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Critique de lulu8723


Delphine SAUBADER. La fille de la grêle ;

Quelle claque. Un récit tout en demies teintes, rempli d'amour, de haine, de violence, d'espoir….

S'agit-il d'un roman autobiographique. Les mots claquent, les gestes de ces gens de la terre, les pieds dans la glaise, les épaules rentrées, ces hommes, ces femmes qui passent toute leur vie courbés et qui ne connaissent que ce lourd labeur. Coûte que coûte, il faut travailler cette terre afin qu'elle fournisse une récolte pour faire vivre la famille. Qu'importe le temps, le jour, l'heure, ils sont de véritables esclaves, surtout si elle ne leur appartient pas. Joseph, le père de Marie, la narratrice est métayer, à la ferme des Glycines, la propriété des Soubiran. Lorsqu'il a atteint ses dix ans, nanti de son certificat d'études, son père a brisé ses rêves. Il espérait faire des études et devenir enseignant mais il a du travailler, aider ses parents, faire les foins, les moissons, labourer, cueillir les raisins… Chaque année, il faut livrer la moitié des récoltes au propriétaire. Une année, un orage de grêle détruit toutes les récoltes. Il va falloir se serrer la ceinture !


Joseph, le père va être complètement bouleversé et va déprimer. Il va se révéler très violent envers son fils, Jean. Ce dernier est né sourd et présente une légère déficience mentale que le père rejette. L'enfant va être son souffre douleur. Il sera battu. La mère, Madeleine est une femme travailleuse et soumise. Elle n'intervient que verbalement pour tancer son époux lorsqu'il martyrise le petit ange. Marie du haut de ses sept huit ans le réconforte, le berce, l'endort. Elle adore ce frère. Il faut trimer du matin au soir et dès le retour de l'école mettre la main à la pâte, garder les bêtes, soigner la volaille, etc.... La ferme est relativement petite et le travail pas encore mécanisé….

Que de misère, que de malheur. Alors que Marie a dix ans, elle assiste au suicide de son père. La mère continuera à faire valoir le bien qui lui a été confié, avec un valet de ferme. Et lorsque Jean aura dix ans, il quittera l'école et deviendra paysan. A dix-huit ans, Marie quittera sa famille pour poursuivre ses études dans la capitale, Paris. Elle sera journaliste. Mais n'est-ce pas la profession de l'autrice ?

A l'aube de son quatre-vingtième anniversaire, Marie écrit à sa fille unique, Adèle. Elle lui avoue toute son existence et lui dévoile un secret. Elle lui narre le suicide par pendaison de son père. Encore alerte, en possession de toute sa connaissance, elle désire mettre fin à ses jours. Ce « suicide assisté » est voulu. Elle ne veut pas être à la charge de sa fille qui est mariée, maman d'un petit Raphaël, trois ans.

Ce récit est poignant. L'écriture agréable, les personnages vivent sous nos yeux. Nous sommes plein d'empathie pour le petit Jean. le monde rural est bien décrit. La notion d'écologie sous-jacente. Marie rend un vibrant hommage à toute sa famille, parents, grands-parents réunis, de même qu'à son petit frère qu'elle n'a pas su ou pas pu protéger autant qu'elle l'aurait voulu. Marie a eu une vie bien remplie et elle désire partir sur la pointe des pieds : elle a mis de l'ordre dans ses affaires : il lui reste 23 cartons. Chacun devrait pouvoir choisir l'heure et le jour de son départ définitif. Merci Delphine pour ce beau récit. Je recommande la lecture de ce roman.
( 10/03/2023).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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