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Critique de fanfanouche24


Un très forte hésitation à rajouter une einième note de lecture sur ce livre devenu livre-culte pour un nombre grandissant de lecteurs...hésitation démultipliée en parcourant avec attention les critiques des babéliens, toutes excellentes, sans parler de celle de Malaura... que j'aurais bien voulu rédiger !!!!...
Cette lecture me fut un "vrai coup de poing"...qu'il est nécessaire de relire, pour en capter toute la sève irradiante...

En fait , je n'ai pas envie de décrire pour la einième fois, l'intrigue et le sujet de ce récit, d'une intensité bouleversante. L'intensité de ces lignes tient au ton, au style des plus dépouillés, débarrassés de tout larmoiement, de toute fioriture. Une exigence morale, une haute idée de l'Amour qui ne peut accepter ni les compromissions ni les tiédeurs et encore moins être un prétexte pour échapper à la solitude de tout humain....

J'ai choisi , de cette auteure, ce passage qui dit le courage, la dignité, la lucidité,la volonté de vivre la tête haute, en dépit de la maladie, du chagrin d'amour foudroyant. L'expression absolue d'une très jeune femme indépendante, fière et ardente....jusqu'à son dernier souffle.

-Le passé veut mourir. Depuis de longs mois, sans savoir, je lutte pour qu'il ne meure pas. Je me suis raccrochée à lui, à vous...avec rage, avec tristesse, avec amour. J'ai voulu que tout continue immuable...et j'ai dit chaque jour: demain ce sera comme c'était autrefois. Ce "demain" n'est pas venu. (...) Je devrais être plus seule; j'ai le vertige d'un vide où mon coeur privé d'amour se sent défaillir à la pensée des jours creux qui vont venir. Vous êtes parti, mais je me retrouve et je suis moins seule que ces jours passés où je vous cherchais. Je me suis revenue, et avec moi, je vais lutter pour continuer. (p.82)

Revenons à la destinée de ce livre -

"trois éditions de "Commentaire" (titre d'origine) se succédèrent; la première en 1933, la seconde en 1934 précédée d'un avant-propos de Charles du Bos (A la Connaissance, chez René -Louis Doyon), la troisième sur l'initiative de Jacques Chardonne en 1936 (chez stock). le livre fut oublié dans la période d'après-guerre, où prévalut une littérature volontariste et construite. Mais assez vite il attira l'attention de lecteurs et surtout de lectrices attentives: Clara Malraux dans ses Mémoires (Le Bruit de nos pas, tome IV, p. 283) affirmait: "Commentaire" aurait dû être une date dans la littérature féminine. Premier livre écrit par une femme qui ne soit pas de soumission...Ah ! ce n'est pas elle qui, comme Colette, aurait trouvé normal d'accepter des caresses qu'elle n'appelait pas... Livre d'une tristesse sobre, écrit devant la mort et devant la faiblesse masculine qui se pare d'autorité; livre de dignité puisqu'on ne peut empêcher le départ, celui de l'autre, le sien. Tout cela avec une richesse un peu sèche. Admirable" (p. 120 / Postface- Visite de la Plaine à la Montagne par Jean Moton )

Et pour compléter le nom des admirateurs célèbres, voici les mots précieux de l'éditeur dans la préface " Ce livre, en bonne logique, aura donc connu l'épreuve du désert-mais ceux qui ont pratiqué le désert, justement, savent que c'est le lieu des plus hautes rencontres. Promis à toutes les fragilités, à toutes les solitudes et peut-être à l'oubli, il aura réussi malgré tout à croiser la route de quelques passants de premier rang: Valery, Claudel, Charles du Bos , René Crevel, Henri Focillon Clara Malraux... Tous ont clamé, sans être beaucoup entendu, leur admiration pour ces pages intraitables devant lesquelles ils ont rendu les armes." (p.15)
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