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Critique de LoupAlunettes


: L'auteur Bertrand Santini nous a habitué à des récits de fin d'année un peu gothiques ( sauf ses romans canins " Gerty" bien entendu, très drôle). Ces contes seront tristes, lugubres, mais tendres, dans la tradition de Hans Christian Andersen avec sa Petite fille aux allumettes. L'auteur donnera l'impression d'offrir un sens de l'équilibre dans la palette des émotions des contes de fin d'année: un sentiment fantôme flottant à la fois du merveilleux à la mélancolie Dickensienne, avec ce petit pincement au coeur pour quelque chose de perdu.
Il faut le reconnaitre, l'hiver occupe cette ambivalence, mordante, froide et réconfortante. Tout dépendra de quel côté il pourra être admiré.
Santini reste à nos yeux un adorable artiste sacripant, un coeur d'adulte conservant un vrai goût pour l'irrévérence de l'enfance, évitant trop de candeur et de mièvrerie à travers ses histoires. Ces personnages y seront à l'aise, au naturel, un peu exemptés des conventions de ce qui se fait ou ne se fait pas en bonne société adulte, ils seront des enfants.
Ainsi, lorsqu'un riche orphelin souhaitera rappeler du royaume des morts ses parents parce qu'ils lui manquent, il le pourra, même si ce n'est pas de bon ton ( " l'Étrange Réveillon" chez Gautier Languereau).

Certains de ses personnages seront étranges ou amis avec des monstres ( "Le Yark" , " Miss Pook et les enfants de la lune" et " Hugo de la nuit" chez Grasset Jeunesse). Nous ne serons pas très éloigné d'un héritage issu de l'auteur-illustrateur Maurice Sendak.

" le flocon" restera dans cette belle tendance noire et blanche affectionnée par l'auteur sur ses associations artistiques. le dessin de Laurent Gapaillard ( déja sur le " Yark"), inspirera cette fois le travail de gravure d'une autre époque , ces premiers temps de l'imprimerie, avec pour l'ensemble un vrai détail graphique offert, un soin particulier apporté sur la restitution de la nature asséchée par le froid, le jeu d'ombre et de lumière sur les squelettes gothiques, cathédrales de dentelle.
En observant la première de couverture, nous suputtons déja peut être une histoire triste, avec cet enfant planté dans un décor sec, à l'orée d'un bois, au seuil d'une ville.
Il est vêtu comme un mendiant et les animaux du bois l'observe au travers des fourrés et du haut des branches dépouillées. Il ne fait pas encore trop froid.

L'histoire.
Le dernier jour de l'année des notables et des scientifiques seront conviés à venir saluer leur roi. Chacun apportera un présent, selon lui, digne de son rang et de l'honneur qui lui est fait avec l'invitation.
Un jeune mathématicien un peu philosophe, on le devine, offrira quelque chose de très rare à observer pour le roi: un flocon.
Un royaume sera mis à l'épreuve, vous le verrez.
Le texte de Santini sera poétique.
"... les flocons sont des lettres expédiées par le ciel, messagers de la pensée des étoiles..."
Sans doute est-ce à nous dire que la beauté est là et que parfois on ne la voit pas, on la dédaigne, on ne la cherche pas là où elle se trouve.

Les auteurs remettront à niveau nos valeur avec une nouvelle quète de simplicité, une nouvelle rencontre avec la beauté naturelle et très accessible, ce qui ne gâche pas plus sa valeur.

Le flocon.
Quel spectacle kaleidoscopique!
Les images, quelle merveille!
Jeux gothiques de dentelle, des rosaces anamorphoses où l'illustrateur nous offrira des vues amples, monumentales, parfois vertigineuses. Nous nous détacherons du modèle historique à la gravure à la façon Gustave Doré bien plus statique et théâtrale. Laurent Gapaillard repoussera les limites du genre avec la fantaisie moderne.
La magie s'annoncera dans l'histoire avec l'infiniment petit et les hommes de science autour du roi s'en trouveront chamboulés.
Le roi vivra l'expérience comme une révélation. Que peut-il avoir vu en observant le flocon à la lunette?

L'auteur aura bien choisi le style graphique pour accompagner ce récit qui ressemblera fort à un nouveau mythe biblique.
" le flocon" sera un mythe plus moderne sur l'orgueil, l'impudence et l'humilité.
Et la chute sera redoutable.
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