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EAN : 9782709669283
208 pages
J.-C. Lattès (12/01/2022)
4.15/5   99 notes
Résumé :
Un soir de sa vie, dans un dernier souffle, Marie décide de livrer à sa fille Adèle l’histoire de sa propre enfance, qu’elle lui a toujours tue.
Joseph et Madeleine, ses parents, n’ont connu qu’une vie de labeur à la ferme des Glycines. Marie et Jean, son petit frère, ont grandi là, sur une combe d’herbe grasse, les alouettes pour seuls témoins de leurs jeux. Mais Jean est différent. Il a beau converser avec les grillons, il ne parle pas, n’entend pas, et ça... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Les premières pages sont oppressantes : la narratrice fait part de son souhait d'en finir avec la vie, à quatre-vingt ans, alors qu'elle va bien. En finir avant d'aller mal. Autant dire que l'ambiance est assez morose. Et on peut se poser la question de poursuivre ou pas ce récit. Mais je ne regrette pas d'avoir insisté.

De telles décisions sont aussi l'occasion de faire un bilan de vie, et l'on découvre alors le parcours de cette femme, née dans une ferme où son père était métayer, autrement dit, juste un rang au dessus de l'esclavage, au coeur d'une campagne profonde et isolée, auprès d'une petit frère beau comme un ange mais « pas fini », selon le diagnostic du médecin de famille !

C'est malgré ce décor qui aurait pu constituer une impasse étroite pour l'avenir, et avec les encouragements de la mère pour qu'elle s'en sorte, que l'enfant est devenue journaliste à mille lieues des bases de son enfance.


Un très beau parcours, retracé avec une grande lucidité.

Une réflexion sur le vieillissement, le naufrage annoncé, le souhait de laisser une image digne à sa descendance.

Merci à Netgalley et aux éditions Lattès.
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Marie qui se rapproche lentement mais inexorablement de son quatre-vingtième anniversaire, décide de rédiger une lettre à sa fille Adèle, pour lui raconter qui elle est vraiment, lui parler de son enfance, de tout ce qui lui est arrivée de la ferme paternelle jusqu'à sa vie adulte puis l'entrée dans la vieillesse, ce qui a conditionné ses choix, car elle ne lui a jamais parlé de rien. Elle avait tout verrouillé au plus profond d'elle-même.

Elle a fait le choix de cette lettre car elle est décidée à choisir elle-même la manière dont elle veut mourir. Marie n'essaie pas se justifier, de convaincre sa fille, elle explique son choix, le cheminement de sa pensée de sa vision philosophique et personnelle de la vie et de la mort. Elle le dit dès le départ et le récit est construit en partie sur l'argumentation.

Marie revient sur l'enfance à la ferme, « Les glycines, la dureté de la condition de métayer de son père, qui trime dans les champs et avec les animaux tout en reversant la moitié des récoltes au propriétaire. Elle évoque les caprices de la nature, où la grêle peut tout détruire, entraînant privation disette, sacrifices et montrant bien que c'est la Terre qui est souveraine.

Les temps sont durs, les conditions sont dures mais les humains sont durs aussi, telson père, le corps sec et noueux comme un pied de vigne, le dos courbé par la fatigue et le travail, qui se montre d'une dureté implacable avec Jean, le petit frère handicapé de Marie (il est sourd, mais on ne s'en est pas aperçu tout de suite). Les coups pleuvent, les cris, les silences de la mère, Marie se cachant sous les couvertures en attendant que les coups et les cris cessent. Et puis un jour arrive un traumatisme encore plus grand.

Marie s'applique à l'école, les livres l'intéressent alors que sa mère est quasiment illettrée, car c'est « la seule façon de s'en sortir ». Jusqu'au jour où elle s'en va pour de bon, direction l'université laissant tout derrière elle.

Ce roman nous propose une réflexion sur la dureté de la vie dans le monde rural, l'interdépendance de l'homme et de la nature, la sagesse des paysans qui savent qu'il faut la respecter, la violence intrafamiliale et l'oubli pour pouvoir avancer, prendre sa vie en mains.

Delphine Saubaber va beaucoup plus loin en nous proposant une réflexion sur la vieillesse et le droit de pouvoir décider quand on va tirer sa révérence, et de quelle manière. Tous ses propos sur la vieillesse m'ont beaucoup touchée car je suis arrivée au même point de réflexion que Marie son héroïne :

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, même si l'héroïne est un peu froide, mais son enfance l'a poussée dans ce système de protection. L'écriture de Delphine Saubaber est belle, elle m'a profondément touchée, telle la grêle qui s'abat sur les récoltes pour les détruire, ou la grêle plus symbolique qui accompagne les orages dans nos vies.

