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Critique de cprevost


« Son dernier livre», ces quelques mots ont toujours suffi, il fallait à chaque fois se précipiter en librairie. « Caïn » est le dernier dernier ouvrage du Prix Nobel de littérature. Quelle tristesse ! Nous devrons désormais, sans le frisson de la découverte, nous contenter de relire ses merveilleuses histoires. Quelle chance ont ceux qui ne connaissent pas encore ses romans !

José Saramago, il y a vingt ans déjà, avait fait scandale avec « L'évangile selon Jésus-Christ ». Il récidive aujourd'hui et nous fait, de la plus belle et courageuse façon, sa révérence. Quelle hardiesse, au soir de sa vie, il traite – comme son personnage principal – le créateur sur un pied d'égalité. Il défie dans son roman, avec une invraisemblable jeunesse, un dieu cruel et envieux. Il lui retire littéralement sa majuscule. La peur, qui fait plier les jeunes vieillards , celle de la mort qui fait mettre tant de genoux à terre, n'aura pas infléchit José Saramago. La colère et la révolte contre les injustices, qui épargnent les imbéciles, n'auront pas cessé de l'animer sa vie durant. Il a du hurler de rire quand, lui donnant ainsi cent fois raison, les censeurs vaticanesques l'ont excommunié.

Lecteur érudit, José Saramago avec une fausse naïveté revisite l'Ancien Testament. L'écrivain prend partie pour Caïn contre Abel, il s'insurge contre les massacres et les vengeances de toutes sortes. Dans un espace temps en désordre, Caïn, qui aime la vie, connaîtra la lascivité à la cour de la reine Lilith, la compassion pour Abraham au bras tendu sur la tête de son fils Isaac, la colère de Moïse passant au fil de l'épée les adorateurs du veau d'or, les massacres et les pillages perpétrés par les tribus d'Israël contre les Madianites mais aussi la fourberie des anges, les subterfuges et les calculs des habitants de Babel, le sort sans pitié qui frappe la ville de Sodome et les souffrances inutiles infligées à Job.

Ultime roman contre les dévots et certainement pas réponse aux interrogations des Hommes, « Caïn » de José Saramago aurait pu avoir en exergue ces deux vers de Charles Baudelaire :
« Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette Dieu. »
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