AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PhilippeCastellain


De la lecture de ‘'François le Champi'' il y a longtemps, j'avais gardé le souvenir d'une histoire intéressante, mais prenant en cours de route une orientation fleur bleue un peu niaise qui la gâchait passablement. Cela ne m'avait pas donné plus que ça envie d'explorer Georges Sand, et j'en étais resté là jusqu'à ce que l'on m'offre ‘'les maitres sonneurs''.

Impressionnant contraste. On trouve un peu les mêmes ingrédients dans les deux romans : romance, observation d'un phénomène social rural, peinture de la vie paysanne. Mais l'assemblage qui m'avait paru maladroit dans les aventures du pauvre champi est ici impeccable comme une queue d'aronde. Les histoires d'amour sont adroitement menées, sans empiéter sur la trame de fond. L'analyse, si elle est poussée jusqu'à avoir une véritable dimension ethnologique, est bien dosée par touches au fil de l'histoire, sans s'imposer par gros pavés descriptifs indigestes.

Curieusement, le récit est à la première personne, et Georges Sand n'hésite pas – avec brio – à prendre la voix d'un homme. le jeune Tiennent nous raconte donc son amour pour sa belle cousine, Brulette, et l'amitié que celle-ci porte envers et contre tout à son frère de lait, Joseph. Rêveur, taciturne, ce dernier a mauvaise réputation. Il passe pour paresseux, renfrogné, voir à moitié idiot. C'est que dans cette tête s'agitent des idées qui ne sont pas celles d'un simple paysan ! Des musiques et des airs y virevoltent sans trêve, et son ambition n'est pas de se fixer à quelques arpents de terre. L'irruption d'un robuste muletier va bouleverser leur vie quotidienne. Il faut dire que les muletiers sont une caste à part, à la fois estimée et crainte, capable de faire souffler comme un vent de folie sur la vie paisible des paysans ! Peut-être l'occasion pour Joseph…

Bien entendu, cette lecture est déformée par notre prisme moderne, et les cent cinquante ans de littérature qui se sont accumulés depuis Georges Sand. Pour un intellectuel de l'époque, les romances paysannes de ‘'François le Champi'' ou ‘'la petite Fadette'' étaient d'une force et d'une nouveauté séduisante, alors que ‘'les maitres sonneurs'' paraissait probablement plat et sans caractère. Les temps changent, et avec eux les goûts.
Commenter  J’apprécie          512



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}