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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Dans ce roman paru en 2020, l'écrivain israélien Yishai Sarid critique la maniere traditionnelle de présenter la Shoah en mettant en avant la souffrance des victimes. C'est ce qu'il appelle "le monstre de la mémoire". "Monstre" car cela tend a construire une identité basée sur la victimisation et donc la faiblesse au lieu d'inculquer un esprit de vainqueur, de peuple fort. Voila pour résumer un roman qui montre aussi que les jeunes générations d'Israéliens ont déja assimilé cette maniere résiliente de concevoir un passé tragique.

Quelques éléments du roman ont scandalisé certains et plu a d'autres. Ainsi, lorsque son personnage affirme que, pour etre fort, le peuple juif doit se défendre en faisant la guerre "comme les nazis", sans états d'ame et en tuant les enfants de ses ennemis lorsque ceux-ci pouvaient devenir des "terroristes". Il y a aussi cette continuelle généralisation, "les Allemands" en bloc étant l'objet de la détestation mélangée de fascination chez le personnage central. A la fin du récit, le réalisateur de cinéma allemand contemporain représente cet orgueil et le mépris envers les Juifs que le personnage central prete aux "Allemands". Il y a aussi cette affirmation a propos de la Shoah que beaucoup de Juifs préférent en vouloir aux Polonais plutot qu'aux Allemands, du fait que ces derniers leur en imposent par leur assurance et l'image de force qu'ils dégagent. Il me semble donc que l'auteur s'est éloigné des valeurs morales exprimées dans ses précédents romans, mais peut-etre ai-je mal compris ceux-la ou alors mal compris celui-ci, la subtilité de pensée rejoignant parfois l'ambiguité.

Ce n'est pas une lecture facile. Personnellement, elle me laisse un gout amer dans le contexte d'événements tragiques actuels. Les romans de Yishai Sarid sont autant des créations littéraires que l'expression de convictions personnelles. Il m'est impossible d'adhérer a une morale s'inspirant de ce qui me parait s'apparenter a un ethnocentrisme idéalisant la force brute comme il y en eut plusieurs au cours de l'histoire mondiale. A mon sens, il est aussi stérile de se complaire dans le role de la victime que dans celui du bourreau. L'humanité peut-elle évoluer moralement sans s'appuyer sur sa capacité d'empathie ? Or, tant la mentalité de victime que celle de victimisateur sont des entraves a l'empathie, c'est-a-dire a la capacité de se décentrer pour comprendre l'autre cognitivement et émotionnellement. La conviction d'etre une victime nourrit les sentiments de peur et de haine tandis que la conviction d'appartenir a un groupe dominant et impitoyable amene l'esprit a s'isoler dans cet ego collectif en bloquant le développement de l'empathie sans laquelle il est difficile de vivre ensemble tout en progressant spirituellement.

Je pense que quand un écrivain humaniste commence a écrire sans recul critique et sans second degré (ou alors j'ai mal compris) qu'il faut détruire les enfants de ses ennemis, c'est mauvais signe pour la civilisation judéo-chrétienne.
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