Ni l'un ni l'autre n'étions bien sûr préparés à un tel triomphe. Lorsqu'on a fini par se résigner à l'échec et que, soudain, des queues monstres se forment devant l'entrée des cinémas qui affichent DASSIN-MERCOURI, LE DUO DU SIÈCLE en lettres géantes, il y a de quoi perdre la raison, c'est humain. Nous nous laissâmes délicieusement submerger par ce tsunami d'honneurs et d'émotions. » p. 110
Et oui Joe, j'enviais ta jeunesse, ton pouvoir de séduction, je souffrais que, le temps d'une ritournelle, tu te sois emparé du cœur de ma femme...
Si nous avions tous su, nous n'aurions pas affiché nos opinion dans un pays où c'est devenu un delit d'en avoir.
Ce soir, en dépit de leurs promesses de ne plus s'appeler, ils récidiveraient et durant des heures se susurreraient des serments merveilleux, car l'amour, c'est bien connu, rend idiot.
L'être le plus important de la vie de Jules,c'était Jules
- On se voit tout à l'heure ? dit Jules.
- J'ai un rencard avec des copains.
- Alors salue les copains.
- On peut dîner ensemble si t'es libre...
La journée passa en un éclair, ne laissant aucun répit à Jules. A 20, heures il décida de tourner une scène de nuit qui n'était pas prévue au programme.
Et, emporté par son tempo, il en oublia Joe.
Joe avait été très ému par l'assassinat de Gandhi. Il avait épinglé au-dessus de son lit une photo du Mahatma, celle où il rend visite aux intouchables.
- Plus tard, je veux aider les pauvres, papa.
-C'est bien... Mais pour ça il faut manger un peu plus. -Gandhi était végétarien et il jeûnait un jour sur deux.
-Je sais, mais toi, tu dois grandir et être fort si tu veux défendre les plus faibles.
-À l'école, les autres m'insultent parce que je suis juif et que j'ai des amis noirs.
- Ne te laisse pas faire. Si on te frappe, frappe à ton tour. Je vais t'apprendre à te battre.
-Non, Gandhi était non violent. Il parlait, il écrivait, c'est tout.
-Alors continue à écrire. C'est bien.
(...) Joe a un climat dans la voix.
Mon cœur de cible, ce sont les pousseuses de landaus qui se pâment devant la variété nunuche...Si j'étais pas le fils de mon père, personne ne me prêterait attention et tu ne m'aurais jamais rencontré.
Pour toi, un verre est fait pour y tremper les lèvres, et moi pour y noyer mon angoisse.