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Critique de Biblioroz


À l'aube des années soixante, Paule est au seuil de la quarantaine. Elle ressent une lassitude face à la relation, illusoirement libre, du moins pour elle, qu'elle entretient avec Roger depuis six ans.
Elle l'attend. Va-t-elle lui avouer qu'elle est lasse de cette vie, de son appartement vide une fois qu'il est parti ?
Boire un verre, aller dîner dehors, parler de leur travail respectif, partir danser puis être raccompagnée et laissée de plus en plus souvent seule pour aller dormir. En rentrant, justement, la triste perception de sa solitude.
Roger, lui, est satisfait, quoique ce soir-là, il a perçu la tristesse de Paule. « Elle lui demandait quelque chose confusément, il le savait bien, quelque chose qu'il ne pouvait pas lui donner, qu'il n'avait jamais pu donner à personne. » Monsieur reste donc dans son égoïsme, gardant le plaisir de ses errances nocturnes dans Paris à la recherche d'aventures.
Le lendemain, Paule est demandée pour ses talents de décoratrice chez une Américaine et elle y rencontre Simon, le fils de vingt-cinq ans. Simon, avocat stagiaire paresseux, si beau, à la fois timide et audacieux, subitement terriblement admiratif et amoureux de Paule.

Ce tout petit roman m'a fait découvrir la belle plume de Françoise Sagan, que je n'ai pas du tout trouvée désuète mais plutôt pleine du charme de notre langue. Celle-ci déroule le film d'un triangle amoureux qui semble intemporel. Une femme, en instance de franchir une nouvelle dizaine, ne se sent plus heureuse et aspire à un changement, tout en le redoutant. Alors que l'homme qu'elle aime est persuadé de ne pas la faire souffrir, un autre constate sa tristesse, sa solitude, et l'invite à un concert d'où le « Aimez-vous Brahms ? »
On retrouve ici des attitudes et réflexions qui existaient et existent toujours de nos jours comme ce caractère volage, tout à fait naturel chez un homme mais qui, dès lors que c'est une femme qui entame une autre relation, devient condamnable, plein d'inconséquence. Roger ne juge pas son propre comportement, sort le refrain habituel sur ses autres « petites » histoires sans valeur. Mais il est furieux et trouve insupportable qu'un jeune freluquet s'intéresse à Paule.
Il y a aussi cette différence d'âge dans le sentiment amoureux, normale pour l'homme attiré vers la jeunesse mais choquante lorsque c'est la femme qui est plus âgée. Est-ce qu'aujourd'hui c'est différent ? Pas sûr…
Et en amour, pas sûr non plus qu'il y ait un gagnant, ou une gagnante. Difficile de faire entendre raison à un tel sentiment !

Je n'ai pas vu le film tiré de cet ouvrage mais en parcourant ces lignes, les personnages apparaissent nettement dans leur décor parisien même si celui-ci aurait mérité d'être plus étoffé. En se concentrant sur ce trio amoureux plein d'insatisfaction et de désenchantement, l'arrière-plan est balayé par la caméra qui dévoile l'automne parisien, le bois de Boulogne, l'animation bruyante des rues…Et pour saisir l'époque, c'est sûrement les gauloises fumées sans modération qui en parlent le mieux, hélas !
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