça, il va falloir réunir cinq clefs qui sont en fait cinq adolescents possédant un tatouage lumineux sur le corps…

La trame principale de cet ouvrage était donc très prometteuse, remplie de mystères et de tensions sociales ou économiques. Honnêtement, j'avais beaucoup d'espoir dans ce récit. D'autant plus que l'un des personnages habitait dans une zone de la tour où il y avait des "Hommes bougies", des humains mutants presque zombies dont la peau tombe/coule, telle de la chair en décomposition. Ajoutez à cela d'autres créatures hybrides autrefois humaines comme les hommes-rats surnommés "les Rateurs" et vous aurez un petit bestiaire bien sympathique !... Malheureusement peu développé... C'est simple : on a les bases d'une bonne intrigue de SF, mais on ne va pas dans les détails. On se contente de décrire ce que les héros voient ou ce qu'ils subissent. En aucun cas, nos jeunes protagonistes vont analyser le système ou essayer de comprendre. Ils n'auront que leur quête en tête. Quel dommage !

A vrai dire, les protagonistes sont également peu développés. Est-ce parce qu'il s'agit d'un roman ado, si bien que l'auteur ne voulait pas imposer des descriptions fournies sur ses héros ? Pourtant, il existe d'autres oeuvres pour ce public qui prennent la peine de donner vie à leurs personnages... Là, je ne me suis pas du tout attachée à ces cinq ados… Même à la fin, je ne sais rien d'eux, si ce n'est ce que j'ai entrevu à travers leurs actes, lors de leur brève description physique ou lorsqu'ils étaient narrateurs (tous ne le sont pas, ce qui est regrettable). le pire étant les jumeaux Lyel et Myel que l'on ne rencontre que vers les trois quarts de l'ouvrage et qui n'ont pas le droit à un chapitre où ils ont la parole... Ils se servent de leur pouvoir, ils aident les autres jeunes et... C'est tout ! Parmi les trois narrateurs, seuls Liriam et Maïan auront une "personnalité" (et encore, elle aurait pu être plus étoffée). Calden sera entre les deux duos : à la fois narrateur et personnage relativement peu exploité. Deux/trois pages sur ce qu'ils ressentent, sur ce qu'ils vivent, sur leur découverte des autres ou sur leurs espoirs n'auraient pas été de trop ! Malheureusement, l'auteure s'est plutôt concentrée sur l'action.

Parce que du rythme, il y en a ! Rebondissements, découvertes, personnages capturés ou poursuivis, rencontres étonnantes, enquête, etc. C'est l'un des points forts de cet ouvrage. Je pense qu'un jeune lecteur ado ne s'ennuiera pas, surtout s'il découvre le genre "Science-Fiction" pour la première fois. Pour moi, adulte, c'était une quête classique ; cependant je suis certaine que des adolescents seront surpris et apprécieront l'avancée de l'intrigue. D'autant plus que, malgré le peu de temps passé ensemble, ce petit groupe hétéroclite est bien soudé. Chacun possède un pouvoir respectif (lien animal, contrôle du feu, téléportation, traversée des murs, télékinésie) qui est déjà très puissant même si certains sont sensés n'avoir découvert leur magie très tard... Cela m'a fait songer aux sagas "Phaenomen", "Le suivant sur la liste" et bien d'autres séries ados qui utilisent la magie dans le monde "réel".

Ce qui m'a surtout plu lors de ma lecture, c'est le côté SF du début où l'on découvre deux religions qui se déchirent : les Diseurs d'Histoires et les Penseurs d'Ailleurs. Ces deux groupes religieux ne sont pas d'accord sur l'avenir du monde... Mais ont un point commun : ils sont intéressés par les porteurs de tatouages... J'ai également pris plaisir à découvrir les différentes classes sociales selon le niveau de la tour. Chacun a son mode de vie, que ce soit au niveau vestimentaire, hygiénique (exemple : cheveux rasés pour éviter toute transmission de maladie), les bâtiments, le mode de vie, ... Il y a aussi les hybrides autrefois Humains qui ont attisé mon intérêt. Par contre, dommage que la plupart des personnages secondaires soient aussi manichéens... Des individus "neutres", ni bons ni mauvais, n'auraient pas fait de mal…

Dernier petit point avant de conclure cette critique : le héros. Mon dieu, il fait tellement "gamin" par rapport aux autres protagonistes ! Souvent consternée par ses paroles, j'ai poussé plus d'un soupir... Lorsqu'il était narrateur, j'avais l'impression que la plume de Carina Rozenfeld devenait simplissime, presque trop enfantine. de jeunes ados peuvent très bien lire des choses plus denses et adultes. Pas besoin de faire un héros niais et gamin à souhait. Liriam est certainement le personnage qui m'a le plus déplu... Heureusement, les autres protagonistes relèvent le niveau.

"Les clefs de Babel" est donc un roman ado avec du bon comme du mauvais. Je le recommande à ceux qui ne connaissent pas encore le genre SF. E. C.
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