Elle nous rend hommage, au passage, à Hermann Hesse dont elle m'a donné envie de lire son « Éloge de la vieillesse ». C'est le premier roman de l'auteure et c'est vraiment une réussite.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#Lafilledelagrêle #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Marie, la fille de la grêle, 80 ans, décide de quitter ce bas monde tant qu'elle est encore vaillante afin de ne pas finir dans un lit d'hôpital, en maison de retraite ou encore comme une charge pour sa fille Adèle, tant aimée. Avant de quitter définitivement la vie, elle écrit à sa fille une confession très émouvante qui m'a emportée. Les émotions sont fortes et belles mais elles sont aussi dures et parfois tristes.
Oh oui Visage, comme je suis d'accord avec ta critique . J'ai moi aussi lu des passages, qui m'ont particulièrement touchée, parlée. Même si la similitude des situations n'est pas flagrante, j'ai ressenti au plus profond de moi des émotions singulières. La relation entre Marie et son frère Jean est extrêmement touchante, celle de Marie avec Adèle m'a bien évidemment amenée à m'identifier et donc à m'émouvoir. Que d'amour si joliment dit, montré. Il y a tant à dire sur ce roman qui est pourtant très court, à peine 200 pages . C'est le genre de livre qui perd de sa puissance en le racontant, il faut le lire pour ressentir le souffle , pour être immergé par et dans l'histoire.
Coup de coeur bien sûr.
Merci Visage pour ce prêt, je crois me souvenir que tu as repéré ce titre lors de notre retour des Vosges...

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Ce roman est douloureusement beau.
Marie veut quitter la vie de son plein gré,ne pas attendre que la mort décide pour elle,et surtout pas que son corps l'abandonne à la dépendance de l'Autre. Cependant avant de partir,elle veut livrer son histoire à Adèle,sa fille devenue maman elle aussi. Elle n'a jamais parlé de son passé. Pourtant,la petite fille en elle n'a jamais disparu. Ses joies,ses peines,ses peurs et surtout son amour solaire pour son petit frère palpitent encore en elle. Joseph et Madeleine,ses parents sont toujours à ses côtés ainsi que le souvenir terrible de la violence paternelle face à l'inacceptation de Jean,le frère au visage d'ange dont l'étrangeté magnétique pour Marie est un affront pour Joseph. La culpabilité que porte Marie face à un évènement hautement traumatique lorsqu'elle n'avait que 7 ans explique sûrement son mutisme quant à son histoire. Et pourtant,les souvenirs de son enfance à la campagne sont aussi empreints de bouffées d'amour pour la nature,la terre,ses odeurs...cette terre qui a été le berceau d'un amour éternel pour son petit frère.
Je suis très émue par la façon dont Delphine Saubaber réussi à parler d'une seule voix de l'enfance et la viellesse. La justesse des sentiments a souvent fait écho en moi.
Marie et Jean sont des personnages extrêmement émouvants.
Il émane de ce roman quelque chose d'universel mais qui fait vibrer en moi des cordes très intimes.
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****

Marie écrit à sa fille, l'amour de sa vie, sa toute petite. Elle met des mots sur tout ce qu'elle a caché, ce qu'elle a tu, ce qu'elle a voulu oublier. Elle lui raconte alors les Glycines, la ferme qui l'a vu grandir. Elle lui fait le récit de son enfance, de ses parents et surtout de son petit frère, qu'elle a aimé plus que tout. Et puis Marie demande à sa fille de lui pardonner. Excuser les gestes du passé, et la décision qu'elle a prise de mourir dans la dignité…

Delphine Saubaber signe avec La fille de la grêle, un premier roman émouvant et d'une rare justesse. Elle réussit à poser des mots sur des silences, des secrets, des choix intimes qu'il est la plupart du temps difficiles à exprimer.

Ce roman possède une véritable lumière. Cette petite flamme qui vous suit, de la naissance à l'aube des derniers instants. Cette étincelle qui vous pousse à grandir, à avancer, à maintenir la tête haute.

Marie est une vieille femme. Elle veut simplement que cette lueur, ce souffle de vie, s'éteigne quand elle l'aura décider. Elle a droit à cette liberté. Elle en connaît les conséquences et espère être pardonnée.
Alors, elle parle. Elle divulgue, elle dévoile, elle répand sa vérité… Celle de la folie qui se cachait aux Glycines, celle de cette nature puissante maîtresse de tout, celle de la violence des poings, de la force d'un sourire et de la douceur d'un frère…

