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EAN : 9782897126452
108 pages
Mémoire d'Encrier (02/01/2020)
3.83/5   9 notes
Résumé :
L’ancêtre parle, invoque terre, feu, ciel, océan. Des voix résistent, résonnent ; le poème se joue, tambour, espérance et acte de foi. Rien n’est trahison dans cette traversée. Tout porte vers l’incandescence,
lumière de nos humanités.

pour ma défense
je dirai que je suis poète
les mots m’ont précédé
je n’ai pas tété ma mère
je n’ai pas connu mon père
j’habite loin de mon île
mon ventre n’est pas mon ve... >Voir plus
Que lire après Nous ne trahirons pas le poèmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une poésie informelle mais si belle.
Une poésie libérée de ses chaînes.
Une poésie que l'on a envie de lire à voix haute afin de mieux s'en imprégner.
Une poésie qui s'attaque au coeur, aux tripes et à l'âme
Une poésie qui n'oublie pas ce qui fut
J'ai aimé l'écriture, le style, le ton. Juste des mots, pas de majuscules, pas de ponctuation. Un texte sans fioritures.
Une mémoire du passé, une histoire profondément ancrée, un ancêtre toujours présent qui conte tel un griot l'histoire d'un peuple face à l'esclavage avec un sentiment de révolte. Il y a aussi la mer qui les a séparés de leur terre et qui pourtant les y relie. Et puis la nature et les éléments qui tiennent une grande place dans ce recueil car tout est lié. Un présent où l'homme garde son passé et sa culture en mémoire tout en portant l'espoir.
Rodney Saint-Éloi nous offre un recueil à lire absolument car chaque poème est magnifique plein de sens et il y a encore plus à trouver dans ses poèmes. Mon plus grand souhait est de ne pas avoir trahi le poète.
Je tiens à remercier Babelio et la maison d'édition MÉMOIRE D'ENCRIER qui offre un catalogue au grand choix avec des auteurs connus : Alain Mabanckou, Rodney Saint-Éloi et beaucoup d'autres à découvrir qui prouve que la francophonie à encore de beaux jours devant elle. Et qui me laisse de belles lectures en perspective.
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Rodney St Eloi n'est pas seulement le directeur de la maison d'édition « Mémoire D encrier », il est également romancier, essayiste et poète.

Dès les premiers vers, je me suis sentie connectée à l'auteur. « Ecrire pour ne pas mourir/écrire sa carte d'identité pour semer les milices/…/Je veux écrire un poème qui ne trahisse/ni passé ni présent ni futur »

La littérature est vue comme un cri, une urgence, un besoin vital. Une aide pour traverser les moments douloureux, le quotidien et ses violences, l'exil. Mêmes autochtones dans notre pays, ne vivons-nous pas tous parfois ce sentiment de ne pas être en phase avec le présent ?

Rodney St Eloi donne ici une parole aux oubliés, aux silencieux. Ils nous parlent des Première nations, des migrants qui meurent en Méditerranée et de tous les opprimés que l'on préfère ignorer. Sensible mais juste, il nous rappelle que nous ne pourrons pas toujours les fuir, qu'il faudra rendre des comptes. Fier, il se met en scène aux côtés de ces hommes de l'ombre, lui le migrant haïtien du Québec.

Trouver sa place, dessiner sa voie, sans se renier, en alliant passé et mémoire, en s'enrichissant de rencontres, de moments partagés avec les autres, différents. Savoir qui l'on est et le dire fièrement. Parce que la diversité enrichit.

J'ai aimé ce court recueil, ces mots forts, intenses qui résonnent encore en moi. J'ai goûté cet hommage aux souffrances tues, à la résilience et à la résistance. Je ne peux que vous inviter à découvrir toute l'humanité qui habite les mots de Rodney St Eloi. Il y a urgence.

« Je recherche un amour d'encre / pour que ne s'arrête jamais le chant du monde. »
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Tout d'abord, un grand merci à masse critique et aux éditions mémoire d'encrier pour la réception de ce bel ouvrage!

Qu'en dire? Comme souvent en poésie, j'ai lu, relu, je suis revenue en arrière, j'ai gardé quelques phrases qui sonnaient particulièrement bien...

