Wax et Wayne, tome 3 : Les bracelets des larmes

- Allez-y, dit Marasi. Faites ce que vous faites le mieux, Waxillium Ladrian.
- C’est-à-dire ? Tout casser ?
- Tout casser, acquiesça Marasi, mais avec du style.

Wayne appréciait la façon dont fonctionnaient les banques. Elles avaient du style. Plein de gens gardaient leur argent hors de vue des autres, par exemple caché sous leur lit. Qu’y avait-il d’amusant là-dedans ? Mais une banque… une banque, c’était une cible. Construire un endroit comme celui-là, puis le remplir de fric, c’était comme monter au sommet d’une colline et défier toute personne en approche d’essayer de vous faire tomber.
C’était sans doute là l’idée. Plus marrant comme ça. Autrement, pourquoi rassembler autant de trucs de valeur au même endroit ? C’était censé être un message, la preuve aux yeux des petites gens qu’il y avait des types tellement riches qu’ils pouvaient utiliser leur argent pour construire une bâtisse destinée à cet argent et en avoir encore assez pour la remplir.

J’ai appris à feindre la normalité, mais mes listes de commentaires et de plaisanteries préparées à l’avance ont leurs limites. Les gens sentent que je ne suis pas sincère – que je n’apprécie pas les mêmes choses qu’eux et ne réfléchis pas comme eux. Parfois, je suis stupéfaite que des gens comme Wayne, ou même ces kandra, puissent paraître si incroyablement humains quand je me sens si différente.

- Steris, vous êtes merveilleuse. Comment quiconque a-t-il jamais pu vous trouver ennuyeuse ?
- Mais je suis ennuyeuse.
- Ne dites pas de bêtises.
- Et quand je vous ai demandé de m’aider à passer en revue ma liste de préparatifs pour le voyage ?
Cette liste faisait vingt-sept pages.

Les meilleurs vols laissaient votre cible incapable de déterminer s’il s’était ou non passé quoi que ce soit. C’était bien joli de s’en aller avec le trophée, mais ça ne rapportait pas grand-chose si la garde de la ville venait cogner à votre porte le lendemain. Il aimait autant s’échapper avec moitié moins de castelles, mais la certitude que sa ruse ne serait pas découverte avant des semaines.
Et le véritable graal consistait à monter un casse tellement malin que la cible ne découvrait même pas que vous lui aviez pris quelque chose.

- Nous avons des comptables, Steris, dit Wax.
- Oui, c’est leur travail. Il faut que je le vérifie – on ne peut pas se contenter de rendre le travail de quelqu’un d’autre sans s’assurer qu’il ait été fait correctement. Et puis il y a une différence de trois liards dans les comptes.
- Trois liards ? répéta Wax. Sur quelle somme ?
- Cinq millions.

Rien ne peut être détruit... C'est quelque chose que les humains ne peuvent comprendre. Toutes les choses ne font que changer, se diviser, devenir quelque chose de nouveau... de parfait.

La différence entre les hommes bons et mauvais ne réside pas dans les actes qu'ils sont prêts à commettre, simplement dans les choses au nom desquelles ils sont prêts à le faire.

Wayne avait toujours trouvé amusant que les richards puissent décider de ce qui avait de la valeur. Il étudia un cadre de tableau qui devait être en or pur. Quel intérêt les gens trouvaient ils à ce truc brillant? L'or permettait de faire des trucs marrants avec la ferrochimie, mais il ne valait rien en matière d'allomancie. En tous cas, les richards l'aimaient bien. Du coup, ils payaient cher pour en avoir, et ça lui donnait de la valeur. Pas d'autre raison.
Comment décidaient ils de ce qui avait de la valeur? est ce qu'ils se rassemblaient simplement pour s'asseoir dans leurs costumes et leurs robes et déclaraient: " Bon, on va commencer à becqueter des oeufs de poisson et rendre ce truc super cher. Ça va bien leur rouiller la cervelle." Ensuite, ils éclataient de rire comme savent le faire les richards et ils jetaient quelques serviteurs du haut d'un immeuble pour voir quel genre de bruit ils faisaient en s'écrasant.

Que pouvait il y avoir de plus gratifiant que de savoir que vos possessions étaient assez intrigantes, captivantes ou précieuses pour pousser un autre homme à tout risquer afin de les obtenir?