L'histoire de Marie est émouvante, touchante, poignante. Elle inonde de son amour les jours sombres. Elle mérite cette dignité et le pardon… Et je la quitte avec regrets…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
24 janvier 2022
L’Agenaise Delphine Saubaber, qui vit aujourd’hui à Anglet, livre un premier roman délicat sur le thème de la transmission d’une mère à sa fille.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
(...) nous sommes tous en état de survie. Ta génération trop gâtée et saturée de consommation le découvre, prenant soudainement conscience de la menace et de sa précarité ! Moi, je l'ai vécue toute mon enfance. Nous avons oublié que nous ne sommes que des humains et que la nature est mère, et moi, la fille de la grêle, je t'ai élevée comme une fille de la ville dans le coton et l'insouciance alors que j'aurais dû t'alarmer, d'enseigner l'humble patience, la lenteur , la résignation de mes parents. (..) Qu'est ce que j'ai pu t'emmerder sous prétexte de te protéger ! (..) Je voulais éloigner de toi la douleur des générations passées. T'immuniser contre la peur. Au lieu de ça, je t'ai refilé la mienne, dont tu n'as jamais su d'où elle venait.
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Je lis encore, le jour, la nuit. J’ai toujours lu, depuis que j’ai eu des livres. Toute ma vie j’ai eu soif de livres. J’ai toujours aimé le papier sous ma main, les pages à corner du bout du doigt, les mots à lire et relire comme autant de révélations silencieuses sur le monde, les sentiments, les mystères qui m’entouraient et me demeuraient pleins d’ombres… Encore aujourd’hui les livres me rassurent, ils sont sur mon étagère la présence vivante de ceux qui nous ont précédés et sont entrés dans l’éternité. D’autres ont été vieux avant moi, d’autres le seront après.
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Les sensations véhiculent la mémoire, son plaisir,sa douleur, mais ne se partagent pas. Elles sont là mémoire de notre enfance.
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À ton âge , Adèle, on se tourne vers l'avenir. Quand on vieillit, on se retourne vers le passé, on fouille ce qui a été, on s'en remplit de peur de se vider.
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Je lis encore, le jour, la nuit. J’ai toujours lu, depuis que j’ai eu des livres. Toute ma vie, j’ai eu soif de livres. J’ai toujours aimé le papier sous ma main, les pages à corner du bout du doigt, les mots à lire et relire comme autant de révélations silencieuses sur le monde, les sentiments, les mystères qui m’entouraient et me demeuraient pleins d’ombres. L’enfant pauvre et solitaire que j’étais y a découvert l’inconnu, une nourriture, un apaisement, une fenêtre ouverte. J’ai entretenu avec les livres le dialogue que je ne pouvais pas avoir avec ma famille. Avec Rimbaud, j’ai embrassé l’aube d’été tombant au bas du bois, j’ai cherché chez Milan Kundera des réponses au conflit entre la gravité et la légèreté, je me suis sentie l’étrangère de Camus sur la plage éclaboussée de soleil, j’ai étreint les mots de Bernanos la puissante simplicité de nos vies, j’ai vibré à l’effroi et à la délicatesse d’Emily Dickinson et sa solitude de l’espace… Encore aujourd’hui, ces livres me rassurent, ils sont sur mon étagère la présence vivante de ceux qui nous ont précédés et sont entrés dans l’éternité. D’autres ont été vieux avant moi, d’autres le seront après.
Comme Hermann Hesse, dont j’ai découvert L’éloge de la vieillesse. Ses phrases prennent le temps que plus personne n’a, incisent la petitesse du réel pour lui donner tout son sens, me remplissent de profondeur lumineuse et de paix. « Être vieux représente une tâche aussi belle et sacrée que celle d’être jeune ou de se familiariser avec la mort. Mourir constitue par ailleurs un acte aussi important que les autres. (…) Pour accomplir sa destinée d’homme âgé et remplir convenablement sa mission, il faut accepter la vieillesse et tout ce qu’elle implique, il faut acquiescer à tout cela. »
Une tâche, belle et sacrée.
Mourir, un acte.
Acquiescer. L’inverse de lutter. Ai-je jamais acquiescé à quelque chose tout au long de la vie ?
Hier, j’ai encore lu et relu ces phrases à la lueur de ma lampe. Elles ont diffusé en moi une douceur infinie et inattendue, pareille au ciel. Elles inversent les certitudes, ce qui nous fait souffrir, ce que l’on subit depuis notre naissance. Mourir peut être un choix, mourir doit être un choix, oui.
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Videos de Delphine Saubaber (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Delphine Saubaber
#Paroledécrivain Pour le deuxième épisode de cette saison de notre podcast Parole d'écrivain, nous retrouvons Delphine Saubaber à l'occasion de la sortie de son roman « La fille de la grêle ».
Comment compose-t-elle avec ses deux vies d'écriture : journalisme et fiction ? Quand a-t-elle commencé à écrire ? Pourquoi écrit-elle ?
Un podcast à retrouver sur toutes les plateformes d'écoute, n'hésitez pas à vous abonner pour ne manquer aucun épisode.
Bonne écoute !
#DelphineSaubaber #Filledelagrêle #JCLattès #podcast #écriture
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