Rodney Saint-Eloi a une écriture très rythmée, en vers libres, impression que cadence encore plus l'usage répété du mot "tambour", qui, insistant, vient marquer le tempo, battre la pulsation du sang des ancêtres qui coule chez l'auteur et de ce coeur toujours vivant...
"Ecrire pour ne pas mourir", attaque le poète. C'est dit : ce sera un récit cathartique ou ce ne sera pas. "Exister vivant parmi les vivants".
Le poids du poète, celui qui l'empêche d'exister vraiment, en tant qu'identité libre, ce qui l'empêche de se nommer, c'est le poids de ses ancêtres ; non pas ses ancêtres directs mais l'histoire de l'homme noir, l'histoire de l'esclavage, des cales, des bateaux qui font naufrage, des champs de coton, l'histoire des coups et des humiliations, l'histoire des chants donnés au ciel et des cris qui signent l'espoir, tout cet ouvrage est sous tendu par cette terrible désaffirmation de son soi, comment la nommer autrement? "écrire s'écrit au futur" (p.19) parce que sans écriture, il n'y a pas d'avenir possible, pas d'invention, de réinvention, de liberté. "l'histoire m'écrabouille" (p.24)

Et en même temps, cette histoire qui coule dans ses veines, il la porte sans la connaître, cette transmission c'est celle de tout un peuple : "j'écris sans souvenir" (p.36) et "je ne sais pas conjuguer / le verbe savoir" (p.37).
La porter oui, mais ne rien glorifier, ne rien placer au-dessus des autres : ni l'histoire, ni les pays, ni son propre nom, ni les auteurs qui jalonnent son chemin d'écriture, comme Pessoa par exemple ; St Eloi fait le choix de ne mettre aucune majuscule, aucune ponctuation ; la mécanique des mots, le rythme du tambour, les images feront tout. Tout est voué à disparaître, les ancêtres comme leurs chants, toute création, qu'elle soit humaine ou terrestre, "tout sédimente / tout s'ensilence / tout disparaît" (p.35)

J'ai beaucoup aimé ce lien très intime avec la nature, les forêts, les animaux, le vent la pluie le soleil ou le sable la mer les marées la liste serait longue... J'ai aimé cette recherche de soi ("je n'étais pas convié à ma naissance"), cette plongée dans les origines, cet effort de réinvention même si je ne suis pas sûr que la fin soit bien plus positive que le début...
Une jolie découverte!
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Dans chaque poème, l'auteur a mis l'humanité en phase avec les sentiments, les éléments naturels et la nature humain. Ici côtoient les exilés, les abandonnés, la nature déchaînée, les événements créés par l'homme. Entre guerre et ouragan, l'auteur pourfend les douleurs et transcende les coeurs en mêlant les sentiments des personnes guidées par la pauvreté, la guerre, la perte. Il éveille les mémoires abandonnées et délaissées. Il montre par sa propre expérience et par celles de ces personnes qui ne peuvent avoir de voix leurs existences. Il poétise l'humanité. L'humain face à l'humain. L'humain face à la nature. L'humain face à lui-même. Un magnifique recueil où il faut prendre le temps de s'imprégner.

Opération Masse Critique Janvier 2020
Lien : http://shurylecture.home.blo..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
il chantait les âmes englouties
crachait ses lamentos
déterrait l'aurore
vomissait ses entrailles pour contrarier les
étoiles

il n'y avait pas de spectateurs
il n'y avait pas de scène
il n'y avait pas de théâtre
la colère des plantations grondait
l'ancêtre brûlait le coton
infusait la canne en fleurs
l'ancêtre saluait les quatre foudres
disait paix aux directions
l'ancêtre maîtrisait les ombres
sa voix n'était pas négociable
son âme n'était pas négociable
l'histoire devra un jour laver les désastres
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je hurle je
nage
m’ensilence

ne me défais pas
de mon regard
ne me vide pas
de mes cris
je reste entier
moi diagonal
respire l’air marin
je garde mes parts d’humain
moi vertical
fidèle à l’absence
tissée au flanc de l’aïeul
mon aïeul parole d’honneur
essaimait la saison
lève la tête
lève la tête

lui vivait tête baissée
courait la savane nue
poussé par le fouet sous la pluie
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pour ma défense
je citerai le code noir
l'exode la bible
les chants d'esclaves
les expropriations
le matin des génocides
je vous dirai
ma foi décoloniale
mon chagrin cyclope
la capture l'arrachage
le fouet le cachot
la cale le bannissement
les appontements de crachat
les ténèbres qui assassinent la lumière
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Les frontières ne gardent pas les vents
les frontières ne font pas de cerfs-volants
les frontières ne font pas de colibris
les frontières ne font pas de vergers
les frontières ne font que des frontières

un jour les exilés abandonneront leurs rêves
à la tête du fleuve saint-laurent
ça fera un long collier d'amour
ça fera un jardin de lumières
le ciel ne sera plus le même ciel
la terre ne sera plus la même terre
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pour me défense
je dirai simplement
tout testament est immonde
je n'ai d'antécédent que l'ouragan
je ne suis qu'un paquet d'os
je n'ai que des vents indomptés
corps recommencé cops
sauvagesse décoloniale
la cadastre de mes vergers secrets
le tremblement de ma joie nue
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Videos de Rodney Saint-Éloi (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rodney Saint-Éloi
Conversation avec l’écrivain Rodney Saint-Éloi Fédération brésilienne des professeurs de français 679 abonnés 146 vues Diffusée en direct le 17 mai 2023 Mediação: Lícia Soares de Souza (UNEB, AIEQ)
Margarete Santos (UNEB)
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