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Critique de afriqueah


Avez vous déjà eu l'idée d'offrir un éléphant ? Je parie que non, et pourtant, chez les rois recevoir en cadeau un éléphant, cela c'est toujours fait. le premier monarque, c'est Charlemagne, qui a reçu de la part du calife Haroum al Raschid, un éléphant blanc nommé Abul Abbas. Puis les deux Louis, IX et XI, et les deux Medicis, en ont reçu un.
Dans « le voyage de l'éléphant » José Saramago évoque Joao III du Portugal, et son épouse, Catherine d'Autriche, qui avaient envoyé un cadeau de mariage un peu mesquin à l'archiduc Maximilien d'Autriche en 1548.
Trois ans après, il est temps de marquer le coup.

Il faut un gros, un très gros cadeau.
Justement, un éléphant des Indes végète près de Lisbonne. Salomon.

Il est gentil, ce petit Dumbo, prêt à tout pour faire plaisir, doux , intelligent et affable.
Il se met en route, monte en bateau allègrement, se mouille les pattes dans la neige des Alpes, et continue hardiment.

Ce voyage entre Lisbonne et Vienne les amènent, chevaux, boeufs , éléphant et cornac, plus une dizaine d'aides pour les deux cent litres d'eau et les trois cent kilos de végétaux ingurgités par le pachyderme chaque jour…. Jusqu'à la basilique Saint Antoine de Padoue.
Un miracle serait le bienvenu, et vivement souhaité, il faudrait que Salomon s'agenouille devant le portail de la basilique.
Le « miracle » accompli, le cornac Subhro vend les poils de son éléphant, tout en remarquant que bien qu'en son pays il y ait pléthore de dieux et de démons, les européens prennent pour argent comptant les bienfaits de ces poils, avec une crédulité désarmante.

Eléphant et cornac seront rebaptisés, l'un Soliman le magnifique, l'autre Fritz par l'archiduc.

Il serait injuste de ne pas vous prévenir quant à la forme : Ni les noms propres, ni les noms de ville ne sont indiquées par des majuscules, et surtout pas le nom des rois. Pas non plus d'indication des dialogues, enchâssés dans le texte sans ponctuation; parfois une majuscule un peu imprévue nous intrigue et nous réjouit.

José Saramago utilise un langage un peu enfantin pour raconter ce voyage, dans lequel il insère des digressions sans rapport, ironiques , ne cachant pas son athéisme militant, et parfois aussi des remarques anachroniques, comme par exemple le fait qu'à la mort de Salomon deux ans après son arrivée à Vienne, on ne puisse en savoir la cause, prises de sang, radiographies du thorax , endoscopies, sans lesquelles les hommes ne peuvent trépasser de nos jours, mais qui n'avaient pas cours, et encore moins pour un animal.
S'agenouiller devant la basilique de Padoue ne lui a servi à rien, ses pattes sont coupées, quel symbole, après sa mort, pour y mettre parapluies et ombrelles.

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