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Critique de caro64


Dans cet essai, Lydie Salvayre nous dresse, avec sa sensibilité toute particulière, sept portraits d'écrivaines qui sont autant de femmes emblématiques, mystérieuses qu'envoûtantes : Emily Brontë, Djuna Barnes, Sylvia Plath, Colette, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf et Ingeborg Bachmann.

Elles étaient entières et passionnées : "Sept folles. Pour qui vivre ne suffit pas". Toutes ont voué leur existence à l'écriture à une époque où "la littérature ne peut être l'affaire d'une femme et ne saurait l'être". Avec comme prix à payer une terrible souffrance. Elles étaient intelligentes, en avance sur le temps par leurs écrits ou par leurs moeurs. Elles aimaient la vie mais presque toutes ont connu un destin malheureux : Emily Bronté morte de la tuberculose à 30 ans, Sylvia Plath suicidée au gaz, Virginia Woolf les poches alourdies de pierre, noyée dans une rivière… Lydie Salvayre ne se contente pas d'une simple biographie. Elle commente leurs vies avec un regard décalé. Elle explique comment elle a découvert ces femmes et quel rôle elles ont joué dans sa vie. L'auteure s'appuie à chaque fois sur une oeuvre : La Naissance du jour pour Colette ou encore le Bois de la nuit pour Djuna Barnes. Si Marina Tsvetaeva est " la plus extrême", Emily Bronté est la première qui, cloîtrée dans son cher Haworth, a su révéler que le mal existe en chacun de nous. Cette jeune fille innocente a su peindre comme nulle autre la noirceur qui s'empare de l'âme lorsqu'elle souffre. Colette, à la fin de sa vie et dans une oeuvre tardive, invite à "s'affranchir des passions". Ingeborg Bachmann appelle le mariage "un assassinat organisé". Djuna Barnes poursuit sa maîtresse ivre à travers les rues de Paris. On est très loin des histoires d'amour à l'eau de rose. Mais il serait trop réducteur de cantonner ces femmes à la passion amoureuse. Elles étaient des rebelles dans le vrai sens du terme. Marina Tsvetaeva a fui le régime soviétique et Ingeborg Bachmann a renié son père nazi. Emily Brontë a préféré vivre isolée plutôt que se mêler à ses semblables. Elles ont refusé toute concession au monde. C'est dans l'écriture qu'elles ont choisi de se réaliser : "Tout, l'écriture exceptée, n'est rien", dit Marina Tsvetaïeva.

En sept superbes petits textes, Lydie Salvayre nous parle de ces sept femmes avec affection et enthousiasme. On l'y aperçoit empathique, ironique souvent et même crue parfois, jalouse aussi, un peu, forcément – "je donnerais ma vie pour que me vienne un rythme aussi beau" –, mais surtout passionnée. Elle nous donne l'envie de lire ou de relire les oeuvres de ces grandes dames de la littérature et même, de nous plonger dans leurs histoires personnelles. Un bel exercice d'admiration.
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