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Critique de kuroineko


Jean-Christophe Rufin signe avec Katiba un roman prenant et aux intérêts certains et variés.

Il montre en effet l'organisation des cellules islamistes au Maghreb et dans l'Afrique saharienne. J'ai ainsi découvert la signification du titre, qui représente ces camps d'entraînement au jihad disséminés et nomades dans un territoire grand comme l'Europe environ. Il est difficile de se figurer ces immensités désertiques, ces vastes mers de sable émaillées ici et là par des rocs ou quelque vestige d'une occupation humaine à semi enfoui sous les dunes.
Le roman date de 2010 et c'est alors toujours al-Qaïda qui prédomine comme autorité jihadiste au niveau global. Si aujourd'hui AQMI reste d'actualité, l'influence d'al-Qaïda est fortement concurrencée par le groupe État islamique.
En dressant le portrait au quotidien de l'organisation islamiste, l'auteur dépeint également les divergences rencontrées entre les katibas, la multiplicité des personnalités attirées par cet islam radical, etc. La fascination pour l'idéologie mortifère et la phraséologie grandiloquente véhiculées par ce mouvement est correctement dépeint. Et à de quoi faire froid dans le dos au vu de l'actualité de ces dernières années entre attentats et départs pour faire le jihad en Syrie. Difficile de lire la prise de Rufin d'un oeil indifférent.

L'intérêt du contexte finit presque par l'emporter sur celui de l'intrigue elle-même. Ça n'empêche pas le roman d'être captivant. L'auteur mène son histoire tambour battant et multiplie les points de vue, passant du désert saharien aux ors du Quai d'Orsay, de la cellule bruxelloise de l'organisation Providence aux intrications politiques à Washington, en passant par le travail des ONG en Mauritanie. Aucun répit et aucun temps mort pour le lecteur. le tempo est donné dès les premières pages et dure jusqu'à la dernière.

En ce qui concerne les personnages, en dehors de Jasmine et de Kader, j'ai trouvé qu'ils manquaient un peu de profondeur. Peut-être était-ce pour rester concentré sur le suspense; pourtant ça manque un peu de relief. Tout comme l'écriture. J'ignore si Rufin se montre plus littéraire dans ses ouvrages historiques. Ici, sans être plat, le style ne brille pas particulièrement par ses qualités. Quoique... un bémol à mon bémol: certaines descriptions du désert sont très réussies et rendent le caractère spirituel de cette immensité où les forces de la nature écrasent l'homme.

Je n'ai pas lu les enquêtes de Providence dans l'ordre puisque le parfum d'Adam se déroule avant Katiba. Qu'a cela ne tienne, ça ne semble pas un facteur important. Il me tarde également de découvrir la plume historique de Jean-Christophe Rufin. L'Abyssin et Rouge Brésil me font de l'oeil depuis ma bibliothèque.
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