Tant que le lion n’aura pas son historien, les histoires de chasse glorifieront toujours le chasseur. (Proverbe africain)
A chaque réplique, j’ai appris à taire en moi les larmes pour faire semblant d’être plus fort que le séisme. Chaque réplique me rapprochait de la faille, de ma faille, confirmant que cette terre ramollie, limon, bourbe, était désormais capable de s’en aller sous nos pieds.
L'histoire du pays est une succession de séismes. Séismes naturels. Séismes humains.
Nous n’avons pas l’habitude de laisser notre chagrin nous réduire
au silence. (Edwidge Danticat)
« Un bateau-hôpital américain (É-U) est dans la rade de Port-au-Prince, 20 000 GI débarquent, l’aéroport est sous contrôle américain, des avions français ont été détournés sur Santo Domingo (pays voisin), le Quai d’Orsay (France) proteste: est-ce une force d’occupation ou de l’aide humanitaire? »
Je me sens un peu malaisé d’écrire une critique sur des mots d’une victime du désormais fameux tremblement de terre de 2010, en Haïti.
10 ans après, je lis ce volume. je me suis laissé une distance temporelle. M’en permettant, ainsi, une émotive... dans la mesure du possible.
L’auteur nous fait part de monceaux « d’événements, de sentis » pré, pendant et post catastrophe. Via ce que capte ses sens , Il ne donne pas une voix mais permet d’EXISTER. Le tout en laissant place à un horizon.
Haïti, où l'impossible est possible...
- Ça va ?
- Oui... Ça va... Maman est sous les décombres.
- Attention... Les trous pour les cadavres, ça doit aller jusqu'à huit pieds.
C'est au milieu de ses voix atones que je me réveille. On réapprend à parler bref. L'expression est pressante et grave. On emploie les termes exacts. On évite paraphrases et hyperboles. La parole est transparente, sans anicroches ni détours. Pas de mais. Pas de si. Pas de quoique. Aucune incise n'est permise. On touche à la chair des mots.
- Ça va... Maman est sous les décombres. La maison s'est effondrée.
- Il ne reste plus de pays.
- La terre nous a trahis.
- La terre a fait goudou-goudou.
Goudou-goudou pour nommer, par les sons, les vacillements et les balancements, la terre qui a tremblé.
Les voix sont lourdes de chocs et de violences.
La terre a fait goudou-goudou.
Plus rien !
Et la nuit a été si longue...
Trente-cinq secondes.
Trente-cinq secondes.
Et tout tremble avec la terre.
Trente-cinq secondes de saccage.
Tous les visages sont fissurés
Enseigner sous prétexte de culture et de civilisation dans une langue étrangère est le point de départ de l’aliénation, et le plus souvent l’héritage 1er des pays colonisés. Sans compter que cela maintient l’inégalité sociale.
(...)
Ferme ta gueule! Espèce de chien sans maître!
2 adolescentes, Miracle et Lune, se parlent, trempant leurs pieds dans un bassinet d’eau